« Quand l’extrême droite résistait, quand la gauche collaborait » … Sous ce titre alléchant et racoleur qui relève incontestablement de la généralisation abusive, la chaine publique France 5 a programmé à la fin de 2017 deux documentaires de 55 minutes entrecoupés d’images d’archives dans lesquels 3 historiens, Olivier Wievorka, Simon Epstein et Pascal Ory dressent le portrait de divers personnages dont les parcours politiques individuels avant 1939 , entre 1939 et 1945 et après-guerre peuvent apparaitre sinueux ou comme ils disent en abusant du qualificatif « complexes ».
Pourtant opportunistes, arrivistes, corrompus, retourneurs de vestes, sont des personnages assez classiques dans l’histoire universelle et la France, à l’occasion de la seconde guerre mondiale et de ses préparatifs en a nourri son lot, ces repositionnements, changements de camp étant favorisés par l’évolution globale d’un conflit où la classe française dirigeante est passée d’un pan européisme résolu ( et résolument anticommuniste) sous férule nazie lequel est, avec ou sans le Reich, loin d’avoir complètement disparu à un atlantisme pro capitaliste de soumission totale, politique, économique militaire et intellectuelle à l’hégémonie étasunienne.
Cette démarche historiographique n’est pas nouvelle. Les livres d’Olivier Wievorka consacrés à la résistance datent de plusieurs années et celui de Simon Epstein historien franco-israélien * Un paradoxe français : antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, date lui de 2008.
Cette nouvelle cuisson de travaux antérieurs vient donc illustrer le travail permanent de confusion idéologique entretenue caractéristique de l’envahissant discours macronien.
Annie Lacroix-Riz est certainement aujourd’hui l’historienne française qui, pour avoir pendant plusieurs décennies exploité les archives française, étasunienne, allemande et quelques autres, connait le mieux cette période de notre histoire et a publié une série de livres qui, rassemblés, constituent le portait le plus pénétrant et le mieux documenté de la classe dirigeante française de 1920 à 1950.
Elle commentera ces deux émissions dans les DOSSIERS DE COMAGUER MERCREDI 10 JANVIER DE 20H A 21H30 Sur RADIO GALERE
*** Simon Epstein est né à Paris en 1947. Il fonde le Comité de soutien aux Juifs d’URSS (CSJU) en 1970 et est élu secrétaire général du Mouvement sioniste de France (MSF) en 1972. Vivant en Israël depuis 1974, il est économiste à la Direction du budget au ministère des Finances à Jérusalem. Depuis le milieu des années 1980, il se consacre prioritairement à la recherche sur l’antisémitisme et sur l’histoire du peuple juif. Il enseigne à l’Université hébraïque. (Source : Institut universitaire Elie Wiesel)