Déclaration de la Commission luttes du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) 21 octobre 2017
Notre parole est hautement légitime pour parler de la tactique des luttes !
Membres de la commission luttes du PRCF, nous sommes tous des militants syndicaux ouvriers, employés, enseignants, retraités, étudiants… Tous, nous avons ardemment participé à toutes les luttes récentes ou moins récentes contre les contre-réformes dictées par l’UE et relayées par les gouvernements maastrichtiens successifs.
En 2016 comme en 2017, nous avons été de toutes les manifs contre les ordonnances scélérates et le budget de classe de Macron-MEDEF. Salariés du privé, petits et moyens fonctionnaires, étudiants, chômeurs ou pensionnés, travailleurs français ou immigrés, nous sommes et serons tous impactés par l’offensive thatchérienne conduite par Macron contre l’ensemble des acquis de la Libération, du Front populaire, et même contre certains acquis très antérieurs.
Citoyens responsables, militants franchement communistes et républicains, nous alertons depuis longtemps à propos de la « feuille de route » que met implacablement en œuvre le MEDEF au titre de son « manifeste », Besoin d’aire (déc. 2011), que résume la formule cynique d’un oligarque allemand : « pour faire l’Europe, il faut défaire la France », en ciblant notamment l’héritage des Lumières, de la Révolution française, du syndicalisme de classe, de la Résistance antifasciste et de Mai 1968.
Nos états-majors confédéraux font-ils le « choix de la défaite » ?
C’est pourquoi nous sommes totalement légitimes à dire notre indignation à propos de la manière dont ont été menées les luttes, à l’échelle confédérale, depuis la rentrée 2017 malgré la combativité des militants de base et la vitalité des cortèges départementaux des 12 et 21 septembre ou du 10 octobre. Nous ne parlons même pas de la direction jaune de la CFDT : cette organisation a déjà tellement trahi, elle a tellement brisé de grèves, qu’il n’est plus décent de chercher son alliance au nom de l’ « unité », car s’unir à des experts en félonie ne conduit qu’au déshonneur et à la défaite. Nous ne dirons rien non plus de l’attitude indécente de Mailly dont il est sain qu’il ait été désavoué par les instances de F.O. (un Mailly qui clame dans la presse aux ordres qu’il ne manifestera jamais avec des politiques mais qui ne se gêne pas pour cultiver les rendez-vous discrets avec Macron).
Bien plus alarmante hélas, au regard des grandes luttes (grèves, blocages…) contre la première loi Travail, est l’attitude de la direction CGT. Nous savons bien que la direction confédérale est traversée par la lutte entre syndicalistes sincères et ceux qui ont en 2005 essayé d’imposer le oui à la constitution européenne sous l’impulsion des Thibault et autres Le Duigou, sans même parler de leur créature Le Paon qui osait proclamer que l’entreprise était une communauté d’intérêts… Malheureusement, il faut observer que ces derniers semblent toujours tenir le haut du pavé et qu’ils impulsent toujours une même ligne, quels que soient par ailleurs les mérites du camarades Martinez.
