Javier Ortega Serra, secrétaire international de la J-PCPE et Alejandro Navarro Fuentes, secrétaire politique de la J-PCPE ont accepté de répondre aux questions des jeunes communistes français des JRCF. La preuve des liens entre jeunes communistes de part et d’autre des Pyrénées. Une excellente nouvelle pour l’unité internationaliste du mouvement communiste international en Europe.
JRCF : Ces derniers mois, les nouvelles espagnoles ont fait le tour du monde à propos de la « Crise catalane ». Quelle est la situation aujourd’hui ? Comment les jeunes de différentes communautés autonomes ont-ils interprété de cet événement ?
La « crise catalane» est la crise du capitalisme espagnol à propos de la « question nationale », incapable de résoudre ce problème car il ne reconnaît pas le droit du peuple catalan de choisir son propre destin. Actuellement, la mobilisation populaire a diminué, les principaux dirigeants de l’indépendance restent en prison et la bourgeoisie nationale catalane ne trouve pas de sortie devant la répression exercée par l’État espagnol. Toutefois, l’apprentissage de la classe ouvrière et des secteurs populaires catalans revêtent une grande importance, ils ont montré par leurs capacités d‘organisation, qu’ils peuvent battre l’Etat capitaliste.
La position du PCPE et la J – PCPE à cet égard est claire, comme léninistes, nous reconnaissons le droit à l’autodétermination des peuples de l’État espagnol, avec tout ce que cela implique, y compris l’indépendance s’ils le décident. Néanmoins, nous sommes en désaccord avec les positions qui veulent faire croire à la classe ouvrière catalane que tous ses problèmes seront résolus avec l’indépendance (chômage, coupes dans les services publics, la perte des droits du travail,…). La bourgeoisie catalane et la bourgeoisie espagnole ont des objectifs communs : l’adhésion aux structures impérialistes de l’Union européenne et à l’OTAN, à l’Euro et l’exploitation de la classe ouvrière.
Le processus d’indépendance est dirigé par la bourgeoisie catalane, mais la classe ouvrière et les secteurs populaires catalans sont ceux qui ont été mobilisés autour de la lutte pour leurs droits nationaux.
La République socialiste de caractère confédéral est la proposition du PCPE et la J – PCPE pour lutter contre la bourgeoisie catalane et espagnole.
Les media du capitalisme espagnol ont mené une campagne très agressive contre la Catalogne, avec des mensonges et des farces pour manipuler la classe ouvrière de l’État espagnol. Sur ce terrain, le fascisme a trouvé son champ d’application. Le discours de « l’unité de l’Espagne » justifie toutes les répressions contre peuple catalan.
La J – PCPE a été dans toutes les mobilisations avec d’autres organisations pour défendre le droit à l’autodétermination du peuple catalan et lutter contre la répression de l’Etat capitaliste.
JRCF ; La jeunesse espagnole est l’une des plus durement touchées en Europe par le chômage. Des organisations comme la vôtre parviennent –elles à la mobiliser ? Comment agir dans les universités et le monde du travail avec les jeunes ?
Dans l’État espagnol, la situation des jeunes travailleurs est dramatique, avec près de la moitié des jeunes au chômage, soumise à la surexploitation et à la perte des droits des travailleurs, aux contrats poubelle et sans possibilité d’émancipation ni d’avoir un projet de vie.
L’instabilité dans le travail, le grand nombre de jeunes travailleurs au chômage et la trahison et la démobilisation des grands syndicats permet aux employeurs de continuer à nous exploiter sans avoir une réponse claire. Cette situation nous empêche de mobiliser un grand nombre de jeunes, qui bien qu’ils perdent des droits jour après jour, préfèrent garder le silence plutôt que se révolter. Malgré cela, ils sont davantage chaque jour à s’unir, à sympathiser et à partager notre projet révolutionnaire.
Dans le domaine syndical, notre proposition stratégique ce sont les Comités pour l’Unité Ouvrière (CUO), comme alternative de classe et révolutionnaire de surmonter le syndicalisme réformiste et lutter pour les droits de la classe ouvrière, quel que soit le syndicat auquel chaque travailleur est affilié.
