Hommage à Louis de Broglie
Le grand physicien français Louis de Broglie est mort en décembre 1987 et le récent trentième anniversaire de sa mort est passé quasi inaperçu. Pourtant ce titulaire du Prix Nobel de physique fut, avec Einstein, Schrodinger et Planck, l’un des fondateurs de la mécanique ondulatoire, rebaptisée depuis mécanique quantique. Pour nous résumer, l’idée de génie de Louis de Broglie est d’avoir généralisé à tous les corpuscules matériels l’idée, déjà acquise depuis Einstein s’agissant des quanta de lumière (photons), que toute particule de matière est associée à une onde et vice-versa.
Il est vrai que Louis de Broglie a eu le tort impardonnable, après avoir d’abord rallié de mauvais gré l’interprétation orthodoxe de la physique quantique, dite de Copenhague parce que son chef de file mondial était alors le Danois Nils Bohr, de s’y opposer par la suite en présentant des objections subtiles et en formulant des pistes solides pour une interprétation alternative. Allant plus loin qu’Einstein, qui présentait des objections mais pas de théorie alternative, et se dissociant de Schrodinger, qui tentait antidialectiquement d’exclure l’approche corpusculaire (discontinuiste) au profit de l’approche ondulatoire de la matière, le grand dialecticien spontané qu’était LDB souhaitait combiner les deux approches, non pas et les additionnant de manière éclectique, mais en saisissant la particule comme un moment dialectique de l’onde. Et surtout, LDB refusait de renoncer à l’ambition de comprendre, de saisir les processus physiques dans leur causalité spatio-temporelle, de concevoir l’objet de la physique comme existant indépendamment de la subjectivité du savant. Ambitions consciemment réalistes et rationalistes, et objectivement dialectiques et matérialistes; car l’élimination des apories de l’interprétation de Copenhague, en particulier l’idée que dans cette conception le mot corpuscule perd tout sens clair et que l’ainsi dite complémentarité ondes/corpuscules devient irrepresentable, implique que l’on s’attache à concevoir physiquement et conceptuellement l’unité dialectique du continu et du discontinu matériellement existante. Dans cet esprit, LdB va tout à la fois dé-fétichiser les modélisations mathématiques de la physique quantique, accepter leur pleine validité statistique, inviter à ne pas pour autant renoncer à une recherche individualisée des trajectoires corpusculaires, et appeler à un développement non linéaire des modélisations mathématiques.
Ce positionnement non conformiste de LDB, mais aussi d’Albert Einstein, va valoir à ces deux géants de la science une véritable mise au placard malgré l’apparat trompeur des hommages officiels. Car sans trop s’en douter, les fondateurs de l’approche quantique, qui bien sûr ne connaissaient pas la dialectique engelsienne de la nature, affrontaient l’idéologie idéaliste et positiviste indispensable à l’idéologie dominante pour faire pièce au matérialisme surgissant au coeur de l’atomisme triomphant.
Bien entendu les pistes dessinées par LDB ne doivent pas être elles-mêmes soustraites à la critique théorico-expérimentale des physiciens et le voeu de LDB était seulement que ses hypothèses puissent concourir à la recherche du vrai à égalité de moyens avec celles des physiciens orthodoxes. Il revient aux scientifiques de dire si les modernes expériences d’Alain Aspect, qui semblent clore le débat sur les « variables cachées » et sur l’existence d’un niveau subquantique de la matière que les investigations menées sur le LHC n’ont pas révélé, ferment aux depens de LDB et d’Einstein le débat sur la signification de la physique quantique. Mais même si tel était le cas, l’exigence realiste-rationaliste de la science formulée par ces deux scientifiques des Lumières (c’est le cas de le dire) devrait seulement trouver d’autres modes de formulation. Nous avons consacré un article récent sur ces questions sur ce même site en montrant comment l’hypothèse de trous de ver quantiques (pour le dire en raccourci) peut permettre de rétablir l’exigence rationaliste de compréhension en confortant les liens ontologiques entre matière et espace-temps d’une part, physique, cosmologie et topologie d’autre part.
Quoi qu’il en soit, c’est le devoir convergent des physiciens actuels et des praticiens du matérialisme dialectique que de lire ou de relire LDB dont chaque page est remarquable de subtilité dialectique.
Georges Gastaud – philosophe
cf LDB, Un itinéraire scientifique, textes réunis et présentés par Georges Lochak, La Découverte, 1987.
purée !!! le niveau de vocabulaire dans un domaine déjà complexe, m’est totalement lointain, j’ai rien compris !
alors, qui sont les gentils et les méchants ici hihihi ?
de ce que j’ai pu en voir/comprendre sans approfondir, la physique quantique apporte une sorte de révolution de comment voir le monde, plus spirituelle/sage, d’attitude alternative au système capitaliste, je vois que beaucoup de gens s’y intéressant, devenaient anti système, végétariens, sortent de la forme habituelle de jugement-dualité-pensée binaire et d’autodestruction… Ce qui me paraît proche d’un communisme serein, efficace, loin de la sainte querelle ?
Merci de vos réponses.