De retour d’un voyage en Irlande, un militant du PRCF témoigne.
Rencontre avec l’Irlande et nos camarades irlandais
Un communiste ne voyage jamais inutilement. Je suis très heureux d’avoir profiter de ma venue en Irlande pour rencontrer nos camarades du Páirtí Cumannach na hÉireann (Communist Party of Ireland). Nous avons profité de cette rencontre pour évoquer la situation respective du mouvement communiste dans nos pays respectifs, et la situation plus particulière de nos organisations respectives. Ici, dans cet article, je veux rendre compte de ma rencontre avec ce pays, l’Irlande, et avec son Parti communiste, un parti communiste bien éloigné de son homologue français post-mutation.
Un témoignage également publié chez nos amis de lasociale.org
L’Irlande, un pays vert au cœur rouge
L’Irlande, la verte Irlande, nommée ainsi à cause de sa couleur nationale, le vert, et de la couleur de ses paysages, d’un magnifique vert, a pourtant le rouge du communisme gravé au plus profond de son cœur. En effet, l’Irlande doit son indépendance et son origine au mouvement communiste de lutte des classes. Ici, les communistes ont toujours été les initiateurs de la lutte contre l’impérialisme et la domination du Royaume uni, ils ont toujours été les patriotes les plus sincères et les plus sûrs.
Dans ce pays où est née une des premières armée de prolétaires et de travailleurs du monde, en 1913, la lutte pour l’indépendance de toute l’Irlande, du Nord au Sud, ainsi que pour sa réunification, a toujours été un fer de lance de l’avant garde de sa classe ouvrière, qui l’a associée pour toujours à la lutte des classes, à la lutte pour la fin du capitalisme et pour l’avènement du communisme et à la lutte contre l’impérialisme. En 1921, avec l’aval des bourgeoisies britanniques et irlandaises qui craignent une évolution communiste de l’Irlande, des opportunistes et des traîtres ont réussi à s’imposer sur la scène politique pour signer l’odieux traité avec le Royaume-Uni, découpant l’Irlande comme un saucisson pour laisser aux capitalistes anglais l’exploitation de l’Ulster et de Belfast, la province la plus riche et industrialisée. Malgré ces manœuvres politiques, la lutte pour l’indépendance nationale de l’Irlande restera à jamais liée à la lutte des classes et à la lutte pour l’avènement du communisme.
Bien que la plupart des irlandais l’ai oublié, ils doivent leur indépendance aux communistes. En dignes compatriotes de James Connolly, ils ont su conduire le combat et la guerre pour l’indépendance, ainsi que la guerre permanente, toujours plus ou moins en cours, pour la réunification. Le vol manifeste réalisé par les républicains et indépendantistes bourgeois lors de la signature du traité avec les anglais, en décembre 1921, ne doit pas faire oublier que le sens de cette révolution, en plus de sa volonté d’indépendance nationale, est surtout social et politique, sur la même ligne que les révolutions russes, alsaciennes et allemandes de la même période. Si les opportunistes, et c’est bien pour cette raison là qu’ils ont existé et qu’ils ont agit ainsi, n’avait pas volé la direction du mouvement, signer le traité et avorté la révolution sociale qui prenait naissance, alors l’Irlande aurait peut être, toute entière, basculée dans le camp socialiste et communiste, rejoignant alors la jeune Russie soviétique et bouleversant l’équilibre capitaliste et impérialiste occidental.
L’Irlande, république autonome du grand royaume du capital
Ici, malgré la place particulière dans l’histoire du mouvement ouvrier, et une culture populaire très forte, le capital est le roi des décisions politiques. Depuis quelques années, le gouvernement de l’Irlande applique la recette néo-libérale avec beaucoup de zèle. Le résultat de cette politique est sans appel, avec comme exemple la crise du logement. Ici, ceux-ci sont très chers, surtout pour les groupes sociaux les plus vulnérables. Pour étudier dans une ville moyenne à l’université, qui elles même sont déjà très chères et très sélectives, il faudra compter plusieurs centaines d’euros en banlieue pour des logements souvent insalubres, mal chauffés et très rare. Seul les jeunes issus des familles les plus aisées pourrons se payer un logement confortable, pour plus de 1000€/mois.
