Le 26 novembre dernier, le KKE a organisé une réunion des partis communiste de la Méditerranée, du Moyen Orient et du Golfe, sur le thème » les partis communistes et ouvrier fermement au coté de la juste lutte du peuple palestinien, dans la lutte contre la guerre impérialiste et l’exploitation capitaliste. Cette réunion internationale régional s’est tenue au siège du Comité Central du KKE et a accueilli des participants venant d’Egypte, d’Algérie, de France, de Grèce, d’Espagne, d’Iran, d’Israël, d’Italie, de Chypre, du Liban, de Palestine, de Syrie et de Turquie.
CONTRIBUTION du POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE à l’occasion de la Rencontre d’Athènes réunissant les Partis Communiste de l’espace méditerranéen à l’initiative Parti Communiste de Grèce – ATHÈNES.
CHERS CAMARADES,
C’est une bonne idée que de réunir les PC de l’espace méditerranéen.
Pas seulement parce que la Méditerranée, lien naturel entre les peuples, est devenue du fait de l’impérialisme, américain mais aussi français, la mer de toutes les tempêtes, mais parce qu’il est bon de sortir de contester l’idée social-européiste que l’Europe, géographiquement et historiquement centrée sur des puissances impérialistes inféodées aux USA et à l’impérialisme allemand, serait le cadre « moderne » de la Révolution socialiste. Déjà Lénine avait compris en 1916 que « sous le régime capitaliste, les États-Unis d’Europe ne peuvent être que réactionnaires ou utopiques ». Une réalité condamne a priori l’erreur des trotskistes et des sociaux-démocrates qui se dérobent au devoir de défendre le droit des nations à disposer d’elles-mêmes en habillant leur renoncement d’une référence mensongère à « l’Europe sociale » ou, plus mensonger encore, à la « révolution européenne ».
Chers camarades, la rencontre d’Athènes se tient alors que la crise mondiale du capitalisme s’aggrave, que tous les éléments d’une nouvelle explosion de la bulle financière s’accumulent et que, conséquemment, les tendances lourdes du capitalisme-impérialisme à la fascisation, à l’irresponsabilité économique et écologique, à la mondialisation des guerres, s’alourdissent sous la conduite de l’inquiétant Donald Trump. Dans l’espace méditerranéen, cela se marque non seulement par le martyre du peuple libyen et de ses voisins tchadien et malien, non seulement au dépeçage du peuple grec par l’Europe de Merkel et de Macron, non seulement par les manigances explosives des impérialistes au Proche-Orient, mais, en France même, par une euro-dissolution planifiée et ravageuse des acquis sociaux, nationaux, démocratiques, voire culturels et linguistiques, du peuple travailleur de France.
Dans ces conditions, le PRCF centre son intervention sur trois questions, la question de nos responsabilités internationalistes accrues, celle de la dialectique léniniste entre part d’avant-garde et large rassemblement populaire, enfin la proposition du PRCF pour que renaisse un VRAI parti communiste de France, non sur le papier mais dans la réalité.
I – Sur le plan géopolitique,
il faut correctement identifier l’ennemi principal des peuples qui reste l’impérialisme et, spécialement pour nous qui vivons en Europe occidentale, l’impérialisme américain et ses deux principaux vassaux, le Japon néo-militariste de Shinzo Abé et l’Europe supranationale sous dominance allemande. Bien entendu il ne faut en rien idéaliser le pouvoir contre-révolutionnaire de Poutine, ni cacher les orientations thermidoriennes qui semblent prévaloir en Chine. Mais ce serait une faute lourde que de mettre sur le même plan, dans les conditions présentes, d’une part, la Trilatérale impérialiste et hégémoniste qui, autour de Trump, veut régler leur compte à Cuba Socialiste, à la RPDC, au Venezuela bolivarien, encercler totalement la Russie, refouler la Chine, tailler en pièces l’Iran et le Proche-Orient. Il n’est que de mesurer la dimension proprement exterministe de l’impérialisme yanqui qui affiche sa prétention à détruire atomiquement la Corée du Nord, qui nie le réchauffement climatique inséparable du tout-profit capitaliste, et qui s’efforce partout plus que jamais d’imposer sa pseudo-culture mercantile, sa langue unique mondiale et son insoutenable mode de vie violent et gaspilleur, et d’autre part, les pays que cet ensemble prédateur encercle et agresse, même quand ces pays sont dirigés par des nationalistes bourgeois aux visées potentiellement impérialistes.
Déjà en 1935, lors du 7ème et ultime congrès de l’Internationale communiste, Dimitrov invitait à ne pas plaquer mécaniquement sur la situation des années 30 le schéma de la 1ère guerre mondiale, ce qui eût conduit à banaliser l’agresseur nazi, à empêcher tout front populaire patriotique dans chaque pays et toute forme de coalition antifasciste à l’échelle mondiale au nom d’une critique abstraite de l’impérialisme « en général ».
