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C’est un acteur important de la pensée marxiste qui vient de nous quitter. Ancien rédacteur en chef de
La Nouvelle Critique et directeur de
La Pensée, il s’est imposé par l’étendue et la rigueur de son savoir comme l’interlocuteur incontournable des savants et chercheurs qui ont honoré ces deux prestigieuses revues. Historien de profession, il l’était aussi au sens du Marx de
L’Idéologie allemande, qui fait du caractère historique et transitoire de nos connaissances le terreau essentiel sur lequel peut fleurir l’ensemble des recherches. Une bonne entrée dans les travaux d’Antoine Casanova est sans doute
Les Outils et les Hommes, Transition, Révolution, remarquable méditation sur l’histoire et la technique, s’inscrivant dans les travaux de Charles Parain et André Leroi-Gourhan. Ou encore sa magistrale étude sur la pensée philosophique de Napoléon (
Napoléon et la pensée de son temps : une histoire singulière), ouvrage dont il mesurait lui-même que la rédaction mobilisait deux formations hélas trop souvent séparées hermétiquement : celle du philosophe et de l’historien. On retiendra aussi qu’il fut, à sa manière, un continuateur de la politique de main tendue initiée par Maurice Thorez envers les travailleurs chrétiens. Les travaux d’Antoine Casanova sur Vatican II font d’ailleurs époque.
Pour ceux qui ont eu l’immense privilège de travailler à ses côtés (dans mon cas à La Pensée de 2007 à 2014), Antoine Casanova dispensait, tout en organisant le travail, un véritable enseignement au quotidien. Dans une période trop souvent marquée par l’opportunisme, la démagogie, et le laisser-aller théorique, il aura imposé coûte que coûte un style de pensée. C’est tout à la fois à l’ami, au camarade, et au maître que nous pensons, ainsi qu’à sa fille Michèle et à sa petite-fille Alexandra à qui nous adressons nos plus affectueuses pensées.
Aymeric Monville, ancien rédacteur en chef adjoint de la revue La Pensée