L’Hôtel de Ville de Paris accueille « Le Che à Paris », une exposition organisée par l’association Pachamama (la «Terre Mère» des Incas), entre deux dates importantes : les 50 ans de la mort du Che le 9 octobre 1967 et les 90 ans de sa naissance le 14 juin 1928
CHE : Exposition « Le Che à Paris » réalisée par l’association Pachamama, un régal !
À Paris, au Louvre, Ernesto Che Guevara resta de longues minutes à contempler « La Nef des Fous » de Jérôme Bosch. Songeait-il, devant ce célébrissime tableau peint au moment où les conquistadors envahissaient l’Amérique du Sud, à son épopée sur le Granma « et la bande de fous furieux dont il faisait partie », ou pensait-il à son ancêtre « l’érudit Felipe Guevara qui, ayant passé sa jeunesse en Flandres, défendit le premier, dans ses « commentarios de la peintura » (vers 1560), Jérôme Bosch » ?
Ce que nous propose l’association Pachamama de Jean Cormier et Frédéric Brandon est exceptionnel. Dans cette exposition conçue comme un voyage poétique, où se côtoient l’original de la plus fameuse photo du Che par Korda, la « poderosa » (la vigoureuse), sa vieille Norton 500 datant de 1939 avec laquelle il traversa le continent sud-américain en compagnie de son ami de vie Granado, les malicieux dessins de Bridenne croquant les aventures des deux amis au cours de leur voyage (jubilatoires), la cruauté incommensurable des conquistadors sur les populations autochtones vue par le piquant Napo, les œuvres de différents artistes contemporains particulièrement inspirés par la « Nef des Fous », la pérégrination dans Paris du « Petit Condottiere » comme s’appelait lui-même le révolutionnaire argentin, ses lectures, ses passions, les deux « frangins », Jean et Frédéric, ont eu l’idée lumineuse de révéler au public l’aspiration profonde du Che à voir émerger « l’homme nouveau », « el polyfacetico » (le multifacettes) comme le surnommait Fidel, cet homme nouveau venu dans ce Paris qu’il aimait tellement qu’il avait répondu à sa mère en 1955 : « Visiter Paris est une nécessité biologique, un objectif auquel il m’est impossible de renoncer, me faudrait-il traverser l’Atlantique à la nage ».
Après les interventions de nos amis Jean Cormier et Frédéric Brandon, Juan Martin Guevara, le « petit » frère du Che prit la parole et de sa voix douce et convaincante, il nous dit « qu’être le frère du Che n’est pas anodin » et que s’il est son « frère de sang », il est aussi son « frère d’idées ». Et qu’il espérait que nous le soyons aussi. Juan Martin Guevara qui n’a été pendant longtemps que Juan Martin Guevara, puis est devenu le frère d’Ernesto Guevara, et ensuite, celui d’une légende, le Che, œuvre inlassablement pour que les valeurs du Che deviennent une source d’inspiration pour les plus jeunes.
Visible du 20 décembre 2017 au 17 février 2018, ne manquez surtout pas cette très belle et émouvante exposition à l’Hôtel de Ville de Paris. Entrée gratuite directement sur l’esplanade.
NB : Una Liutkus, grand ami de Cuba et l’un des meilleurs connaisseurs de ce pays, venu tout spécialement à Paris pour ce vernissage me glissa à l’oreille avec malice : « La Mairie de Paris, pour défendre les Jeux Olympiques, devrait mettre en exergue cet engagement sans appel que se promettait le jeune Ernesto dans son désir irrépressible de visiter Paris ». Vrai ! Il n’y a pas de meilleur slogan pour Paris, ville des Lumières. N’est-ce pas ?
Michel Taupin
Artistes exposants :
Peintres : Jacques Monory, Frédéric Brandon, B. Philippe, Lou Ros, Pascal Vilcollet, Gaël Davrinche, Sarah Jérôme, Sarah Miller, Michaël Peronard, Angel Ramirez, Paul Rebeyrolle, Antonio Ségui, Pat Andréa
Sculpteurs : Marc Ferroud, Béatrice Massa, Monica Mariniello, Quentin Garel
Dessinateurs : Antonio Mongielo dit Napo, Michel Bridenne
Photos Michel Taupin