Dimanche 15 juillet 2018. 17h, Moscou. C’est la finale de la coupe du monde de football et l’équipe de France rencontre la sélection croate.
À cette occasion, www.initiative-communiste.fr vous propose un dossier spécial coupe du monde de football. Certes, pas selon les standards publicitaires du foot-business.
Au-delà du football, et alors que l’ensemble de la machine médiatique du régime appelle les Français à descendre sur les Champs-Élysées en cas de victoire de l’équipe de France, chacun peut observer que les critiques virulentes contre les manifestations syndicales ont ici été rangées, dans un « deux poids deux mesures » éclatant. Exit également les comptages « indépendants » et soi-disant objectifs par « occurence ». Pour la demi-finale ce sont donc 20 000 personnes qui étaient dénombrées par les médias place de l’hôtel de ville à Paris. Sur une surface d’après les photos de 3000 m². Soit 7 personnes par m². Et pour la fan zone du Trocadéro prévue pour la finale, c’est 90 000 personnes qui pourront tenir dans les moins de 100 000 m² du périmètre clos du champ de mars; soit une personne par m². On saura s’en souvenir pour décompter avec les mêmes méthodes le nombre de manifestants !
“Nous, nous ne voulons que du football”
C’est avec ce titre, en 1940, lors du dernier match de la coupe du Portugal, que des centaines de tracts ont été jetés d’un petit avion, qui répandaient le prosélytisme du nazisme en général et les accusations contre la Russie soviétique en particulier.
La politique et le sport sont en effet indissociablement liés contrairement à ce qu’affirme une vision naïve du sport.
L’une des facettes les plus visibles et les plus efficaces de cette inséparabilité apparaît, par exemple, dans les composantes symboliques assumées par ceux qui profitent du spectacle sportif comme vitrine de leurs idées et de leurs symboles. Le football est un plus grand exemple étant donné la fascination que ce jeu de grande beauté et d’imprévisibilité provoque chez les spectateurs. Hors du terrain, les allusions néo-nazies peuplent de nombreux jeux dans lesquels de nombreuses claques utilisent la scène sportive pour se montrer au monde dans toute leur obscénité fasciste. Sur le terrain et à travers ses acteurs principaux – les acteurs – nous avons aussi ici et là quelques événements significatifs que nous allons rapporter ici.
Mondial 2018 l’affaire Vida
La plus récente a eu lieu après le match Croatie-Russie du championnat du monde. Le joueur croate Vida a publiquement crié le slogan fasciste de sinistre résonance « Gloire à l’Ukraine ». De plus, l’attaquant croate Modric a déjà été surpris en train de faire le salut fasciste au public pendant cette Coupe du monde 2018. En raison des protestations de la fédération russe qui pour cela s’est appuyée sur le principe «la politique devrait être absente du football», ces situations ont fait l’objet de procédures disciplinaires de la FIFA, mais les joueurs n’ont pas été immédiatement punis parce qu’ils ont joué et gagné l’Angleterre en demi-finale.
En tant que Portugais, il faut évoquer un événement qui s’est produit dans un match international entre le Portugal et l’Espagne en 1938. Les joueurs des deux pays, avant le match, devaient effectuer le salut fasciste. Trois joueurs portugais, cependant, ont eu un comportement inattendu. Quaresma se tenait les bras le long du corps. Les deux autres, Amaro et Simões, ont étendu leur bras mais ont gardé leurs poings fermés. Ils ont été emmenés par la police politique de l’époque, le PVDE. Quaresma, a plaidé qu’il était distrait et a réussi à être libre. Moins heureux, les deux autres joueurs ont été emprisonnés pendant quinze jours et n’ont été relâchés que parce que leur club d’appartenance – Os Belenenses – comportait des figures influentes du régime. Cela démontre également, avec cet exemple, comment le sport est instrumentalisé par la politique, en l’occurrence une dictature fasciste. Et il est également démontré comment, même dans les situations les plus délicates et dangereuses, il y a ceux qui résistent.
H Santos pour www.initiative-communiste.fr
Image polémique publiée dans la revue Stadium du 2 février de 1938. Tout s’est passé quelques moments après le commencement du Portugal – Espagne de 30 janvier 1938, dans le champ des Salésias, avec trois joueurs portugais décidés a rompre avec le protocole fasciste. C’est notoire, les modifications ont été faites à propos des mains des deux joueurs pour paraître qu’ils ont fait le salut fasciste.
Tant qu’à faire de défiler sur les Champs-Élysées… Par Floréal, PRCF.
