Avec nos jeunes camarades des JRCF, apprenez à décoder la « pensée » pas du tout complexe de Jupiter. Derrière la nov’langue et les échardes de la langue de bois macronienne, apparaissent bien vite les vieilles chaînes du vieux système capitaliste. Pas neuf du tout, le monde de Macron n’est rien d’autre que le ravalement de façade de la dictature de l’oligarchie capitaliste. Violente, injuste, totalitaire…
1. Le parti LaREM est basé sur une politique technocratique qui se veut accessible au plus grand nombre. Le technocratisme est un système où la politique prétend se fonder non sur des idées politiques mais sur une simple application de la technique. Il s’agit d’un idéalisme qui nie les conflits réels de la société au profit d’une réponse administrative et qui se fait passer pour réaliste car elle conforte la société telle qu’elle va, sans lui apporter de changement réellement significatif. De fait, cela se marie bien avec une sorte de conservatisme. Le versant pratique (militant) de cette idéologie c’est l’engagement associatif, sous les traits desquels veut se fondre ce parti politique, comme le démontrent sa com’ (vidéos YouTube), ses formations (le Campus), leur statut (ils se disent « mouvement citoyen ») ou encore son Cahier d’été de 2017. En effet, à l’instar du technocratisme, l’engagement exclusivement associatif privilégie un combat envers les conséquences plutôt que vers les causes considérant de manière « réaliste » que notre monde est tel qu’il est et qu’on ne peut y apporter que des améliorations (des réformes) mais pas un changement réel. Cela va avec une volonté d’effacer les clivages politiques, qui, dans les faits, profitent à la bourgeoisie. On remarquera que chez la base militante de LaREM, cette idée perd du poids.
2. Malgré l’affichage d’une volonté de faire participer le citoyen à la politique (ils se vantent dans leur statut d’être le seul mouvement en France où les adhérents seront représentés directement au sein de sa principale instance nationale), cependant dans les faits les adhérents ne peuvent guère participer à la vie politique dans leur propre parti, selon les témoignages de « marcheurs » dégoûtés par le vote des statuts et l’élection de Christophe Castaner à la tête du « mouvement ». Cela va de pair avec l’invocation du respect de la « démocratie » par MACRON, qui n’est qu’une farce, celui-ci ne respectant même pas les principes élémentaires de la démocratie bourgeoise en refusant de passer par le Parlement, où il a pourtant la majorité, pour préférer faire passer ses réformes par ordonnance. Bref, en niant la volonté de la Nation représentée par le Parlement et par les lois qu’il vote.
3. Le « nouveau monde » ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ancien. Aussi bien au niveau des idées que des magouilles. À titre d’exemples : le député Jean-Jacques Bridey, fervent macroniste, qui avait avant les présidentielles permis au fondateur des Jeunes avec MACRON d’être son collaborateur à temps partiel ; la candidate aux législatives Véronique Avril qui a acheté et loué des logements insalubres ; l’affaire Ferrand ; les étranges « cadeaux » durant la campagne présidentielle ; etc.
