LA QUESTION ENVIRONNEMENTALE EST TROP SERIEUSE POUR ETRE ABANDONNEE AUX « VERTS ».
INVESTISSONS A FOND LE COMBAT ECOLOGISTE SUR NOS BASES COMMUNISTES !
Motion du secrétariat politique – 4 octobre 2018 – adoptée par le comité central du PRCF
La démission-surprise de Nicolas Hulot a mis à nu une réalité que nous dénoncions depuis longtemps : la défense de l’environnement et le maintien du capitalisme, spécialement de sa variante néolibérale et euro-atlantique actuelle, sont radicalement incompatibles. Alors qu’il appartient à la caste des milliardaires et qu’il demeure proche d’E. Macron, alors qu’il a cautionné toute la casse sociale et environnementale du gouvernement Philippe, en particulier l’euro-privatisation du transport ferroviaire et son recul généralisé devant le fret routier archi-polluants, N. Hulot n’a pu faire autrement que de stigmatiser nommément le « libéralisme économique » et les « critères de Maastricht » dans son fracassant entretien sur la matinale de France-Inter.
Bien entendu, les ennemis de la République sociale et souveraine ont aussitôt contre-attaqué en demandant rituellement « plus d’Europe », voire « un gouvernement (capitaliste) mondial » pour lutter, assurent-ils, « contre le réchauffement climatique ». Bien entendu, le cheval de retour anticommuniste Cohn-Bendit a aussitôt multiplié ses éloges vociférants de l’Allemagne fédérale et d’Angela Merkel que l’ex-député de Francfort présente comme un modèle de « transition écologique » alors que ce pays est bien plus polluant que la France si l’on rapporte ses rejets carbonés massifs au nombre de ses habitants. Bien entendu, certains idéologues fâchés avec le raisonnement scientifique ont multiplié les raccourcis absurdes en mettant le réchauffement climatique au compte du nucléaire civil alors qu’il s’agit là de questions tout-à-faits distinctes, même s’il est exact qu’il faut traiter la question environnementale dans sa globalité.
Mais toutes ces contre-attaques laissent sceptiques le grand public qui commence à comprendre que la recherche éperdue et proprement insensée du profit maximal « épuise, comme disait Marx, la Terre et le travailleur ». C’est ce que nous appelons le caractère « exterministe » du capitalisme-impérialisme contemporain en entendant par là que le maintien de ce système historiquement obsolète qu’est le capitalisme-impérialisme menace désormais la survie de l’humanité sur tous les plans,
- environnemental (massacre de la biodiversité, réchauffement climatique à forte dimension anthropique menaçant de s’emballer, gâchis phénoménal de ressources humaines et de capital techno-scientifique pour produire en masse des futilités non recyclables, « malbouffe » des uns et famine des autres, pollutions potentiellement irréversibles de l’air, des mers, des sols, atteintes multiples à la santé publique, migrations de masse pour une part croissante d’origine climatique, déforestation massive au profit des biocarburants alors qu’un milliard d’hommes crève de faim…), militaire (course aux armements de l’OTAN dans la perspective d’une guerre transcontinentale avec la Russie, la Chine, l’Iran…),
- économique (aggravation des inégalités aggravant toutes les occasions de conflits),
- culturel (destruction de la diversité linguistique et culturelle du monde, américanisation galopante des représentations et des pratiques sociales),
- politique (l’euro-criminalisation du communisme encourage la fascisation, les communautarismes ethnico-religieux et attise la brutalité dans les rapports humains)
- idéologique, puisque les deux idéologies capitalistes antagoniques (en apparence, mais complémentaires en fait) qui se partagent le « marché des idées » sur les questions écologiques sont le naturalisme réactionnaire, qui rabaisse l’homme, les Lumières et les sciences pour diviniser l’animal ou pour rêver d’un impossible retour à l’état de nature, et le transhumanisme, qui à l’inverse, exalte l’ « homme augmenté » et fétichise la technique en rêvant à demi-mots d’un « nouveau monde » de surhommes (et de sous-hommes ?) dans un univers entièrement robotisé et déshumanisé ; à l’inverse, le matérialisme dialectique marxiste donne les moyens de concevoir la manière dont l’évolution de la nature a permis l’émergence de l’homme producteur et penseur (cf Engels Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme) et de comprendre comment le communisme peut réconcilier l’homme avec l’homme et l’homme avec la nature en abolissant à la fois le saccage de l’environnement et l’exploitation sordide de l’humain.
