Chacun se souvient du scandale international provoqué par la note louangeuse cachant l’antisémitisme du fasciste Maurras rédigée par « l’historien » Olivier Dard sur commande de la ministre de la culture du régime Macron. Un historien qui baigne dans les cercles d’extrême- droite au coté notamment de l’Action Française avec qui il bat estrade. Nos confrères du Canard républicain viennent de publier un solide article démasquant cet historien, véritable militant de l’extrême-droite.
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Rudy Reichstadt, Olivier Dard et la Synarchie
Le 17 octobre 2012, s’inquiétant du « regain d’intérêt » autour du thème de la Synarchie notamment « depuis la publication du Choix de la défaite [1] d’Annie Lacroix-Riz », Rudy Reichstadt avait fait paraître sur son site Conspiracy Watch [2] un article concernant la réédition du livre d’Olivier Dard, La synarchie. Le mythe du complot permanent, qu’il avait également diffusé sur slate.fr treize jours plus tard sous le titre « La Synarchie, ce complot permanent qui n’existait pas » [3].
L’un des objectifs principaux de sa publication était de s’attaquer à cette historienne qui « ne fait pas mystère de son engagement militant », c’est-à-dire communiste et marxiste, qui m’avait accordé un interview sur la Synarchie en avril 2012 [4].
Rudy Reichstadt avait soigneusement évité d’évoquer le contenu du Pacte Synarchique, en particulier l’Organisation Synarchique du Monde [5], qui « existe bel et bien. Olivier Dard a pu le consulter [incroyable mais vrai…] et en reproduit des extraits à la fin de son ouvrage. »
Le 26 février dernier sur lemediatv.fr, dans l’entretien d’Annie Lacroix-Riz par Aude Lancelin à propos de la republication des auteurs fascistes [6], il a été question bien sûr d’Olivier Dard, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris-Sorbonne, qui n’a « pas écrit le mot “antisémitisme” » dans la notice que le ministère de la culture l’avait chargé de rédiger sur Charles Maurras « dans le grand livre officiel des commémorations » [7].
Et bien, un jour plus tard, sur le compte twitter du site Conspiracy Watch [8], il était écrit : « Annie Lacroix-Riz, historienne militante ayant réhabilité le mythe du “complot synarchique”, était l’invitée hier d’Aude Lancelin sur @LeMediaTV. Sur cette théorie du complot née dans les années 1940, voir : conspiracywatch.info/la-synarchie-le-mythe-du-complot-permanent-d-olivier-dard_a945.html »
L’une des missions du site de Rudy Reichstadt, rejoint en 2017 par Valérie Igounet [9], est de dénoncer le caractère xénophobe, antisémite ou négationniste de certaines « théories du complot ». Le 27 février – et jusqu’à aujourd’hui -, Rudy Reichstadt n’avait toujours pas écrit une ligne concernant l’affaire Dard – Maurras sur son site et les comptes twitter qu’il gère [10], mais par contre il n’hésitait pas une seule seconde à partager sur twitter son article consacré à l’ouvrage d’Olivier Dard relatif à la Synarchie.
Olivier Dard, est-il un historien non militant ?
Olivier Dard est très apprécié par l’Action Française. Par exemple, le 16 mai 2014, « à l’issue de la conférence […] dans les bureaux de l’Action française » autour de « son ouvrage consacré à Charles Maurras », il était possible d’obtenir une dédicace d’Olivier Dard [11].
Auparavant, dans le n°2879 correspondant à la période du 6 au 19 février de la même année, il avait « bien voulu accorder un entretien à l’AF 2000 pour le 80e anniversaire du 6 février 1934 » [12].
