L’aspect principal des européennes en France est l’abstention très majoritaire et en forte hausse de l’électorat en général et de l’électorat populaire en particulier. Loin d’avoir manqué à leur devoir citoyen comme le prétendait la média-culpabilisation, des millions d’électeurs ont, très civiquement et très intelligemment boycotté l’élection, comme l’ont fait d’ailleurs la grande majorité des autres habitants de l’UE.
Ainsi, malgré la censure qui a frappé les partisans de l’abstention citoyenne, malgré le harcèlement politique d’Etat dont les électeurs, y compris les jeunes des lycées publics, ont été la cible sur le thème de la pseudo-« citoyenneté européenne », la majorité des électeurs a fait la grève des urnes. De manière de plus en plus consciente, les Français, à l’avant-garde desquels se trouve la classe ouvrière, portent condamnation de la sacro-sainte « construction européenne ». Plus éveillés politiquement que la gauche et l’extrême-gauche établies, les électeurs ouvriers saisissent de mieux en mieux que l’UE n’est qu’une dictature capitaliste, destructive du progrès social, des nations, de la paix et de la démocratie. En particulier, les Français n’ont pas oublié la manière dont l’UMPS en France, puis le « parlement » européen, ont violé le Non souverain émis par notre peuple en mai 2005 en adoptant le traité de Lisbonne.
L’abstention-sanction à 60% signifie qu’un seuil politique est franchi : en France et en Europe, l’électorat populaire, a compris qu’il n’y a définitivement rien de bon à attendre de l’UE. Après le non de mai 2005 à l’euro-constitution, c’est la seconde rupture citoyenne et de classe majeure avec la « construction européenne » capitaliste et supranationale, qui est le vrai programme commun de l’UMP, du MODEM, du PS et des « Verts », Cohn-Bendit en tête. La fracture de classe s’aiguise dans le pays entre les « élites euro constructives » de tous bords, et la majorité du peuple et de la nation : c’est la donnée politique majeure sur laquelle une alternative progressiste doit faire fond à l’avenir.
Cette abstention massive est d’abord l’effet de l’expérience sociale cruelle subie par notre peuple depuis les traités de Rome et de Maastricht, avec leur cortège de casse sociale généralisée. Sans bien entendu revendiquer la paternité de cette abstention massive, le PRCF est fier, avec ses moyens modestes, d’avoir mené une campagne militante dynamique en direction des masses pour l’abstention citoyenne. Il a ainsi contribué à rendre vie à l’idée léniniste d’avant-garde populaire en lançant des mots d’ordre percutants, axés sur le retrait de la France de l’UE et pour une République sociale et souveraine en marche vers le socialisme.
Les résultats des partis établis, qui ont tous joué leur rôle de rabatteurs de l’UE, doivent être fortement relativisés car tous ceux qui ont cautionné l’élection supranationale sont visés par l’abstention-sanction.
Parti « majoritaire », l’UMP qui regroupait l’essentiel des droites, n’obtient que 12% des inscrits. Au demeurant, l’avenir du pays se jouera dans les luttes de l’automne, et non dans le consensus droite/PS/Verts du « parlement » non représentatif de Strasbourg.
Le PS est de plus en plus REJETE par la classe ouvrière qui ne lui pardonne pas d’avoir voté le traité de Lisbonne, de piloter la mondialisation capitaliste à travers Strauss-Kahn (FMI) et Lamy (OMC) et d’être un pilier de cette intégration européenne qui tue notre pays. Le PS est à la fois déserté par les ouvriers et par ses électeurs « bobos » que le pouvoir UMP fait tout pour rabattre vers le social-libéral Cohn-Bendit. Comme toute la social-démocratie européenne (le SPD allemand est en chute libre), le PS vit une crise potentiellement explosive. Cela peut être une chance pour le mouvement populaire si les vrais communistes s’unissent pour appeler à sortir la France de l’UE, dénoncer le capitalisme, refuser la criminalisation de l’histoire communiste et défendre la perspective révolutionnaire d’une société socialiste.
Cependant, une partie des classes moyennes, et c’est préoccupant, se détache du PS pour se tourner vers les ultra-européistes de Cohn-Bendit, dont la campagne a été peu discrètement dopée par les sarko-médias. Il faut démasquer ce personnage qui est aux avant-postes de la casse de la République et qui veut régionaliser tous nos services publics… Quant à Bayrou, il paie son double langage, tiraillé qu’il est entre le discours républicain de Bayrou et l’engagement notoirement atlantique et antinational du MODEM.
Enfin, les dirigeants de la « gauche de la gauche » peinent à « vendre » leur mensongère « réorientation sociale de l’UE », qu’il s’agisse du NPA, qui obtient un score médiocre, ou du PC « euro constructif » qui ne se sauve qu’en apparence, en se dissolvant dans le Front de gauche et en s’effaçant derrière Mélenchon. Celui-ci ne cache d’ailleurs pas sa volonté de construire une nouvelle social-démocratie « de gauche » sur les ruines du PCF, dont certains dirigeants ne demanderaient pas mieux. En réalité, dans les villes ouvrières l’abstention-sanction frappe aussi les euros réformistes du « Front de gauche » (à Calais, ville de l’ex-maire « communiste » et eurodéputé Jacky Hénin, seuls 28% des électeurs se sont déplacés !).
Le FN fait à nouveau des scores inquiétants, notamment dans les régions où l’industrie est cassée au nom du libre-échange européen. Certes, la politique xénophobe de l’UMP nourrit l’extrême droite, mais surtout, il est irresponsable que la gauche et de l’extrême gauche établies abandonnent le drapeau national au FN : il faut au contraire, comme le firent les Communards, Jaurès et le PCF de Sémard, Thorez, Duclos et Frachon, défendre à la fois l’indépendance nationale, le progrès social et la solidarité internationale : oui, il faut plus que jamais une issue socialiste à la crise inséparable du combat pour l’indépendance nationale.
Le PRCF, qui a lancé des appels unitaires à l’abstention avec d’autres communistes, mais aussi avec des républicains non communistes, propose aux communistes qui ont milité pour l’abstention et même à ceux qui ont voté pour le FG de lancer ensemble une campagne de masse contre l’UE du capital. Cela permettrait de catalyser dans l’action la renaissance du vrai PC indépendamment de l’appareil du PC, qui est pieds et poings lié au PS et au « parti de la gauche européenne »..
Le PRCF propose aussi aux républicains qui le souhaitent de débattre de la nécessité d’un Front Républicain pour l’Alternative populaire, patriotique et progressiste, qui passe là encore par l’appel à résister à Sarko-MEDEF et à l’UE du capital.