En outre, malgré le mensonge permanent qu’entretient la gauche politico-syndicale établie à propos d’on ne sait quelle « Europe sociale, démocratique, écologique et pacifique », chacun voit que l’UE n’est pas la solution mais une part majeure du problème écologique avec son pilotage brutal par l’impérialisme allemand décomplexé, avec sa dépendance à l’égard des groupes financiers et agro-industriels, avec l’augmentation vertigineuse de ses budgets de guerre (80% par an pour la RFA !), avec son ancrage dans le capitalisme dont Jaurès disait avec raison qu’ « il porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage ». Il est à ce propos suprêmement hypocrite que la « gauche » écolo-atlantiste se taise totalement sur l’effarante course aux armements nucléaires lancée à l’initiative de Washington, de Berlin et de Paris, alors qu’un échange de tirs nucléaires impliquant moins de 15% des armes nucléaires détenues par Washington et par Moscou pourrait provoquer un « hiver nucléaire » pan-destructeur pour le vivant et accélérateur in fine, par l’effet de serre ainsi massivement induit… d’un réchauffement climatique échappant à tout contrôle ! De ce fait, la devise de Fidel Castro « La patrie ou la mort, le socialisme ou mourir, nous vaincrons ! » devient de plus en plus vraie à une époque où l’impérialisme capitaliste menace à la fois le progrès social, l’indépendance des peuples et la survie même de l’humanité !
Ajoutons que la défense de la nature intéresse directement celle du corps humain qui est un des résultats de l’évolution naturelle. Dévoyant le progrès scientifique, le capitalisme pourrit de l’intérieur la production de médicaments, largement pilotée par le grand capital privé qui pille la Sécurité sociale avec la complicité des agences d’Etat tout en mettant parfois sur le marché de véritables poisons comme le Médiator. Il est à craindre que dans les décennies à venir, avec la révolution potentiellement bénéfique du génie génétique, les progrès biotechnologiques ne servent pas au mieux-être humain, encore bien moins au bien-être animal ou à l’entretien de la flore, mais à toutes sortes de folies ultra-capitalistes, voire fascisantes (on pense, non seulement au « transhumanisme » évoqué ci-dessus, mais à la manière dont la marchandisation capitaliste des corps voudrait s’emparer des avancées de la Procréation Médicalement Assistée* et la mettre au service de mercantis qui rêvent de marchandiser le corps des femmes et… la production de bébés au risque d’instituer un nouvel esclavage !
C’est pourquoi aussi il est scandaleux de voir toute une partie des « Verts » s’acharner sur EDF, le fleuron industriel et social mis en place en 1946 par Marcel Paul, le déporté-résistant et militant cégétiste devenu ministre communiste à la Libération. Pourtant, le risque majeur en ce domaine, comme l’a montré la catastrophe de Tepco-General Electrics à Fukushima, procède de la privatisation irresponsable de l’électronucléaire, des économies sordides sur la sécurité des centrales, de leur construction sur des zones sismiques et du scandaleux développement de la sous-traitance à bas coût. Sans parler de la casse du statut des agents d’EDF, qui comme celui des cheminots et des fonctionnaires, a toujours été conçu comme un moyen de protéger l’intérêt général contre les exigences délétères de la rentabilité à tous crins. Comme l’eau, le sol et l’air, comme l’accès aux soins et à l’éducation, l’énergie doit être considérée comme un bien commun à répartir équitablement, à produire, à recycler ou à entretenir de manière soutenable, à gérer collectivement et rationnellement, bref, à soustraire au tout-profit capitaliste tel que l’orchestre l’UE à l’échelle continentale.
Cela étant, et tout en créant les conditions pour que le mixte énergétique français voie peu à peu décroître la part du nucléaire, et surtout, celle des énergies carbonées au profit du renouvelable, tout en investissant fortement dans les économies d’énergie, il faut mettre sans cesse en accusation le capitalisme-impérialisme et sa « construction » euro-atlantique de malheur, accentuer le combat contre la marche aux guerres impérialistes, exiger que la France quitte l’OTAN et que décroissent les dépenses d’armement dans le cadre d’une diplomatie internationaliste et pacificatrice ; dans cet esprit, le PRCF milite clairement pour :
- Le refus des délocalisations et de la mondialisation capitaliste avec leur cortège de pollutions liées notamment au transport par navires brûlant du fioul lourd, et la relocalisation d’un maximum de productions ; le contrôle démocratique par les populations de ce qu’on produit, où et comment en lieu et place d’une marchandisation généralisée qui formate les individus à ne plus exister que par ce qu’ils consomment ou pas, et bien entendu des marchandises immédiatement profitables pour les monopoles capitalistes mais complètement inutiles voire nuisibles (à quo sert-il réellement d’avoir 2000 modèles de téléphones portables et de chaussures de sport ?)
