» Depuis le boutiquier aisé jusqu’au superbe patricien, depuis l’avocat jusqu’à l’ancien duc et pair, presque tous semblent vouloir conserver le privilège de mépriser l’humanité sous le nom de peuple.
Ils aiment mieux avoir des maîtres que de voir multiplier leurs égaux; servir, pour opprimer en sous-ordre, leur paraît une plus belle destinée que la liberté partagée avec leurs concitoyens.
Que leur importent et la dignité de l’homme, et la gloire de la patrie, et le bonheur des races futures ?
Que l’univers périsse ou que le genre humain soit malheureux pendant la durée des siècles, pourvu qu’il puissent être honorés sans vertus, illustres sans talents, et que chaque jour leurs richesses puissent croître avec leur corruption et avec la misère publique.
Allez prêcher le culte de la Liberté à ces spéculateurs avides, qui ne connaissent que les autels de Ploutos* !
Tout ce qui les intéresse, c’est de savoir en quelle proportion le système actuel de nos finances peut accroître, à chaque instant du jour, les intérêts de leurs capitaux. Le service même que la Révolution a rendu à leur cupidité ne peut les réconcilier avec elle. Il fallait qu’elle se bornât précisément à augmenter leur fortune. »
Maximilien Robespierre,
dans Robespierre de Jean Massin, Club Français du Livre,1956,p.109-110
* Ploutos (en grec) la richesse.Dérivé : ploutocratie = le pouvoir des riches.