« On est en finale ! » et, l’on conçoit que notre peuple, qui a des raisons de douter de son avenir après les innombrables coups qu’il a encaissés depuis des décennies au nom de la « construction européenne », puisse s’en réjouir bruyamment. Paradoxalement, aurions-nous tant besoin de « faire la teuf » si la société telle qu’elle va ne rudoyait pas sans trêve celles et ceux dont Monseigneur Macron prétend arrogamment qu’ils « ne sont rien » ?
D’autant que d’un point de vue sportif, ils jouent plutôt bien, et plutôt collectivement les Tricolores (qu’on me permette de ne pas dire les Bleus : notre drapeau compte trois couleurs, le bleu est très connoté « droite » et « Union européenne » – souvenez-vous de la « vague bleue » sarkozyste ! – alors que le rouge, couleur du peuple ouvrier est très rarement, tiens donc, la couleur dominante du maillot national…) ; par ailleurs le jeune M’Bappé est très sympa, Griezmann est solide et régulier, Lloris, infranchissable…
Cela dit, il serait naïf de croire que le sport professionnel capitaliste est étranger à toute politique. Pour ne prendre qu’un seul exemple, l’équipe croate est truffée d’individus, disons pour être gentils, étranges, qui, bravant l’hôte russe, trouvent toutes les occasions pour crier « vive l’Ukraine ! » alors que ce pays est dirigé par un gouvernement belliciste, russophobe et… truffé de néonazis !
On peut aussi se souvenir qu’en 98, quand l’équipe de Jacquet avait remporté le trophée, la côte de Chirac était remontée de vingt points : cela ne déplairait pas à Macron, qui plonge dans les sondages en raison de sa politique de casse des statuts, du code du travail, du bac déchu de son rôle de premier grade universitaire, de sa taxation des retraités, de son rabotage des APL, de ses cadeaux fiscaux aux millionnaires rebaptisés « premier de cordée » (tant pis pour les « premiers de corvée » dont le SMIC est bloqué) ; sans parler des projets macroniens visant à liquider la Sécu, les retraites par répartition, les pensions de réversion et à traquer les chômeurs et autres « bénéficiaires » des minima sociaux, qui, aux dires de cet émule de Marie-Antoinette, « coûtent un pognon dingue »… Quant au « patriotisme » de ce président qui s’en va scander « allez les Bleus ! » (dès lors qu’ils se mettent à gagner…), mais qui ne rate pas une occasion de remplacer le français par l’anglais, qui, selon les circonstances, courtise Trump ou Merkel, qui privatise à tour de bras le patrimoine national et qui, en violation de la Constitution, veut remplacer la souveraineté du peuple français par une « souveraineté européenne » que les Français ont refusée quand ils ont massivement retoqué la constitution européenne.
Ce n’est donc pas Floréal qu’il faut agonir d’injures s’il annonce, sur la base de l’expérience, que l’actuelle « union sacrée » autour des « Bleus », donc, la marée humaine qui suivra comme un seul homme le président remontant les Champs-Elysées s’ils gagnent le Mondial, va certainement être exploitée par Macron pour accélérer ses attaques contre la fonction publique, rogner les prestations sociales et imposer sa très régressive « retraite à points » aux dépens des retraites par répartition créées en 46. Alors, faisons la fête aux Bleus, pourquoi pas, mais surtout, n’oublions pas, avec les Rouges, de « faire la fête à Macron » POUR DÉFENDRE LES BASES MÊMES DE NOTRE DIGNITÉ SOCIALE ET NATIONALE !
En conclusion, à quand une immense manifestation de combat sur les Champs-Élysées, comme l’avait en vain proposé Mélenchon en septembre dernier, pour combattre le « coup d’État social » exécuté par Macron sous la férule de l’UE ? Et ce que tant d’entre nous vont faire allègrement quand « la France » (en réalité, quand onze pros dont beaucoup ont quitté la France) remporte une coupe, c’est-à-dire veiller toute la nuit, défiler en rangs serrés, brandir des drapeaux, scander des slogans, nous ne pourrions pas aussi le faire TOUS ENSEMBLE pour défendre nos acquis gagnés au prix du sang, reconquérir notre indépendance, cesser d’humilier notre langue, en un mot, renouer avec cet esprit frondeur qui donna le vertige au monde entier aux temps pas si lointains où notre peuple prenait la Bastille, criait vive la Commune, libérait Paris à mains nues ou déclenchait, voici tout juste 50 ans, la plus grande grève de l’histoire mondiale ?