Al Sadr et les communistes vainqueurs des élections de 2018 en Irak
Moqtada Al-Sadr, le dirigeant chiite, qui a scellé une alliance inédite avec les communistes au sein de la coalition « Sairoun », avec un programme axé sur la réforme de l’État, pour la justice sociale, contre la corruption et le confessionnalisme et pour le renouvellement politique, est arrivé en tête aux dernières élections.
Coiffé du turban noir des descendants du Prophète, défenseur d’un islam puritain et très impliqué dans l’action sociale, Al-Sadr a pu compter sur une base dévouée dans les quartiers chiites défavorisés de Bagdad et des provinces du sud du pays, qui voient en lui l’héritier naturel du courant « sadriste » depuis la mort de son père, le grand ayatollah Mohammed Sadiq Al-Sadr, assassiné sous Saddam Hussein en 1999.
L’invasion de l’ Irak par les États-Unis en 2003 l’avait propulsé à la tête de l’insurrection chiite contre la troupe américaine. Puis sa milice, l’Armée du Mahdi, avait pris une part majeure à la guerre civile contre les sunnites de 2006 à 2008. Son mouvement défendait des positions très réactionnaires et sectaires. Mais, avec l’expansion de l’OEI en 2014, Moqtada Al-Sadr a adopté une ligne politique anti-confessionnelle et patriotique. Lorsqu’ est né, à l’été 2015, un vaste mouvement populaire de contestation contre la corruption et pour la réforme de l’État, son courant et le Parti Communiste Irakien ont progressivement fait alliance.
C’est cette « Alliance des révolutionnaires réformistes » qui a gagné les dernières législatives.
Le parti communiste irakien.
La fin des années 1970 a vu le Parti Baath, mené par Saddam Hussein, tenter encore une fois d’écraser le Parti Communiste : en mai 1978, 31 membres et sympathisants étaient exécutés, accusés d’activisme politique dans l’armée.
Pendant la campagne systématique de répression et de terreur qui a suivi, des dizaines de milliers de communistes et de sympathisants ont été détenus, torturés et exécutés. Le PCI a été interdit et avoir la carte du Parti était passible de la peine capitale. Le Parti a continué le travail clandestin. Le PCI était impliqué activement dans les efforts pour unir les forces patriotiques dans une large alliance pour mettre fin à la guerre Irak-Iran et pour renverser la dictature.
Le parti s’est opposé fermement aux guerres d’agression criminelles et aventureuses de Saddam, y compris la guerre sanglante Irak-Iran (1980-1988) et l’invasion du Koweït (1990), qui ont servi les intérêts de l’impérialisme américain et de ses plans pour le Moyen-Orient.
Le PCI s’est opposé aux sanctions économiques sévères imposées par le Conseil de Sécurité de l’ONU à l’Irak après l’invasion du Koweït par Saddam. Il a appelé à la levée immédiate des sanctions pesant sur le peuple Irakien et à l’intensification de la lutte pour mettre fin à la dictature.
À sa 5ème Conférence Nationale, qui s’est tenue au Kurdistan Irakien en 1993, le PCI a adopté la politique de « La Démocratie et du renouveau » . Le PCI s’est opposé à la guerre américaine en Irak, tout en rejetant la dictature de Saddam et en s’efforçant de la renverser. Le mot d’ordre « Non à la guerre – Non à la dictature » a résumé la position du parti. Il a considéré que la voie juste menant à la construction d’un Irak fédéral unifié et démocratique était de renverser la dictature à travers l’unité des forces patriotiques dans une large alliance, basée sur un programme clair pour mobiliser le peuple, et jouissant d’un soutien et d’une solidarité internationaux légitimes.
Le PCI s’est opposé ouvertement et a rejeté les politiques bellicistes et hégémoniques des États-Unis. Il s’est opposé à la guerre, à l’invasion et l’occupation impérialistes renforçant ainsi la crédibilité du PCI auprès du peuple.
Dans la situation unique et extrêmement complexe qui s’est développée après la guerre, à la suite de la chute de Saddam Hussein, avec l’effondrement de l’État Irakien, le PCI a eu recours à la lutte politique comme forme principale de lutte contre l’occupation, pour recouvrer la souveraineté et l’indépendance du pays. C’est donc sur cette base que le PC Irakien a passé alliance avec Al-Sadr.
Maintenant les négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement sont en cours. Al-Sard a déclaré « que le nouveau gouvernement ne serait « pas sunnite, chiite, arabe, kurde, nationaliste ou sectaire, mais un vrai gouvernement irakien avec une véritable opposition [au parlement] ».
Reste à observer l’attitude de l’impérialisme étasunien et de l’ Iran dans un contexte proche-oriental extrêmement tendu du fait de la politique belliciste de la Maison-Blanche.
Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale du PRCF.