par Georges Gastaud, Secrétaire National du PRCF et Antoine Manessis, responsable de la commission des contacts unitaires
« Le Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste, débattons-en sans tabou ! ».
Comment construire ensemble une alternative populaire à Macron ?
Si insultant qu’il se montre à toute occasion à l’encontre des Français (« fainéants », « parasites », « extrêmes », « jaloux », « Gaulois réfractaires au changement », etc.), l’arrogant Macron est confronté à une contradiction insoluble :
– D’un côté, il ne peut qu’accélérer l’exécution de l’impitoyable feuille de route antisociale, antinationale (« saut fédéral européen ») et belliciste que lui dictent le MEDEF, l’UE et l’OTAN « en marche » vers les guerres antirusse, anti-syrienne et anti-iranienne. Macron a en effet reçu un mandat impératif des financiers hexagonaux et internationaux qui ont piloté sa campagne : sous peine d’être rejeté sans pitié par la caste euro-oligarchique, il doit disloquer, sans faiblir ni ralentir, ce qui subsiste de l’héritage social du Front populaire, du CNR et de la Révolution démocratique bourgeoise (souveraineté nationale, indivisibilité du territoire national et de la République, autonomie communale, séparation laïque de l’Etat et des Eglises…) ;
– De l’autre côté, la colère populaire monte en flèche et, un an après son élection « triomphale » (sic), Macron dévisse dans les sondages et devient archi-minoritaire dans la « France d’en bas ». En effet, même si elle hésite encore à s’engager dans les demi-luttes qu’impulsent si mollement les états-majors confédéraux, la majorité écrasante du peuple travailleur tient vitalement aux services publics, au produire en France, aux retraites et à la protection sociale ; elle ne supporte plus que l’on accroisse indécemment les privilèges fiscaux des millionnaires, que le gouvernement rampe devant Angela Merkel et Bruxelles, que le chef de l’exécutif confisque cyniquement l’Etat, la police et la gendarmerie, au profit d’une clique de parvenus et de barbouzes ambitieux et violents. Notre peuple constate en outre que, comme il fallait s’y attendre, l’acharnement à enrichir les plus riches et à appauvrir tous les autres, détruit la « demande » et alimente le chômage. Qui plus est, une partie de la « gauche » et des couches salariées supérieures qui avaient soutenu Macron est légitimement troublée par la défection de Nicolas Hulot, qui vient de faire le lucide constat public qu’il est impossible de concilier souci environnemental, critères de Maastricht et néolibéralisme économique…
Pourtant, ce mécontentement profond des couches laborieuses et d’une partie des couches moyennes ne se traduira pas en mouvement de masse balayant les euro-casseurs si une alternative politique franchement progressiste, écologiste, populaire patriotique et internationaliste ne se dessine pas rapidement. Contrairement à ce que prétendaient en chœur J.-C. Mailly (F.O.) et Ph. Martinez (confédération CGT) à l’automne dernier, aucune avancée syndicale ne s’est jamais produite en France sans que le mouvement populaire n’ait pu prendre appui sur un fort relais politique progressiste, que ce soient les luttes socialistes et laïques du début du XXème siècle, le Front populaire de 1936, les grandes avancées communistes de 1945-47 ou le retour en force du PCF au Parlement en 1967 (22,7% des voix, première force à gauche !), à l’orée de ce qui fut la plus grande grève ouvrière de l’histoire.
Or, comme le montrent plusieurs études du politiste Jérôme Sainte-Marie (cf ci-dessous), le risque existe à l’heure actuelle que cette alternative à Macron ne soit pas portée par la gauche populaire mais, à terme, par L. Wauquiez, voire par Marine Le Pen, voire par ces deux personnages associés s’ils parviennent à converger sur fond de xénophobie et d’anti-syndicalisme primaire. Sans oublier que le destructif Macron peut se succéder à lui-même le jour venu s’il continue d’obtenir le soutien de la droite dure sur le front social (c’est ce que J. Sainte-Marie appelle le « contrat de chantier » de Macron, un contrat sur lequel il a reçu le total appui de Pécresse, de Juppé et, bien entendu, du MEDEF), s’il persiste à courtiser la hiérarchie ecclésiastique et si l’opposition progressiste s’entête à éluder la question européenne et à ménager l’UE, que rejettent de plus en plus, expérience faite de sa nocivité, les couches laborieuses de notre sous-continent.
Or, la tentation de ménager l’Europe supranationale et d’éluder tout questionnement sur le Frexit progressiste hante manifestement certains secteurs alter-européistes de la F.I. qui, à l’occasion des élections européennes, dont le seul but est de donner un semblant de légitimité populaire à la destructive UE supranationale, voudraient privilégier le « référendum anti-Macron » plutôt que la dé-légitimation populaire urgente de l’UE supranationale (dont Macron n’est qu’un « petit copiste ») et marginaliser l’idée de rupture progressiste avec l’UE. Et ce faisant ouvrir largement la porte aux secteurs européistes de la gauche parlementaire discréditée (PS « hamonien », EELV, PCF-PGE…). Un tel ciblage, qui se croit habile parce qu’il tente de recentrer la gauche traditionnelle autour de la France insoumise et qu’il s’imagine ainsi rallier les couches moyennes supérieures (très en retard sur la classe ouvrière qui s’est depuis longtemps déprise de la religion européenne !) ne peut pas conduire à une victoire des forces progressistes.