Non seulement la direction confédérale n’a tiré aucune leçon des insuffisances des luttes PERDANTES antérieures (journées « saute-mouton » sans lendemain, abandon des luttes à l’émiettement, voire à la concurrence inter-corporative, aucun effort pour construire le tous ensemble et le blocage du profit capitaliste, aucune mise en cause de l’UE, qui orchestre pourtant les régressions à l’échelle continentale (casse des retraites, baisse du « coût » du travail, dérégulation du travail, baisse des dépenses publiques, blocage des salaires au nom du remboursement de la « dette » et de la sauvegarde de la funeste monnaie unique, destruction des ainsi-dits « monopoles publics » tels que la poste, la SNCF, EDF, etc. au profit de monopoles privés type « Engie », vente à la découpe de l’industrie française : Alstom, Arcelor, STX, etc.), inféodation de la confédération CGT à la C.E.S., qui boycotte nos luttes, et dédain de la confédé à l’égard de la FSM qui les soutient, subordination des luttes à la recherche d’un accord intersyndical avec les syndicats d’accompagnement tels que la CFDT, mais la direction confédérale n’a rien fait pour que les manifestations contre les ordonnances aillent crescendo et débouchent sur une grande manifestation nationale de combat à Paris, le plus près possible des centres de pouvoir, pour exiger le retrait des contre-réformes, fédérer les revendications sur l’emploi, les salaires, les pensions, les services publics, le logement social, la défense des diplômes nationaux, des statuts et des conventions collectives, le « produire en France », et appeler d’une voix, avec l’ensemble des militants syndicaux de lutte soutenus par l’ensemble des militants politiques du progrès social, à la grève générale interprofessionnelle et reconductible pour le retrait des ordonnances Macron. Pire, elle refuse d’entendre les nombreux appels des bases syndicales de terrain au tous ensemble en même temps…
Au lieu de cela, la direction confédérale de la CGT a repris la vieille antienne hypocrite, chère à feu André Bergeron et aujourd’hui à Mailly, opposant le syndicalisme à « la » politique : comme si toutes les grandes avancées de notre classe (début du siècle, 36, 45, 68…) n’avaient pas été arrachées à l’époque où le syndicalisme de classe CGT et les militants ouvriers de classe, alors principalement regroupés dans le PCF, portaient ensemble, chacun avec sa spécificité et son mode de validation démocratique propre, les revendications de l’ensemble de notre classe.
En reprenant ces propos, la direction CGT désavoue en réalité tout l’héritage de la grande CGT et se rallie à l’un des fondements de la scission de 1947 et de la création de FO avec le soutien de la CIA : construire une « syndicalisme indépendant », c’est-à-dire déconnecté des communistes et des aspirations populaires et directement connecté sur les intérêts capitalistes.
En réalité, l’indépendance syndicale, c’est d’abord par rapport au patronat, aux gouvernements successifs (auxquels sont en réalité inféodés bien des « syndicalistes »), à l’UE et à sa courroie de transmission « syndicale », la C.E.S., qu’il faut la reconquérir, et non en opposant les militants syndicaux, politiques et associatifs de la classe laborieuse qui, face au bloc agressif du MEDEF, de l’UE et du gouvernement, devraient unir leurs efforts sur tous les terrains pour ébranler le gouvernement de combat mis en place par Macron.
Dans cette occurrence, la direction fédérale de la FSU (sans parler de l’UNSA et du SGEN-CFDT, ces fourriers directs des contre-réformes) n’a pas été plus claire que celle de la CGT : ménageant d’illusoires discussions avec ce gouvernement de combat, freinant des 4 fers l’unité de combat avec la CGT et Solidaires qui est pourtant la règle observée dans la plupart des départements, la direction FSU n’alerte pas, en particulier, sur l’imminente contre-réforme du lycée et du bac qui vise notamment à détruire le bac national, premier diplôme universitaire, à le remplacer par un « contrôle continu » local et sans vraie valeur nationale, et de cette façon, à briser à la fois l’Education NATIONALE et les conventions salariales de branche qui sont basées sur les qualifications validées par l’Education nationale et par l’Université. Or, ne pas s’emparer offensivement de cette question, attendre on ne sait quel dialogue bidon, c’est freiner les convergences URGENTES entre les fonctionnaires, dont les enseignants forment la majorité, les salariés du privé et les lycéens et étudiants, qui sont les salariés de demain !
Pour une contre-offensive gagnante !
C’est pourquoi, après le reflux peu contestable du mouvement qu’a tristement marqué la « journée » du 19 octobre, nous versons démocratiquement au débat des militants politiques et syndicaux de notre classe, les propositions suivantes qui, bien entendu, sont à affiner et à transformer si nécessaire, sans exclure naturellement d’éventuelles contre-propositions :
- Contre l’ensemble des contre-réformes inspirées de Macron-MEDEF et de l’UE (marché du travail, statuts, diplômes, conventions collectives, salaires, libertés syndicales, logement social, salaires, pensions et indemnités chômage, produire en France, services publics, Sécu…), il est urgent de retravailler à la convergence des luttes pour monter au plus tôt vers une manifestation nationale de combat appelant au retrait des contre-réformes OU au blocage du profit capitaliste avec appel à la grève interprofessionnelle reconductible ;
- Finissons-en avec l’inepte discours sur « l’Europe sociale », dénonçons cette UE dont l’« économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (telle que la prescrivent tous les traités européens aggravés par le CETA, en attendant le retour du TAFTA…) est conçue par le grand capital pour mettre en place le moins-disant social, briser les souverainetés populaires et araser l’héritage national progressiste de chaque pays, langue et culture nationale incluses. Ce n’est pas dans et pour la « construction » européenne, mais contre elle et hors d’elle que se construira l’Europe des luttes pour le progrès social, la souveraineté des peuples et la coopération internationale. Dans ce cadre, il est impératif de dénoncer avec autant de virulence la Confédération Européenne des Syndicats, appendice de l’UE pour casser le syndicalisme de lutte et laisser les mains libres au grand patronat européen.
