À la longue liste de la fuite en avant réactionnaire et fascisante du pouvoir d’extrême-droite installé par l’Union Européenne à la faveur de la contre-révolution en Pologne, celui de la destruction de l’environnement, avec la mise en coupe réglée de la principale et plus ancienne forêt primaire d’Europe. Un joyau de la nature, un réservoir unique de biodiversité. Comment ne pas mettre en perspective ce qui se passe à Bialowieza et à l’inverse dans le seul pays reconnu comme pratiquant le développement durable par le WWF – Cuba socialiste – au lieu de couper les forêts, on les laisse pousser tout comme l’on donne la priorité à l’éducation, refusant l’exploitation de l’homme et de la nature.
Stop à la destruction programmée de la forêt de Bialowieza !
Par Jean-Marc Del Percio
Ainsi donc, ils ont osé. Le gouvernement polonais actuel dont on connaît la nature ultraréactionnaire, tant sur le plan social, économique, qu’en matière de politique intérieure, mais aussi étrangère. (immersion totale dans l’OTAN et déploiement en Pologne du « bouclier » antimissile américain, politique antirusse, très bonnes relations avec les pays baltes où paradent les nostalgiques de la Waffen-SS et avec le régime crypto-nazi de Kiev, tentative d’interdiction du PC polonais) a décidé il y a quelques semaines de lancer le programme de destruction méthodique de l’extraordinaire forêt de Bialowieza (125 000 ha) située le long de la frontière entre la Biélorussie et la Pologne. De l’abandonner aux appétits insatiables des capitalistes de la filière bois.
Ce bijou sur le plan écologique, est considéré par les spécialistes du monde entier comme étant la dernière relique de la forêt hercynienne, elle-même dernier vestige de la forêt préhistorique dans l’Antiquité. C’est la plus ancienne forêt primaire d’Europe (formée il y a 10 000 ans lors de la dernière période glaciaire).
La haute valeur de naturalité de ce massif de plaine, dont le degré de conservation sur une telle surface est unique en Europe, n’est plus à démontrer. Ce qui en fait un site unique de référence des scientifiques du monde entier. Bien évidemment, cette décision scandaleuse, aux retombées écologiques incalculables, a soulevé un tollé parmi les spécialistes et au-delà. En réponse à cela -fidèles à ses méthodes foncièrement anti-démocratiques dont les militants communistes polonais subissent très rudement les retombées- les autorités actuelles ont interdit la zone en question aux représentants des diverses institutions internationales de défense de l’environnement, mais aussi aux naturalistes du monde entier.
On ne sera guère étonné d’apprendre que ce site unique en Europe -répétons-le- bénéficiera en 1976, d’une première mesure de sanctuarisation efficace, du moins le croyait-on à l’époque. L’UNESCO le reconnaît en effet, comme réserve mondiale de biosphère. Elle sera suivie en 1979, d’une inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Or, ces deux dispositifs de protection seront instaurés sous l’égide des autorités communistes de l’époque, soucieuses de conférer à ce site unique, un statut d’envergure internationale. En fructueuse relation avec la République socialiste soviétique de Biélorussie d’alors.
Qu’on le veuille ou non, les mesures de destruction irréversible de la réserve de Bialowieza, prises récemment, ont certainement à voir avec la volonté inextinguible et rabique des dirigeants actuels, de forclore par tous les moyens, l’expérience socialiste que la Pologne aura connue durant plusieurs décennies. Comment expliquer autrement, la toute récente demande ubuesque du ministre de « l’Environnement » Jan Szyszko , de voir retirer de la liste de l’UNESCO, ce site unique en Europe ? Il s’agit-là d’une décision sans précédent qui laisse pantois et sans voix, les interlocuteurs officiels actuels des autorités polonaises en place. En somme, cette destruction programmée de longue date -même si les raisons avancées officiellement affirment le contraire- s’inscrit dans cette vaste et active campagne de décommunisation qui touche l’ensemble des symboles (rues et voies des villes polonaises, monuments rendant hommage aux soldats de l’Armée rouge, mais aussi mesures diverses ayant trait à l’environnement) hérités de la Pologne socialiste, dont les nostalgiques de Pilsudski à l’heure actuelle aux commandes à Varsovie, s’acharnent à faire disparaître toutes les traces.