Le dirigeant communiste grec Nikos Beloyannis, »l’homme à l’œillet » Immortalisé par Picasso, est fusillé avec trois de ses camarades du KKE, Dimitri Batsis, Nikos Kaloumenos et Ilias Argyriadis à l’aube du 30 mars 1952.
Níkos Beloyánnis est né en 1915 dans le Péloponnèse. Il est issu d’une famille aisée et étudie le droit à Athènes mais en sera exclu en raison de son adhésion au KKE. En 1936 il s’implique et dirige le soulèvement paysan des producteurs de raisins sec. Lors de la grève générale à Thessalonique il évite la prison en effectuant son service militaire. Officier de réserve, il sera rétrogradé comme simple soldat quand le commandement apprendra son engagement politique. Emprisonné puis déporté pour son travail d’agitation dans l’armée il sera libéré et récidivera ce qui lui vaudra d’être arrêté en 1938 et incarcéré à Nafplio par le régime fasciste de Metaxas. Il est condamné à huit ans de détention. Il tombe donc entre les mains des Allemands après l’occupation nazie du pays (1941). Il s’évade au printemps 1943 et rejoint l’Armée Populaire de Libération Nationale (ELAS) branche armée de l ‘EAM (Front de Libération National) dans le Péloponnèse dont il est un des Kapétanios (dirigeants).
Il devient commissaire politique de l’Armée Démocratique pendant la guerre civile en mars 1946 quand il reprend la lutte armée. Il est un des derniers à quitter le pays en 1949 après la défaite des antifascistes.
En 1950 Níkos Beloyánnis retourne en Grèce afin de réorganiser le Parti communiste illégal. Il est arrêté et accusé de transmettre des informations à l’Union Soviétique.
Le procès, qui concerne 94 accusés, débute à Athènes . L’un des trois membres de la cour martiale est Georges Papadopoulos, qui devint plus tard le chef du « régime des Colonels » de 1967 à 1974.
Níkos Beloyánnis nie toutes les accusations et insiste sur le caractère patriotique de ses actions pendant la résistance anti-nazie (1941-1944), l’intervention britannique (1944-1946) et la guerre civile grecque (1946-1949). Il fait le procès de ses accusateurs, se défendant avec un courage et un panache qui impressionne le monde.
En dépit de l’immense campagne de solidarité, des appels nationaux et internationaux à la clémence, tels ceux de Chaplin, du Pape, JP Sartre ou de Gaulle ou le dessin de l’homme à l’œillet de Picasso, la cour martiale le condamne à mort. En 1952 un nouveau procès devant le tribunal permanent des armées pour haute trahison commence pour lui et 28 de ses camarades. Sa compagne (et co-accusée) lui a offert un œillet rouge qui devient un symbole. Le 1e mars 1952 huit condamnations à mort sont prononcées. Seules quatre demandes de grâce sont acceptées. Les quatre autres, dont Níkos Beloyánnis, sont exécutés le lundi 30 mars 1952 ; les autres condamnés voient leur peine commuée en prison à vie. Ils sont libérés au milieu des années 1960.
Morts pour leurs idées et leurs actions en faveur de l’émancipation patriotique et sociale du peuple grec et de la libération de toute l’humanité Nikos Beloyannis et ses camarades continuent à vivre dans le combat des communistes et du peuple de Grèce.