- Une EDF nationalisée à 100% au sein d’un pôle public français de l’Energie intégrant AREVA et Suez-Engie, ainsi que toutes les ressources minières du sous-sol
- Un large essor de la recherche chimique et physico-nucléaire, y compris fondamentale, pour avancer vers la fusion atomique (différente de la « fission »), vers le recyclage maximal des déchets et, à terme, vers zéro déchet nucléaire
- La nationalisation de tout ce qui touche à l’éolien et la relance du produire en France par la fabrication ici même, sous l’égide du secteur industriel public, du matériel indispensable à la géothermie, au solaire, aux moyens de recyclage, etc. ; l’arrêt du tout-éolien négligeant l’avis des populations riveraines ou des pêcheurs côtiers, comme c’est par ex. le cas au Tréport ;
- La vigilance à l’encontre des fausses solutions, type « tout-voiture électrique », contre les effets environnementaux desquelles a mis en garde (sans changer pour autant de cap industriel…) le PDG de Peugeot en personne !
- Le développement du ferroutage, donc de la SNCF 100% publique, et la décrue du fret routier transcontinental transitant par la France. Celui-ci doit être taxé aux frontières de l’Hexagone pour abonder un fond public de ré-industrialisation impulsant la relocalisation des productions industrielles et agricoles, avec bien entendu l’interdiction d’importer des productions délocalisées hors de France.
- Le déploiement de coopérations internationales d’Etat à Etat selon le principe de l’intérêt mutuel, sans privilégier l’Europe du nord et les USA et en mettant au placard la « concurrence libre et non faussée ».
- Soutien déterminé à l’Agriculture paysanne, à la pêche artisanale, et pour cela, nationalisation démocratique des grandes surfaces et refonte démocratique du secteur agricole coopératif et bancaire
- La réduction forte des inégalités, donc des gaspillages monstrueux qu’induit la croissance vertigineuse des revenus des plus riches, et l’amélioration générale de la santé publique
- La fin de l’obsolescence programmée, la réorientation de la production vers le durable et le recyclable
- La relance du logement social avec un rôle pionnier des offices publics démocratisés dans l’équipement écologiquement responsable des appartements neufs et anciens
- La nationalisation démocratique des laboratoires pharmaceutiques, la gestion démocratique de la Sécurité sociale par les assurés sociaux sans immixtion du MEDEF
- La fin de la « métropolisation », le retour aux coopérations intercommunales libres, le redéveloppement des services publics, de l’offre de soins (y compris, si nécessaire, sous l’égide d’un nouveau secteur d’Etat) et du commerce de proximité dans les bourgs, villages et villes moyennes, le « verdissement » systématique de l’urbanisme et de la construction
- L’obligation pour les entreprises industrielles qui ferment de dépolluer les sols et de les re-viabiliser
- L’éducation dès l’école primaire à une consommation raisonnée et lutte contre le consumérisme effréné
- Le développement des Transports en commun, la complémentarité rail-route-transports urbains
- La reconstruction du pavillon maritime français
- Défense connexe de la biodiversité et de la diversité linguistique et culturelle mondiale, toutes deux étant arasées par le rouleau compresseur de l’américanisation mondiale et du tout-profit immédiat
- Le combat mondial pour les Lumières, pour l’éducation sexuelle, pour l’éducation à l’éducation des enfants, contre l’obscurantisme, contre l’abrutissement médiatique, contre le cléricalisme et le machisme qui, en de nombreux pays, interdisent le contrôle des naissances et le contrôle de la démographie tout en asservissant le corps féminin et en rendant difficile la mixité et la scolarisation massive de tous les enfants, notamment des filles
- Sans tomber dans une opposition de principe à la consommation de viande, en payant correctement les éleveurs qui veillent au bien-être animal (relocalisation et surveillance de l’abattage), l’apprentissage scolaire des principes d’une alimentation équilibrée
- Le développement de l’EPS à l’école pour tourner dès le plus jeune âge les jeunes Français vers l’activité physique et vers le grand air plutôt que vers la passivité consumériste
- Non pas un « gouvernement capitaliste » mondial sous la coupe de Wall Street et de la BCE, ni un gouvernement de la zone euro sous la haute main de Berlin, mais une planification écologique mondiale impliquant la souveraineté de chaque nation, sa coopération avec toutes les autres selon le principe communiste « de chacune selon ses possibilités et ses opportunités, à chacune selon ses besoins, à toutes selon les meilleures possibilités historiquement déterminées des ressources renouvelables et des avancées partagées de la science et d’une technologie pensée pour le service de l’homme ».
Plus que jamais, pour réconcilier la Terre et l’humanité laborieuse, il faut donc un socialisme-communisme de nouvelle génération qui mette fin à l’appropriation oligarchique des moyens d’échange et de production, qui organise les retrouvailles des nations souveraines et de la coopération internationale, qui fixe à la production communiste de demain bien plus qu’une simple « éco-compatibilité » superficielle : la tâche historique proprement vitale de veiller en permanence, avec l’aide du progrès scientifique et technologique, à la reproduction des conditions environnementales et biologiques de l’aventure humaine.