Les chiffres du chômage relativement bas ne doivent pas cacher la véritable armée de travailleurs partiels et pauvres due à l’absence de salaires minimum. L’ensemble des emplois proposés sont des contrats très précaires, partielles et très mal payés. Des jeunes hommes et des jeunes femmes sont même condamnés à rester des heures debout, dans la rue, dans le froid et la pluie, revêtues d’un panneau sandwich faisant la pub d’un restaurant ou d’une boutique proche… Pour finir, des dizaines de Sans-abri essayent de survivre, ici et là, dans les petites rues passantes, regardant avec désespoir leurs petits gobelets qui peinent à se remplir.
Le capitalisme ne laisse donc pas indemne la population irlandaise, bien qu’en dise la propagande bourgeoise, l’Irlande n’est pas le paradis néo-libérale.
La Patrie de James Connolly
C’est donc dans la patrie de l’un des plus illustres militants de l’histoire du communisme, James Connolly, que j’ai eu la chance de passer ces quinze derniers jours. Au delà du triste récit des conséquences de l’exploitation capitaliste sur le peuple de ce pays, je dois faire un récit plus optimiste, plus réjouissant, pour nous les communistes français.
James Connolly est présent un peu partout en Irlande, son visage est familier de presque tous les irlandais, mais ceux-ci ont souvent oublié l’objet de son combat, le communisme. Ce n’est pas le cas du Parti communiste Irlandais, qui perpétue son travail aujourd’hui. Ils tiennent, à Dublin, une librairie d’ouvrages communistes, socialistes, gaéliques, et autres, qui porte le nom de leur illustre compatriote, « The Connolly books » .
C’est dans cette fabuleuse librairie, riche d’un grand nombre d’ouvrage en anglais et en gaélique incontournables pour tous les militants communistes, que le parti communiste irlandais a installé son siège. Ils ont aussi ouvert un petit théâtre, à l’arrière de cette même librairie.
Partisan – Patriote et Internationaliste
Leur slogan parle de lui même et du sens qu’ils ont su donner à leur parti. En Irlande, pas de mutation, pas d’euro-communisme, pas d’abandon en rase campagne de la question nationale, pas d’abandon en rase campagne des principes du léninisme, ni de l’héritage de l’URSS, rien de tout ça.
Au Parti Communiste d’Irlande, pas d’électoralisme, pas de fraction parlementaire, pas d’alliances successives avec les sociaux démocrates, pas de renoncement à l’indépendance nationale, leurs parti est un parti Patriote, partisan, internationaliste prolétarien et franchement communiste.
Ici, la priorité est donnée aux actions concrètes, très nombreuses, dont le parti est entre autres à l’initiative: Mouvement pour le logement, mouvement contre la division syndical, pour le tous ensemble et en même temps avec les autres organisations de classe, défense de la Langue gaélique et de l’histoire communiste et socialiste de l’Irlande, mouvement pour la paix et pour la neutralité militaire de l’Irlande, Mouvement pour chasser les avions de l’armée de l’impérialisme US de l’aéroport de Shannon, à Limerick, Manifestation et événement pour fêter l’indépendance de l’Irlande et la fondation de la république dans l’année 2019, et beaucoup d’autres.
Le PCI est très actif sur le terrain des luttes grâce à la volonté de ses militants et au temps laissé par la non participation au jeu parlementaire. Le PCI ne présente pas de candidats aux élections, préférant une stratégie de lutte concrète à une stratégie électoraliste.
