Les communistes n’oublient certes pas les aspects positifs de la diplomatie indépendante menée sous la présidence de Charles De Gaulle (une politique qu’avait alors saluée Waldeck Rochet au nom du PCF). Ils l’oublient d’autant moins que depuis 1969 au moins, cette politique non-alignée sur les USA a été amoindrie puis liquidée par les présidents pseudo-gaullistes (Pompidou, Chirac), « libéraux » (Giscard, Sarkozy, Macron) ou « socialistes » (Mitterrand, Hollande) euro-alignés et atlantico-dépendants qui ont succédé au Général.
De la Ve République, régime pseudo républicain…
Tout cela n’empêche pas les vrais républicains de porter un regard très sévère sur le régime pseudo-républicain, fût-ce au sens purement formel et bourgeois, qui a nom Cinquième « République ». Institué à la suite du premier putsch militaire d’Alger qui, le 13 février 1958, renversa la 4ème République avec la caution de Guy Mollet (PS-SFIO), porta De Gaulle au pouvoir par l’insurrection d’une partie de l’armée et par le chantage à la violence. Cela permit la mise en place d’un régime hyper-autoritaire et étroitement lié aux monopoles capitalistes qui rêvaient de pouvoir s’appuyer sur un pouvoir fort : car jusqu’en mai 58, le PCF – qui se réclamait du marxisme-léninisme et qu’auréolait les combats de la Résistance, était le premier parti de France et qu’il dépassait régulièrement les 25% des suffrages… Le nouveau régime strangula donc les libertés publiques et employa même Papon, un haut fonctionnaire vichyste traqueur de juifs, pour matraquer les militants communistes dont huit furent massacrés par la police au Métro Charonne le 8 février 1962, comme avaient été massacrés les Algériens qui manifestaient pacifiquement à Paris le 17 octobre 1961.
Mettant fin non sans réalisme politique aux formes obsolètes, vomies par les peuples indochinois et africains, du colonialisme français en perdition, la Cinquième République institua un néocolonialisme non moins sanglant pour les peuples sous la forme de la « Françafrique ». Elle réprima durement la classe ouvrière, dont les salaires étaient proprement misérables jusqu’à l’explosion salutaire de Mai 68 et à la grande grève ouvrière qui défila aux cris de « dix ans, ça suffit ! » et de « gouvernement populaire ! ».
.. à l’euro dissolution de la République
Le régime institué en 1958 est d’autant plus condamnable que depuis la fin de la période gaullienne, la dimension patriotique-bourgeoise que comportait pour une part le projet gaulliste des années 58/68 (une époque où le capital monopoliste achevait de se concentrer à l’échelle hexagonale et où l’État gaulliste aidait puissamment aux fusions monopolistes) s’est totalement éclipsée derrière le projet grossièrement antinational que soutiennent depuis longtemps le MEDEF et le CAC 40. Car désormais, le grand patronat étouffe dans les frontières de notre pays ; pour mondialiser ses profits et se « placer » à l’échelle mondiale, l’oligarchie fait bloc derrière le manifeste du MEDEF intitulé « Besoin d’aire (2011). Il s’agit de rien moins que de dissoudre la République française, fût-elle bourgeoise, dans les « États-Unis d’Europe » membres de l’OTAN et de l’Union transatlantique, l’enjeu de classe étant d’araser les conquêtes démocratiques et sociales arrachées par notre peuple de la Révolution jacobine de 1789/94 à mai 68 en passant par la loi laïque de 1905, par les conquis du Front populaire et par les grandes avancées portées par les ministres communistes de 1945/47 (d’abord sous la présidence de De Gaulle, puis sans lui et contre lui, notamment pour ce qui est de la Sécurité sociale).
Dans le cadre de cette marche à l’euro-dissolution de la République française, la Constitution gaulliste de 1958 n’a cessé d’être modifiée, d’une part pour être ajustée aux besoins de la « construction » euro-atlantique, d’autre part pour renforcer le pouvoir du chef de l’État, fondé de pouvoir de l’oligarchie (comme Pompidou, Macron est une créature de Rothschild). Parallèlement, les prérogatives des parlementaires, de la presse indépendante (quasi liquidée), des syndicats (mis en laisse pour les uns, réprimés pour d’autres) n’ont cessé d’être rognées : on pense à la contre-réforme du quinquennat qui subordonne les législatives au résultat de la présidentielle et qui renforce jusqu’à la caricature le côté « godillot » du parlement.
La réforme institutionnelle pour diminuer tant et plus les droits et garanties démocratiques
Ce rabougrissement démocratique est également au cœur de la future réforme institutionnelle que porte Macron : son le but, en limitant le droit d’amendement des députés, en réduisant drastiquement leur nombre, en refusant d’instituer la proportionnelle intégrale, en liquidant l’unité du territoire national et l’autonomie des communes au nom des « euro-métropoles » et des Grandes Régions, est d’aggraver le caractère despotique de ce régime liberticide qui a même utilisé la peur suscitée par le terrorisme pour graver l’état d’urgence dans la loi ordinaire ! Face à ce désastre démocratique qui fait honte au peuple de France, le PRCF milite à la fois
- Pour que la France sorte de l’euro, de l’UE et de l’OTAN par la porte à gauche (nationalisations démocratiques, coopération internationale et transcontinentale, réduction drastique des inégalités, combat frontal contre l’extrême-droite) et pour remettre notre pays sur la voie du socialisme-communisme
- Pour en finir avec cette Cinquième « République » vermoulue et oppressive et pour instituer une nouvelle République démocratique, indépendante et sociale, où les élus seront révocables et contrôlés par le peuple souverain et où, conformément au vœu du CNR, « le monde du travail sera mis au cœur de la vie nationale ».
C’est pourquoi, alors que les démissions en cascade des ministres d’État de Macron ouvrent une crise de régime potentiellement salutaire, alors que le cirque des européennes ne doit pas occulter le Non bafoué des Français à la constitution supranationale (29 mai 2005), l’heure n’est pas à déclarer partout, comme font la fausse gauche, les confédérations euro-formatées et les dirigeants du PCF-PGE que « Macron est légitime » (sic). Seul le peuple est légitime et rien de ce qui sert à détruire sa souveraineté, ses conditions d’existence et sa foi en l’avenir, ne présente la moindre « légitimité » aux yeux d’un vrai républicain.
En ce lugubre 60ème anniversaire de la 5ème République, le salut de notre peuple, de sa classe travailleuse, de sa jeunesse, la défense de la paix mondiale alors que le bloc atlantique est de plus en plus menaçant, passent par une lutte offensive « tous ensemble en même temps », par la construction d’un Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste imposant une nouvelle République sociale et souveraine en marche vers le socialisme.
À cette fin, moins que jamais, la renaissance démocratique de la France n’est inséparable du combat pour reconstruire un vrai parti communiste dans notre pays.
par Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF – 4 octobre 2018