Comme si une bonne fée s’employait, magnanime, à faire coïncider
sa morale et ses intérêts, le prétendu monde libre revêt ses
ambitions matérielles des oripeaux de la justice et du droit. C’est ainsi
qu’il pratique le bombardement de pays étrangers à des fins « démocratiques
», mais de préférence dans les contrées riches en hydrocarbures
ou en ressources minières. Conjuguant la foi du charbonnier et la
rapacité du capitaliste, il agit comme s’il pouvait convertir sa puissance
économique en privilège moral. Le reste du monde n’est pas dupe, mais
finalement peu importe. « Le monde libre » a toujours raison car il est
du côté du Bien, et il ne risque pas la contradiction aussi longtemps qu’il
est le plus fort — c’est du moins ce qu’il croit. La barbarie congénitale
qu’il attribue aux autres est l’envers de son monopole autoproclamé de
la civilisation. Auréolé du sacro-saint « droit d’ingérence », ce mariage
réussi du sac de sable façon GI’s et du sac de riz façon Kouchner,
l’Occident vassalisé par Washington s’imagine sans doute qu’il sauve le
monde en le soumettant à l’impitoyable razzia exigée par les vautours
de la finance et les multinationales de l’armement.
Prix public 20 euros
Référence 978-2-37607-129-7