Le 20 juin dernier, dans la grande salle de la mairie de Douai, en présence de plus de trois cents personnes dont une majorité de militants ouvriers et enseignants du Douaisis (on apercevait en particulier nombre de militants FSU et la direction de la CGT Renault), Léon Landini, officier de la Légion d’honneur et ancien FTP-MOI a remis la médaille de chevalier de la Légion d’honneur à Georges Hage, député du Douaisis pendant 34 années, figure de proue du combat communiste et républicain dans le nord, ancien vice-président de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, ancien doyen du Parlement.
Maxime Gremetz présidait la séance au nom du groupe parlementaire du PCF. Charles Beauchamp, conseiller général du PCF, a introduit les différents orateurs. Ce fut d’abord M. Vernier, Maire de Douai, qui fit l’éloge de Georges Hage, ce grand républicain très attaché au pays de « Gayant », à cette terre de mineurs, de verriers, de bateliers, de métallos.
Puis Maxime Gremetz a rappelé les innombrables combats parlementaires de « Geo le Bolcho », pilier du groupe communiste, fin politique et orateur plein d’esprit et orfèvre en beau langage, respecté et même aimé par tout le « petit » personnel de l’Assemblée. En particulier, a été mis en valeur l’apport de Geo à la défense acharnée de la classe ouvrière du nord et tout spécialement l’engagement de Geo contre le harcèlement moral à l’entreprise qui permet à tant de patrons de se débarrasser d’un salarié en contournant les prud’hommes et les indemnités de licenciement…
Ce fut ensuite le tour de M. Deleplace, ancien international et théoricien du rugby, syndicaliste du SNEP de rappeler la carrière sportive et syndicale de Geo (ancien international universitaire de handball !) et dirigeant syndical très apprécié des profs d’EPS. Personne n’a oublié le combat titanesque mené par la profession, avec à sa tête de « député des sportifs » G. Hage, pour sauver l’EPS et le CAPEPS menacés de mort par le plan Soissons en 1979.
Montait alors à la tribune Philippe Nalewajek, secrétaire de l’Union locale historique CGT de Douai, qui associait à l’hommage une référence émouvante à la mémoire de Jacques Leclercq, le syndicaliste de lutte et
dirigeant du PRCF, proche ami de Geo, « flingué » par les campagnes de harcèlement téléphonique et juridique menée par certains pseudo-syndicalistes méprisables. L’allocution de P. Nalewajek associait l’hommage rendu à Geo aux luttes de l’entreprise métallurgique douaisienne Wagon-Arbel, actuellement en grève dure, pour le « produire en France » et la mise en place de deux équipementiers automobiles nationaux. Elle était aussi une façon d’associer Geo à l’actuelle renaissance du syndicalisme de classe, dont la métallurgie douaisienne est l’épicentre national.
Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, présenta brièvement ensuite Léon Landini, président-délégué du PRCF, chargé de remettre le ruban rouge à Georges Hage. Léon, ancien officier FTP-MOI, combattant de choc de la guérilla urbaine à Lyon pendant la guerre, torturé par le sinistre K. Barbie sans avoir lâché un seul nom (notre ami est grand mutilé de guerre), est président de l’Amicale Carmagnole-Liberté des anciens FTP-MOI, médaillé de l’Union soviétique, président d’honneur du PRCF.
Dans un discours plein d’affection et de hauteur de vue politique (ci-joint), Léon Landini montra que la carrière militante de Geo fut marquée de A à Z au sceau de la fidélité politique à sa classe, au marxisme-léninisme et à ses grands idéaux libérateurs. Léon mit en particulier en valeur l’engagement de Geo contre la participation du PCF au gouvernement social-maastrichtien de Jospin, sa lutte contre la mutation qui a dénaturé le PCF, sa fidélité à Cuba socialiste (Geo fut le principal organisateur, au titre du PRCF, du grand meeting pour Cuba socialiste le 13 novembre 2005 à St-Denis), sa défense de la langue française contre le « tout anglais », sa constance à associer patriotisme et internationalisme, son acharnement à unir les communistes anti-mutation dans le « Collectif national unitaire des communistes », son rôle de premier plan dans le grand meeting unitaire de 1980 à la Mutualité, son apport prestigieux au PRCF, son engagement dans la lutte contre l’Europe du capital (Geo, alors malade, avait fait connaître son désir de voter contre l’élargissement de l’UE aux ex-pays socialistes, car il prévoyait justement que cette adhésion serait négative pour ces peuples comme pour la classe ouvrière de France) et contre toute tentative de criminaliser l’histoire du communisme. Puis, Léon remit la médaille à Geo auquel toute la salle faisait une ovation debout (et non une « standing ovation » comme disent les snobs!).
Dans sa réponse pleine d’émotion et d’humour, Geo lisait d’abord un magnifique poème en hommage à la langue française. Puis il disait son hésitation à accepter la Légion d’honneur qu’il a finalement acceptée, malgré le caractère curieusement fort tardif de cet hommage, pour aider à combattre la criminalisation du communisme. Il rendait un hommage ému à Cuba et à Fidel Castro puisque le pays du Che a à Geo la Médaille de l’Amitié des peuples bien avant que les autorités françaises ne pensent à honorer notre ami: le représentant de l’ambassadeur de Cuba, M. Leyde Rodriguez, venu pour l’occasion en compagnie de Daniel Antonini, acceptait l’hommage avec émotion. Après avoir rendu hommage à son épouse, notre camarade Odile, et à son fils Julien, militant communiste et professeur agrégé d’histoire, Geo entonnait… le Temps des cerises.
Toute la salle entonnait alors l’Internationale suivie de la Marseillaise. Dans la salle on apercevait notamment la direction de la CGT Renault. A la tribune, on apercevait aussi Jeanne Collette, toujours gaillarde mais très émue (Jeanne, ancien agent de liaison FTP entre l’Internationale communiste et le PCF clandestin, chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, est présidente d’honneur du PRCF 59). Jean-Jacques Candelier, successeur et non « remplaçant » de Geo à l’Assemblée nationale, concluait cette réunion magnifique qui avait chemin faisant, sans jamais avoir manqué de respect aux membres non communistes de l’assistance, tourné à la leçon enthousiasmante de grande politique. Geo invitait alors en patois l’assistance à se rapprocher du buffet en prononçant la phrase qui clôt tout banquet ch’ti digne de ce nom: « buvons toudis et n’acatons jamais d’terr ».
Moins beaux joueurs que le maire UMP de Douai (debout pour l’Internationale!), nombre de figures connues du PCF « mutant » et du PS nord avaient « séché » la cérémonie. Mais comme l’observait Léon Landini au moment où Bernard et Hassène « fixaient » sur la pellicule Geo, Jeanne, Léon, Henri Alleg, ami personnel de Geo et figure de proue de l’anticolonialisme, en compagnie de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, il sera sans doute difficile aux « criminaliseurs » du communisme et autres amateurs de chasse aux sorcières d’achever leur sale boulot fascisant alors que la nation unanime rend hommage à de tels hommes qui ont si magnifiquement servi leur peuple!