4. L’origine sociale des députés LaREM. En grande majorité, elle se compose de membres de la petite et grande bourgeoisie, on y trouve des avocats, des entrepreneurs, des patrons ou encore des médecins. Des membres de la « société civile », comme le dit la novlangue macronienne visant à nier le clivage de classes. On remarque d’emblée que si, désormais, la parité homme-femme semble un peu mieux respectée avec ces nouveaux arrivants, la parité sociale est totalement écartée, les nombreux prolétaires étant peu représentés à l’Assemblée nationale, en démontre le faible taux d’élus PCF et FI. À quoi servent ces députés ? Etant donné la faiblesse de leur travail en commission ou à l’Assemblée, ce ne sont que des députés godillots venant servir le prince dans tous ses désirs. Ainsi peu importe leur compétence réelle tant que ceux-ci servent servilement sa majesté. Qu’est-ce qui les différencie d’avec les anciens députés LR et PS ? L’appellation… Plus sérieusement, là où chez les anciens députés on trouvait des politiciens de carrière, tout aussi prêts à servir la bourgeoisie, mais qui savaient en quelque sorte se retenir pour continuer à pouvoir être élus à leur poste, tandis que nos nouveaux députés En Marche ne sont pas forcément des politiciens de carrière et ils ne pensent pas nécessairement à leur future carrière. Ambitieux qu’ils sont de profiter de ce passage en politique pour améliorer leur position dans la classe capitaliste. Ils iront donc plus loin que leurs prédécesseurs dans la casse du pays et des acquis sociaux. MACRON l’a bien compris et c’est pour ça qu’il les a sélectionnés. Ainsi quand il parlait des « fainéants », « cyniques » et « extrêmes », nous pouvons être tentés de croire que cela ne se destinait pas au peuple, mais cela n’est pas pour autant positif, le message étant in fine celui-ci : « là où mes prédécesseurs ont fait les choses à moitié pour garder des postes, moi j’irai jusqu’au bout ! »
5. LaREM est le parti le plus européiste de France. Cela est exprimé explicitement dans les statuts de l’organisation (« Un mouvement européen ») : « Nous l’affirmons haut et fort dans nos statuts qui prévoient un mécanisme d’affiliation et de coopération avec les partis européens partageant le même socle de valeurs et d’engagements. »). Il existe même une formation en ligne affligeante sur l’Union Européenne qui, même s’il faut lui reconnaître le mérite de ne pas nous avoir rabâché le bon vieux « chauvinisme » expliquant l’échec du référendum de 2005, ne reste qu’une œuvre d’embrigadement, niant certains faits du passé rappelant l’origine de classe de l’UE et en appelant ouvertement à un retour à la Communauté européenne de défense otanisée contre la Russie.
6. Parti de l’américanisation de la France. C’est assez visible pour se passer de longs discours, entre les discours de Jupiter 1er truffés d’anglais et les politiques ministérielles dénommées en anglais. De plus, sa politique sociale (et la com’ qui va avec) est clairement copiée des « démocrates » américains. En même temps, qu’attendre de plus d’un ancien Young Leaders ? L’idéologie de la Start-up et de la Sillicon valley (l’exploitation sous une autre forme), tout y est ! Cependant cela va difficilement avec le refus de l’américanisation de la France par le peuple, comme en témoigne l’échec cuisant des primaires françaises.
7. Au niveau international, il s’agit d’une politique pro-Otan, ni plus ni moins. Le président a beau « s’agiter » à l’ONU pour marquer sa présence, la France n’a pas de politique étrangère propre, elle ne fait que bafouiller celle dictée par les États-Unis. Ainsi quand LREM défend une CED rénovée, ce n’est pas pour faire concurrence à OTAN mais pour être une force supplémentaire. D’ailleurs, tout État de l’UE est obligé d’adhérer à OTAN. À partir de ce moment, LREM étant le parti le plus pro-européen, comment pourrait-il être contre OTAN ?
8. Parti de la décentralisation. C’est ce qui est clairement mis en avant avec le fameux Pacte girondin. Sauf que c’est une décentralisation ayant pour finalité la destruction de notre pays en permettant aux collectivités territoriales de déroger au droit national sur un certain nombre de sujets, créant un droit différent en fonction du territoire. C’est une violation du principe d’indivisibilité de la République et de l’égalité des citoyens devant la loi. Cette politique est menée dans le but de créer des eurorégions autonomes comme les Länder allemands morcelant les États et permettant une domination plus facile de l’oligarchie capitaliste.
