Interview de la scénariste polonaise Olga Lipi?ska Piotr Najsztub (revue Przekrój, 4.06.2009):
class= »contenuArticle » style= »text-align: justify; »>
class= »contenuArticle » style= »text-align: justify; »>« J’ai critiqué la Pologne socialiste et j’ai peut-être aidé à ce qu’elle soit la baraque la plus gaie dans le camp socialiste, mais je n’aime pas le capitalisme.
Nous avons passé les dernières vingt années à courir après l’argent. Le socialisme réel s’est effondré parce que tel était le voeux de Gorbatchev, pas à cause de l’Eglise.
Ces vingt années de liberté ne sont pas des années de liberté pour l’être humain moyen. Pour lui, c’était beaucoup mieux avec le socialisme, mais il n’ose pas le reconnaître et, quand il peut, il crache sur le socialisme, car c’est à la mode. Je ne suis pas du tout une fan de la Pologne socialiste, mais paradoxalement, cette liberté que vous fêtez monsieur le journaliste aujourd’hui à l’occasion de l’anniversaire du 4 juin 1989 (élections pluralistes), c’est la fin de la liberté pour le Polonais moyen. Il était alors libre du souci de devoir faire vivre sa famille, de la peur qu’on l’expulse de son logement, il était libre de la peur d’avoir à perdre son travail, de celle que la banque lui prenne tout ce qu’il a, il avait un sentiment de sécurité totale. Et cette absence de peur, c’est terminé. La peur est apparue, et, à cause de la peur, la fuite vers Dieu.
Je n’aime pas du tout ce régime actuel. J’ai travaillé dans le capitalisme à la télévision française et j’y ai même obtenu des succès réels. On m’a proposé de rester en France au poste de metteur en scène de programmes.
Je n’ai pas voulu. Je suis rentrée à la maison après un long séjour et j’ai dit à mon mari : « que c’est bien que nous n’ayons pas le capitalisme chez nous ». J’ai vu ce qui se passait là-bas, j’ai vu cette course effrénée, cette course de rats, de gens qui s’arrachaient les cheveux de désespoir et de peur de perdre leur emploi. Cela n’existait pas chez nous. Au contraire, nous avions du temps pour tout et « un manque d’êtres humains pour faire le travail ».
Dans les 21 revendications des grévistes de Gdansk de 1980, il n’était pas question de capitalisme, ils demandaient d’améliorer le visage du socialisme. Je pense que si les ouvriers des chantiers navals avaient su qu’aujourd’hui on les jetterait dehors, même ces revendications ils les auraient même déchirées. »