Le PCI n’est pas pour autant absent du terrain politique, bien au contraire. Il fut, en 2008, l’un des fer de lance de la campagne pour le NON au référendum pour la signature du traité de Lisbonne. Que le camp du NON à justement remporté, avant qu’on reproduise le vote une seconde fois et que l’Irlande signe finalement le traité… Plus récemment, c’était aussi un des fer de lance du OUI au référendum sur l’avortement, ou le OUI a gagné justement.
L’absence d’orientation parlementariste ou électoraliste n’empêche pas l’émergence de personnages au sein du parti, j’ai eu la chance de rencontrer l’un d’entre eux, Eugene McCartan, leur secrétaire général depuis 2002.
Pour la Classe ouvrière – l’État prolétarien – Contre l’impérialisme
C’est au deuxième étage de l’immeuble de la Librairie Connolly, que nous avons eu la chance, accompagné de ma traductrice et néanmoins petite amie Irlandaise, de nous entretenir une heure avec leur secrétaire général, Eugene. D’une lucidité remarquable, cet homme ayant une ressemblance physique incontestable avec son compatriote James Connolly, fut intarissable. Nous avons pu évoquer plusieurs domaine, de la linguistique aux questions stratégiques de lutte des classes d’aujourd’hui, de la lutte contre l’impérialisme, etc…
Une partie de l’échange résume bien l’ensemble de la discussion: à la question des alliances avec d’autres organisations, il nous répond que celle-ci doit se faire en respectant trois aspects fondamentaux et indispensables aux communistes: Pour la classe ouvrière, l’état prolétarien et contre l’impérialisme, c’est à minima les règles que doivent respecter ceux qui prétendent être communistes.
J’ai remis, par la suite, par voie numérique, le message de soutien rédigé par notre secrétaire général, Georges Gastaud, à Eugene. C’est ainsi que j’espère avoir participer à faire vivre et perdurer à l’avenir les relations entre nos deux organisations.
Par Fear Dorcha Mac Seáinín pour Initiative communiste et La Sociale.
PS: Le message de soutien du PRCF au PC d’Irlande:
FR:
Chers camarades du Parti communiste d’Irlande,
Recevez les salutations fraternelles du PRCF et de moi-même.
Non seulement nous sommes unis par le marxisme-léninisme et la fidélité aux idéaux d’Octobre rouge, mais nous partageons, vous dans la lignée du grand Connolly, nous dans celle de Jean Jaurès, de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, l’idée que la libération nationale et la libération sociale sont indissociables. Et nous n’oublions pas dans ce cadre la bataille culturelle et linguistique.
Bien fraternellement, G.G.
GA:
A chomrádaithe de chuid Pháirtí Cumannach na hÉireann, a chairde,
Beannachtaí bráithriúla chugaibh ón PRCF agus uaim féin.
Ní hamháin go bhfuilimid nasctha le chéile ag an Marxachas-Lenineachas agus ag ár ndílseacht d’idéil Dheireadh Fómhair Dearg, ach roinnimid freisin, sibhse faoi scáth an Chonnallaigh agus muidne faoi scáth Jean Jaurès, Maurice Thorez agus Jacques Duclos, an dearcadh nach féidir an tsaoirse náisiúnta agus an tsaoirse shóisialta a phlé neamhspleách ar a chéile. Agus níl dearmad á dhéanamh againn ach oiread ar an ábhar seo ar an troid chultúrtha agus teanga.
Beirigí bua,
Georges Gastaud
Rúnaí Ginearálta an PRCF
EN: To our fellow comrades in the Communist Party of Ireland,
Fraternal greetings from the PRCF and myself.
Not only are we united through Marxism-Leninism and our loyalty to the ideals of Red October, but we also share, you through the great Connolly and us through Jean Jaurès, Maurice Thorez and Jacques Duclos, the idea that national and social freedom are inseparable. We’re also not forgetting on this topic, the cultural and linguistic battle.
Fraternal greetings once more and best wishes,
Georges Gastaud
General Secretary – PCRF