9. En bons libéraux qui se respectent, il ressort des marcheurs et de leur chef une idéologie contractualiste, c’est-à-dire l’idée que tout passe par un échange de volontés entre deux contractants et la négociation. C’est un principe qu’il veut appliquer au travail et à l’école, en favorisant par exemple la convention d’entreprise sur la convention de branche ou le contrat sur la convention d’entreprise, même défavorable au salarié. Cela va à l’encontre de tout le mouvement du vingtième siècle qui a permis de reconnaître dans le contrat de travail une relation fondamentalement inégalitaire, justifiant ainsi la nécessité de protection pour le salarié. Il s’agit en réalité par ce principe de nier la reconnaissance des droits collectifs pour ne faire prévaloir en tout que le droit du plus fort, à savoir de la classe dominante, celle des milliardaires.
10. L’idéologie macroniste fait passer le changement permanent et la régression sociale pour une innovation et un progrès, alors qu’il s’agit juste de rendre les travailleurs plus malléables aux desiderata des capitalistes. Cela fait partie du changement de sens des mots par le capitalisme depuis un certain nombre d’années, mais qui atteint son apogée ici avec un parti se réclamant explicitement de la « start up nation », c’est-à-dire du monde managérial.
11. Enfin, pour finir, il nous faut constater que LaREM est en grande majorité un parti de « fans » de MACRON, et rien de plus, comme le remarquent certains militants déçus. Bref, rien de plus qu’un parti reposant exclusivement sur le culte de la personnalité et l’allégeance féodale, le chef y décidant de tout, les cadres de ce parti n’étant plus ici décisionnaires mais des féaux. Faut-il rappeler comment les candidats ont été désignés de façon discrétionnaire aux élections ?
Comment les combattre ?
12. Recréons un Parti communiste digne de ce nom, un vrai parti de classe, et organisons un large front populaire contre Macron, l’Union Européenne (son véritable maître), l’OTAN et contre le capitalisme. Nous ne cesserons jamais de dénoncer cette UE de malheur qui permet les délocalisations, la privatisation des services publics et l’appauvrissement généralisé.
13. Le combat est aussi celui de la reconquête de l’hégémonie culturelle. N’ayons pas peur de nous réapproprier la langue et les mots pour leur rendre leur sens de classe : patriotisme, internationalisme, réforme, progrès, écologie, etc. Dénonçons le globish permanent et demandons des lois pour sanctionner durement les contrevenants qui privilégient l’anglais (celui de Goldman Sachs, pas de Shakespeare) sur le français, y compris dans leurs documents intérieurs.
14. Aller partout là où la contestation à la politique de Macron se fait jour !
15. Mettre en avant les contradictions de Jupiter 1er et de son mouvement pour le faire chuter de son piédestal !
En guise de conclusion, et car c’est l’été, nous vous avons concocté un petit dictionnaire de la novlangue macronienne :
Novlangue macronienne | Signification |
Compétitivité | Nos entreprises doivent pouvoir plus facilement virer leurs salariés. |
Engagements | Seulement si cela reste du domaine associatif, du genre organiser un événement culturel ou parler avec une fleur entre les dents de la COP 21. |
Baronnies locales (dans les statuts) | Globalement, ceux qu’on dénonce mais qui viennent adhérer chez nous. Exemple : Gérard Collomb à Lyon |
Société civile | Toute personne n’étant pas un politicien professionnel. Ex : Bernard Arnault est un haut représentant de la société civile. |
Transition écologique | Terme qui sous-entendrait une sortie du capitalisme, mais qui dans les faits sert surtout à gober la gauche petite-bourgeoise. |
Progressiste | Libéralisme du 19ème siècle… |
Citoyen | Une personne qui ne comprend rien à la politique et qui vote pour nous. |
Parité | Hommes et femmes de la bourgeoisie ont droit d’exploiter les travailleurs. Hommes et femmes prolétaires ont droit d’en baver. |
Décentralisation | Déconstruire le pays au profit des seigneurs locaux. |
Union européenne | Un objet quasi-divin dont on ne saurait critiquer la nécessité. |
Éthique | Terme utilisable pour attirer la petite-bourgeoisie, mais on en fait fort peu de cas dans la réalité du pouvoir macronien. |
Responsabilité | Celle des pauvres. |
Privilège | Le peu qu’ont les pauvres. |