- Il faut en revenir au syndicalisme de classe et de masse, qui a apporté à notre peuple ses plus belles avancées ; en France, en Europe, dans le monde, il faut rompre avec le « syndicalisme » d’accompagnement, de « partenariat » social (en clair, de collaboration des classes) et de « dialogue social » (bidon !) dont la vraie mission est de travestir en « syndicalisme » le choix de la défaite et de la destruction !
- Œuvrons pour que tous les syndicalistes de combat de ce pays se rencontrent et se parlent sans attendre un quelconque feu vert de directions confédérales qui, sans consulter leurs bases, nous conduisent froidement de défaite en déroute. Que les bouches s’ouvrent dans nos syndicats, que les militants de différents secteurs dialoguent librement en bousculant les tabous !
Face à ce président mal élu (56% des Français, et proportionnellement bien plus encore de salariés, se sont abstenus au second tour des législatives !), alors que 70% des sondés se méfient des contre-réformes Macron, ne nous résignons pas à perdre et à perdre encore, jusqu’à ce que, le front social étant totalement enfoncé et trahi, le rouleau compresseur euro-thatchérien piloté par Macron ait institué en France la jungle sociale qui pourrit la vie des gens là où le néolibéralisme a déjà totalement triomphé. Rencontrons-nous, dialoguons, luttons : car construire le tous ensemble en même temps des syndicalistes de lutte est indispensable pour construire le tous ensemble en même temps vainqueurs des travailleurs de notre pays !
Lettre de la Fédération Nationale des Industries Chimiques-CGT à la confédération CGT
Chers Camarades,
La stratégie des luttes interprofessionnelles est nécessairement du ressort de la Confédération. Le combat contre les ordonnances Macron, bombe atomique contre les garanties collectives, nécessiterait une autre réponse que celle amenée par la stratégie de l’unité d’appareils confédéraux, qui montre son incapacité à mobiliser les salariés aussi largement que le commandent les enjeux. Cette stratégie amène nécessairement la dispersion des mobilisations entre les professions, cantonnant notre action CGT à limiter la casse là où le rapport de forces peut s’exprimer, en égrenant les dates dans un rythme bridé par l’intersyndicale dans laquelle certaines organisations freinent des quatre fers pour des raisons internes ou pas, dans le cadre d’un syndicalisme de lobbying européen qui nous fait déserter notre terrain historique de luttes.
Les Fédérations, les Unions Départementales pas plus que les syndicats ne sont comptables de cette stratégie. En tout état de cause, la FNIC-CGT considère qu’attendre une nouvelle « intersyndicale », c’est attendre l’arlésienne. Pour autant, il n’est pas question de laisser disparaître nos garanties sans combattre. Les syndicats du Pétrole sont prêts depuis juin dernier, à tenter d’élever un rapport de forces, mais n’entreront pas dans une grève par procuration, comme en 2016. Si, d’ici lundi 23 octobre, une large mobilisation interprofessionnelle est organisée, particulièrement par l’entrée en grève de secteurs structurants de l’économie, les pétroliers répondront présents avec force. Dans le cas contraire, c’est dans le cadre de nos professions que seront construites nos mobilisations, c’est le sens de la lettre ouverte que nous adressons ce jour au patronat du Pétrole.
C’est pourquoi nous réitérons notre proposition d’une assemblée générale des organisations CGT dans les plus brefs délais.
Très fraternellement,
Le Secrétariat Fédéral de la Fédération Nationale des Industries Chimiques-CGT