Henri BARBUSSE et la Grande Révolution socialiste d’Octobre
par Pierre Pranchère (*)
En invoquant Henri Barbusse qui contribua en France dès 1916, avec son ouvrage « le Feu », récompensé par le prix Goncourt, à lever l’étendard de la révolte contre la guerre impérialiste, véritable boucherie, nous évoquons un homme qui rejoignit pleinement le combat des révolutionnaires russes qui réalisèrent, sous la conduite de Lénine, la Révolution socialiste d’Octobre si bien relatée par John Reed dans son livre Dix jours qui ébranlèrent le monde, préfacé ainsi par Lénine en 1919 :
« … je recommande du fond du cœur cette œuvre aux ouvriers de tous les pays…..car [elle] donne un tableau exact et extraordinairement vivant d’évènements qui ont une si grande importance pour comprendre ce qu’est la révolution prolétarienne, ce qu’est la dictature du prolétariat […] » [1]
Henri Barbusse, fondateur en 1917 de l’Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC), qui a fêté son centenaire en 2017, rendit hommage aux mutins russes, massacrés à la Courtine (Creuse) en septembre 1917. Il suivit avec une grande attention le processus révolutionnaire en Russie, le déroulé des évènements le détermina à publier, en octobre 1919, un article intitulé « Nous accusons » dans l’Humanité, journal du Parti socialiste, dénonçant la criminelle agression qui frappa la Révolution d’octobre. De 1918 à 1922, menée par 1,5 million de soldats de pays impérialistes qui armèrent les contre-révolutionnaires, cette agression causa 12 millions de pertes humaines et des pertes matérielles évaluées à plus de 50 milliards de roubles or.
En 1927, à l’occasion du 10ème anniversaire de la Révolution d’Octobre, eut lieu à Moscou un congrès international des amis de l’Union Soviétique. Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier y représentaient le Parti communiste français, membre de l’Internationale communiste depuis le congrès de Tours en 1920. C’est alors qu’Henri Barbusse et Clara Zetkin, une des fondatrices du Parti communiste allemand, proposèrent la création d’associations d’amitié avec l’URSS. Henri Barbusse fut le fondateur en France de l’Association des Amis de l’Union Soviétique (AUS) en janvier 1928 et la présida jusqu’à son décès en août 1935.
Par son attachement aux enseignements et aux acquis de la Révolution d’Octobre, Henri Barbusse défendit toute sa vie les idéaux de fraternité, d’internationalisme et d’égalité, que la montée du fascisme et du nazisme, associée à l’attentisme des Français et des Britanniques, mit gravement en péril dès les années 1930. En 1933, Barbusse participa à la création du comité Amsterdam-Pleyel de lutte contre la guerre et le fascisme, dont il fut le premier président, faisant ainsi le lien entre son combat pacifiste et la lutte contre le fascisme, deux piliers de son engagement communiste dans un véritable parti marxiste-léniniste, tel que nous devons le faire renaître aujourd’hui en France.
Cent ans après qu’Henri Barbusse a reçu le prix Goncourt pour son livre, la même académie a récompensé en 2017 l’écrivain Éric Vuillard (éditions Actes Sud), tandis que le prix Renaudot était remis à Olivier Guez (éditions Grasset). Le contenu des deux ouvrages n’aurait sûrement pas déplu à Henri Barbusse puisqu’ils traitent du nazisme d’hier et d’aujourd’hui. Éric Vuillard dans « l’Ordre du Jour » fait assister les lecteurs à la réception par Göring des 24 magnats de l’industrie et de la finance allemandes qui ont passé « à la caisse »[2] afin d’aider Hitler dès 1933. La photographie de Gustav Krupp orne la couverture du livre. Dans le récit se succèdent les conquêtes hitlériennes faciles, l’Anschluss, la célèbre conférence de Munich et la complicité des Daladier et Chamberlain. Puis ce rappel : Alfred Krupp, fils de Gustav, devint l’un des hommes les plus puissants du marché commun, le roi du charbon et de l’acier, le pilier de la « paix » européenne.
Olivier GUEZ pour sa part, dans la disparition de Joseph Mengele présente l’ignoble médecin nazi d’Auschwitz qui se livra à d’horribles expériences sur les déportés et qui grâce aux complicités et lâchetés, échappa à toutes les recherches à l’instar de tant de criminels nazis dont Lammerding qui fit pendre à Tulle, brûla et massacra la population d’Oradour-sur-Glane, puis vécut librement et mourut dans son lit à Dusseldorf.
Merci Messieurs Vuillard et Guez de parler vrai sur le nazisme, car Bertolt Brecht avait raison,
« le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».
(*) Pierre Pranchère : Franc-tireur et partisan 1943-1944, membre de l’ARAC 1946-2017, ancien député de Tulle et Européen, vice-président du Pôle de Renaissance Communiste en France (PRCF) et président de sa commission des Relations Internationales
[1] – Extraits de la préface du livre de John Reed par Lénine
[2] – page 23