En effet, les couches populaires qui peuvent seules porter la gauche progressiste au pouvoir, ont compris depuis longtemps que la « construction » européenne est leur ennemie jurée, comme elle est l’ennemi jurée de notre souveraineté nationale. Par conséquent, tout pas qui éloigne la F.I. d’un débat franc et approfondi sur la nécessité du Frexit progressiste, donc de la classe ouvrière (c’est-à-dire de dizaines de millions d’ouvriers, d’employés, de techniciens, de « précaires », de chômeurs et de retraités…), éloigne la gauche progressiste et patriotique de la classe laborieuse et rabat vers les états-majors de la vieille gauche euro-établie et socialo-dépendante qui, grassement subventionnés par le PSE, par le PGE ou par la Confédération européenne des syndicats, aspirent à une « union de la gauche » à vide, à un « antilibéralisme » flasque et sans contenu euro-critique franc, pour remettre la main sur la représentation progressiste dans notre pays… et donner à Macron le temps de « défaire la France pour faire l’Europe », comme le dit Jean-Luc Mélenchon ; ce qui signifie, en termes de classes, rendre irréversible le démontage social de notre pays en le plaçant sous la supervision institutionnelle, et à terme, militaire, de l’Europe germano-atlantique. Sont particulièrement nocifs à cet égard, non seulement le PS plus euro-centré que jamais (l’eurocrate patenté Moscovici tête de liste aux européennes ?), non seulement le pseudopode « socialiste » Génération-S (plus favorable que lui à l’ingérence impérialiste en Syrie et à l’actuelle augmentation massive des budgets de l’OTAN, « tu meurs » !), non seulement EELV – où l’eurobéat Cohn-Bendit vocière à longueur d’antennes -, mais même, hélas, la direction du PCF-PGE qui, à l’unisson de sa « section économique », est aujourd’hui le principal rempart de la désastreuse monnaie unique européenne (et de son impossible « réorientation progressiste » de l’euro et de l’UE, mâtinée de « socle social européen », de « service public européen » et autres leurres pour syndicats assagis), au point d’appeler, par le biais de sa tête de liste Ian Brossat, à ne pas écouter « ceux qui vous disent qu’il faut quitter l’Union européenne » car « l’Union européenne, qu’on le veuille ou non, elle est là et elle nous appartient à nous les peuples » (sic !).
Comme le montrent les analyses de Jérôme Sainte-Marie et, tout bonnement, la mécanique politique élémentaire (il faut bien que le flux du mécontentement jaillisse quelque part. Et s’il ne part pas sur la gauche populaire et patriotique, où diable l’entraînera sa ligne de plus grande pente ?), ces hésitations ne peuvent que faire le jeu du mouvement lepéniste – le « géant endormi de la politique française » prévient avec raison M. Sainte-Marie -, ou celui de Laurent Wauquiez, dont la puante surenchère cléricale, xénophobe, sécuritaire, liberticide et antisyndicale, tente même de prendre de droite le « rassemblement national ». C’est pourquoi les positions boboïsantes de la gauche « alter » (altermondialiste, alter-européiste, alter-capitaliste, « keynésienne », voire alter-impérialiste…), qui se parent sans cesse des nobles titres d’antiraciste et d’antifasciste, ne sont en réalité qu’un tremplin pour le triomphe futur – encore évitable ! – de la droite ultra et autres émules français du néo-mussolinien Salvini, du néo-franquiste Rajoy ou des ministres néonazis autrichiens.
C’est dans cet esprit de responsabilité envers le monde du travail, le peuple français et les idéaux progressistes, c’est pour que monte l’exigence d’une France Franchement Insoumise (FFI !) à l’UE du capital, à l’OTAN et à Macron-MEDEF, que le PRCF propose à toutes celles et à tous ceux qui voudront dialoguer sans sectarisme, membres du PCF qu’inquiètent les dérives social-européistes de leur direction, Insoumis prenant au sérieux la référence à l’« indépendantisme français », syndicalistes désireux de construire le tous ensemble, progressistes, antifascistes et patriotes républicains de toutes sensibilités, sans ménager l’UE et la CES, de participer à une série de débats pluralistes et fraternels dans un maximum de chefs-lieux régionaux et départementaux de France sur le thème :
« … le Frexit progressiste, antifasciste et internationaliste, débattons-en sans tabou ! ».
Ensemble, sans ménager une seconde Macron-MEDEF et sa politique lourdement antidémocratique et illégitime, brisons la tenaille politique qui s’emploie à broyer notre peuple, et d’autres peuples d’Europe, entre national-européistes fascisants et pseudo-internationalistes patronaux et néolibéraux ! Ensemble, avec les progressistes non membres du PRCF qui le souhaiterons, organisons un Tour de France du Frexit progressiste !
La Commission exécutive du PRCF
Injustice et défaut de résultats : le mélange détonnant de la politique Macron
interview de Jérome Sainte Marie par Marianne.
Interview Mariane jérome sainte marie septembre 2018