Son nom circule également du côté du Cercle algérianiste. L’une des deux récipiendaires du « Prix universitaire algérianiste » 2014 fut Laura Bourquin pour son mémoire de master 2 sous la direction d’Olivier Dard, « Les débuts du Cercle Algérianiste : récit de fondation d’une mise en mémoire associative au cœur du tournant communautaire Pied-Noir des années 1970 » [13]. Signalons au passage que fin octobre 2017, le Midi Libre avait évoqué la création du « gouvernement provisoire pied-noir en exil », « composé de 13 ministres, dirigé par Jacques Villard, cofondateur, en 1973, du Cercle algérianiste » [14]. Quelques jours plus tard, le 4 novembre 2017, Olivier Dard était présent au 41ème Congrès national du Cercle algérianiste à Hyères [15] en participant à une table ronde avec Guy Pervillé et Michel Renard [16].
Enfin, l’un des éléments les plus significatifs est sans doute arrivé samedi dernier, le 7 avril, avec le colloque annuel de l’Institut Iliade sur le thème « Fiers d’être Européens ». « Son organisateur, Jean-Yves Le Gallou » [17], avait déclaré le 6 avril qu’il était « plus proche […] d’un Danois de souche que d’un Français administratif qui n’est pas de culture ni de civilisation européenne » [18]. Celui-ci « est une des figures de l’extrême-droite. Il a démarré son parcours dans les années 1960 au sein des principaux cercles de réflexion qui ont structuré idéologiquement l’extrême-droite française : le Grece (Groupe de recherche et d’études pour la civilisation européenne) et le Club de l’Horloge, dont il est l’un des fondateurs. Il a milité au sein du Front national pendant une quinzaine d’années, puis au MNR de Bruno Mégret. Retiré de la politique depuis 2004, il a créé, en 2003, la fondation identitaire Polémia, qui œuvre dans le domaine de la “réinformation”, thème fétiche de l’extrême-droite. » [19] Lors de ce colloque, il a notamment déclaré que « L’assimilation des immigrés s’est avérée impossible. La réalité est celle de la communautarisation des minorités arabo-musulmanes et africaines. Les Européens à leur tour doivent se communautariser : économiquement, culturellement, géographiquement. » [20]
Un autre intervenant, Thibault Mercier, avocat [21] et membre fondateur de l’Institut Clisthène [22], a indiqué que « C’est une conception ethnoculturelle du peuple que nous opposons à une conception contractuelle. » [23], en rajoutant que « Les droits de l’homme sont devenus une religion d’État avec ses clercs, ses inquisiteurs et ses grenouilles de bénitier » [24].
Parmi les intervenants, citons aussi la présence de Bernard Lugan, très estimé par l’Action Française [30], sur le thème « Il faut refuser la repentance coloniale ! », accompagné, cerise sur le gâteau, par Olivier Dard sur le thème « La culpabilisation, une arme politique ».
Ainsi Olivier Dard fait du militantisme politique, M. Reichstadt… Nous attendons avec impatience votre réaction et vos recherches sur ces réseaux de l’extrême-droite française en tant que membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès [31] . Cette dernière doit avoir des ressources financières absolument considérables quand on regarde le montant des subventions données par les services du Premier ministre rien que sur la période 2007-2010 [32], et ne doit guère avoir de problème pour mener à bien ses recherches. L’ancien secrétaire général de cette fondation entre 1992 et 2017, l’européiste Gérard Collomb, en tant que ministre de l’Intérieur, ne vous sera d’aucune aide [33]. Et puis de toute façon, comme vous l’avez écrit avec un aplomb extraordinaire, « il est pourtant notoire qu’elles [les archives de police] regorgent de rumeurs et d’informations non vérifiées » [34].
Pour terminer, j’espère que les professeurs d’histoire-géographie de l’Éducation nationale qui auront lu cet article se poseront quelques questions en sachant que Rudy Reichstadt a eu l’honneur de faire l’introduction de la journée d’étude « Réagir face aux théories du complot » qui s’est déroulée le 9 février 2016, s’inscrivant « dans le cadre de l’Enseignement moral et civique et de l’éducation aux médias et à l’information, et dans la continuité de la mobilisation pour les valeurs de la République » [35].
REISHSTADT et CONSPIRACY WATCH sont des soutiens habiles de l’extreme droite. L’anticommunisme est un de leur moteur commun à tous par haine du progrès et de la République sociale.