Plus grave encore serait la position qui consisterait, sous prétexte que le PSU du Venezuela n’a rien d’un parti léniniste, de mettre ce pays agressé, et qui résiste magnifiquement, sur le même plan que l’impérialisme agresseur. Juste est la position des communistes vénézuéliens qui ont la finesse tactique, tout à la fois, de soutenir le processus bolivarien très menacé, et d’appeler la classe ouvrière à prendre la tête du mouvement populaire pour marcher vers la révolution socialiste. Et faut-il dire que nous restons entièrement solidaires de Cuba socialiste, engagée dans une délicate manœuvre politico-économique alors que la tenaille impérialiste et oligarchique tente de priver l’île du Che de ses ressources en devises et en matières premières.
II – Concernant les rapports entre parti de classe et rassemblement antimonopoliste,
entre visée socialiste et combat pour l’indépendance nationale, nous refusons d’opposer stérilement, et anti-dialectiquement, comme on peut le faire tantôt de droite tantôt de « gauche », la perspective stratégique de la révolution socialiste, donc de la dictature du prolétariat, et la construction d’un large Front antifasciste, anti-impérialiste, patriotique, progressiste, écologique. Même s’il y a eu et s’il y a aujourd’hui, à l’initiative des révisionnistes de droite, des déviations de la politique de front populaire conseillée par Dimitrov, comme il y a et y a eu symétriquement des déviations sectaires de la tactique dite « classe contre classe », il n’y a aucune opposition de principe, au contraire il y a continuité et élargissement entre l’assaut révolutionnaire d’Octobre 1917, qui fut largement préparé par les mots d’ordre bolcheviques largement rassembleurs sur la distribution des terres aux paysans et de « tout le pouvoir aux soviets » (initialement dominés par les mencheviks), et la ligne de principe adoptée en 1935 par le Congrès du Komintern. Les formes de ce rassemblement doivent évidemment fortement varier d’une époque et d’un pays à l’autre, mais le but est toujours, non d’éluder la révolution socialiste, mais de la rapprocher en fédérant contre l’ennemi principal, le capital monopoliste, la masse du peuple dirigée par la classe ouvrière ne perdant jamais de vue le socialisme.
III – En France par ex., la ligne du PRCF est à ce jour la seule à tenir les deux bouts de la stratégie révolutionnaire :
· D’une part, organiser fortement le Pôle, qui vient de réunir 400 personnes à Paris pour célébrer Octobre 17 en présence d’une trentaine de PC venus de cinq continents, et dont les responsabilités grandissent à l’égard de la reconstruction du Parti communiste de France, mais aussi fédérer dans l’action, puis dans une organisation commune totalement indépendante du PCF, les militants communistes aujourd’hui dispersés. Y compris ceux qui sont encore aujourd’hui prisonniers du PCF-PGE de plus en plus grossièrement anti-léniniste que dirige Pierre Laurent. Nous ne baisserons pas la barre concernant le contenu de classe du futur parti franchement communiste, son ancrage prolétarien prioritaire, ses références ML, son organisation démocratiquement centralisée, sa visée et son héritage révolutionnaire français et international.
· Et renforcer l’outil politique d’avant-garde ne se fait pas en chambre, en laboratoire, mais dans l’intervention communiste incessante pour qu’émerge une France Franchement Insoumise à l’Union européenne du capital, à l’euro, cette austérité perpétuelle faite monnaie, à l’OTAN. Non pas pour inventer on ne sait quelle « étape » ajournant le socialisme, mais tout au contraire pour créer les conditions d’un affrontement de classes et de masse entre le bloc populaire conduit par la classe ouvrière, et le bloc oligarchique qui tend à dissoudre notre pays dans l’Empire euro-atlantique du grand capital. Et cela ne nous conduit nullement à concilier avec le souverainisme de droite, incapable, comme on le voit avec Marine Le Pen, de proposer le FREXIT (même sur des bases réactionnaires !), ni à suivre passivement les directions syndicales euro-alignées, ni même à nous ranger derrière Jean-Luc Mélenchon et à sa formule inconséquente « l’Union européenne, on la change ou on la quitte », mais à proposer un FREXIT PROGRESSISTE, donc à ne pas cautionner l’élection supranationale de 2018, donc à proposer un programme de nationalisations démocratiques, d’indépendance nationale et de coopérations multi-continentales, méditerranéennes notamment, dont la mise en œuvre ne pourrait que susciter un intense affrontement de classes national, voire international, dont l’issue progressiste ne peut être que la révolution socialiste proprement dite.
Conclusion : camarades, il existe actuellement des divergences tactiques entre léninistes. Ne les durcissons pas, débattons fraternellement en gardant à l’esprit que l’ennemi principal dans le MCI est le révisionnisme de droite incarné par le PGE. Contre lui, contre la C.E.S. jaune, contre la social-eurocratie, il ne peut y avoir de compromis.
Pour terminer le PRCF lance un appel pressant à intensifier la solidarité rouge internationale avec les PC d’Ukraine, de Pologne et des autres pays de l’Est. Les laisser criminaliser plus avant, ce serait non seulement laisser menacer tout le MCI, mais ce serait faire le lit du fascisme qui prospère toujours sur le fumier de l’anticommunisme, de l’anti-marxisme et de l’anti-soviétisme.