Tout d’abord merci à toi d’avoir accepté de t’entretenir avec Initiative-Communiste, le mensuel du PRCF. Peux-tu te présenter rapidement ?
Je m’appelle Antoine, je suis étudiant à Rennes 2, en histoire. Je viens des Côtes-d’Armor, je ne suis pas encore adhérant au PRCF, mais ça ne devrait pas tarder.
Tu étudies donc à Rennes 2 et tu fais partie des étudiants qui s’insurgent contre la loi ORE, contre la sélection à l’Université. Pourquoi vous révolter contre ces projets de loi du gouvernement Macron ?
Il semble clair que cette loi s’inscrit dans un processus bien plus large. Celui de la rigueur budgétaire, de la privatisation et donc de la sélection sociale. Beaucoup d’étudiants à Rennes 2 et dans la France entière l’ont compris. Il a semblé très vite indispensable pour beaucoup d’entre nous de se regrouper pour organiser la résistance contre cette politique contre-révolutionnaire et antisociale. Nos points d’accords sont clairs, nous voulons plus de budgets pour l’université, nous voulons une université qui reste publique, qui soit plus ouverte aux travailleurs et aux enfants d’ouvriers.
Peux-tu nous expliquer comment votre lutte s’est organisée jusqu’ici ? Quels ont été les évènements importants pour le mouvement étudiant à Rennes ?
Jusque-là, notre lutte s’est organisée selon un schéma classique par l’intermédiaire d’assemblées générales. C’est surtout à partir de l’assemblée du 16 avril qu’un tournant s’est opéré avec une assemblée générale réunissant près de 5000 étudiants dont environ 60 pour cent ont voté pour le blocage de l’université. L’occupation, qui a duré plus d’un mois, fut l’un des événements importants pour le mouvement. D’une part parce que sa durée fut exceptionnellement longue. Mais aussi et surtout parce qu’elle fut l’occasion de rencontres entre étudiants qui ne se seraient sans doute jamais parlés en temps normal. Qu’ils soient en première année de licence, de master ou même doctorants, ça n’importait plus. Nous étions d’accord sur le fait que nous ne voulions pas de cette politique et cela a pu donner lieu à beaucoup de discussions qui allaient bien au-delà du sujet de l’éducation. Ce fut une période de rassemblement et de forte politisation.
Quel regard plus global portes-tu sur ce mouvement étudiant ?
Pour ce qu’il y a de positif, je dirais que je le trouve très solidaire et soudé. Mais le problème qui découle de ce point positif, c’est que le mouvement est sans doute un peu trop enclavé et ne se coordonne peut-être pas assez avec les travailleurs. Il n’y a pas de revendication de classe, qui pourrait permettre une réelle jonction des luttes. Il y a aussi certaines contradictions idéologiques dans le mouvement, notamment le fait de lutter avec des anarchistes qui ne veulent pas d’État contre la casse du service public (et donc le dépérissement de l’État) ou encore de lutter contre le libéralisme à outrance de l’UE, du MEDEF et de Macron tout en promouvant des idées libertaires. Après, le fait que nous soyons nombreux à être mobilisés est déjà une bonne chose.
Très récemment l’université a été évacuée et, par la suite, rebloquée le jour de passage des examens, annulant la tenue de ces derniers. Quelle suite faut-il donner selon toi au mouvement étudiant ?
Je pense qu’une fois nos revendications tenues en ce qui concerne les examens (10 pour tout le monde, améliorable par des devoirs maisons), le mouvement étudiant n’aura plus raison d’être puisque l’année scolaire sera terminée. En revanche, nous pouvons tous continuer à lutter aux côtés des syndicats même s’il est vrai que le travail saisonnier risque de faire diminuer la mobilisation.
http://jrcf.over-blog.org/2018/05/entretien-avec-un-camarade-en-lutte-de-rennes-2.html