Dans les universités et les collèges techniques[1], nous avons une plus grande expérience de l’intervention. En Espagne, les coûts de l’université publique ont augmenté au cours de ces dernières années de telle façon qu’une carrière peut atteindre un coût de plus de 3000 euros, coût qui ne peut être assumé par les familles ouvrières et populaires. Il y a de moins en moins de filles et fils de la classe ouvrière à l’Université. La plupart des jeunes vont vers des études de la Formation professionnelle, moins chères et permettant d’accéder plus vite au marché du travail. C’est vers les collèges techniques et les Formations professionnelles que nous sommes en train de diriger notre intervention, sans pour autant négliger l’Université.
JRCF Le PCE, lors de son XX Congrès, est-il revenu au concept de marxisme-léninisme ? Qu’en pense J-PCPE ?
Nous saluons que dans leur terminologie ils réutilisent le terme de marxisme-léninisme, mais nous voyons avec scepticisme qu’il en découle une quelconque conséquence dans leur activité politique. Depuis l’époque eurocommuniste le PCE a renoncé au marxisme-léninisme comme méthode d’analyse de la réalité socio-économique et comme axe des principes que les communistes nous défendons. Cette reprise du terme, n’implique pas un changement dans sa conception organique ni politique, mais la reconnaissance d’une certaine tradition, que jusqu’à présent ils avaient effacé de leurs principales thèses et documents, ce qui peut se comprendre plus comme du floklore que comme une ligne d’action. Les principaux documents découlant de ce Congrès démontrent que rien n’a changé en fait, et si sur des questions ponctuelles nous pouvons travailler dans les espaces ou structures de masse où nous pouvons tomber d‘accord, l’unité communiste sous le sigle historique du PCE n’est pas aujourd’hui plus proche, ni même à l’ordre du jour dans notre agenda. Le PCPE et sa jeunesse préconise aujourd’hui le renforcement de la classe ouvrière et des secteurs populaires et son unité dans un même front commun, le Front Ouvrier et Populaire pour le Socialisme, et ce sera là où nous devrons concentrer tous les efforts pour aspirer à une sortie révolutionnaire de la société capitaliste et l’établissement d’une République socialiste.
JRCF : Quels sont les objectifs de la J-PCPE pour l’année 2018?
Nos objectifs coïncident pleinement avec ceux du PCPE. Après une année difficile et une autre non moins difficile qui nous attend, les principaux objectifs passent par le renforcement de l’organisation de la jeunesse pour arriver dans le meilleur état possible à notre premier Congrès, où nous allons définir l’implantation définitive du modèle de la Jeunesse émanant de la 3ème Conférence de l’Organisation du PCPE et les principales lignes d’action dans les années à venir. Pour ce renforcement, il est nécessaire d’augmenter exponentiellement notre ouverture vers les masses, d’être capables de créer de véritables cadres de lutte qui, après leur passage par la Jeunesse puissent être considérés comme de vrais militants communistes. Ici joue un rôle fondamental le développement de la lutte des étudiants, entièrement orienté vers le FP et les media, l’augmentation exponentielle des jeunes femmes dans notre organisation, la lutte dans les quartiers ouvriers et la lutte contre le chômage des jeunes.
Tout cela ne sera pas possible si nous n’aspirons pas à définir quel modèle de militants nous devons avoir, si nous ne nous implantons pas sur tout le territoire de l’Etat espagnol et si nous n’augmentons pas la formation de nos militants, une formation théorique et pratique qui unie à notre activité de masse nous permette de devenir une référence parmi la jeunesse ouvrière et populaire.
Camarades, tous ces objectifs et toutes ces intentions sont accompagnés par le début de notre participation dans les relations internationales, qui, guidée par nos partis, permettra au Mouvement Communiste International de sortir du trou dans lequel il est et de revenir au front de la lutte pour l’émancipation de la classe ouvrière, et pour que les jeunes du monde aient l’avenir qu’ils méritent. Nous espérons que ces relations puissent être renforcées avec la JRCF autant que possible, et se traduisent par un jumelage qui mène à une activité politique commune d’aide et de croissance.
Une forte salutation révolutionnaire.
- Javier Ortega Serra, secrétaire international de la J-PCPE.
- Alejandro Navarro Fuentes, secrétaire politique de la J-PCPE.
http://jrcf.over-blog.org/2018/03/interview-de-deux-jeunes-cmarades-du-pcpe-par-les-jrcf.html