La situation au Sri Lanka est troublée. Le président de la République vient d’y limoger l’ultra libéral et conservateur Ranil Wickremesinghe, premier ministre très proche des Etats-Unis.
Il a été remplacé par Mahinda Rajapakse, qui a été président de 2005 à 2015 Mais Wickremesinghe avec le soutien des capitales occidentales ne veut pas respecter la constitution et s’accroche au pouvoir. Dans ces conditions, le président a usé de ses devoirs à faire respecter la démocratie et dissout le parlement pour confier au peuple le soin de choisir démocratie à travers de nouvelles élections. Impopulaire en raison de sa politique ultra conservatrice, Wickremesinghe refuse les élections et a déposé un recours devant la cour suprème qui doit se prononcer le 7 décembre. Profitant de se délai, il revendique avoir fait voter, dans des conditions très troublée, une motion de censure contre Mahinda Rajapakse.
Communiqué de la Commission internationale du PRCF – 15/11/2018
La situation politique est extrêmement tendue au Sri-Lanka.
Elle est caractérisée par une campagne internationale des médias bourgeois et de l’ingérence systématique des gouvernements occidentaux en particulier des Etats-Unis.
Mahinda Rajapaksa qui vient d’être nommé premier ministre par le président de la République est fort d’un soutien massif du peuple et des travailleurs, ce qui est insupportable pour la droite et les Occidentaux. Ses préoccupations sociales, son refus des privatisations et des recettes néo libérales, son non-alignement et son refus ferme de toute ingérence étrangère, son respect de la souveraineté en font un ennemi des impérialistes. Grand ami de Cuba et le la cause palestinienne, Mahinda Rajapaksa est devenu une cible.
De là les tentatives de déstabilisation et le refus d’élections générales par la droite que Mahinda Rajapaksa est quasi-certain de gagner. Si des violences téléguidées par la droite et par les séparatistes alliés à l’impérialisme US dégénèrent il ne faut pas exclure une intervention militaire étrangère, surtout avec la 7ème flotte étasunienne à proximité. L’enjeu géo- stratégique que représente le Sri Lanka est considérable et vital en particulier pour les Etats-Unis face à la Chine. Samantha Powers qui fut ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, proche d’Obama, a déclaré, sans le moindre souci de sauver les apparences : « hier, on a fait plier le nouveau gouvernement et Mahinda Rajapaksa, il faut maintenant les casser! « . La menace est brutale et la solidarité avec les forces progressistes une impérieuse nécessité, et cela d’autant plus que, comme d’ordinaire, l’AFP et la « libre presse » française ont engagé une campagne de calomnies contre le nouveau premier ministre sri-lankais.
Laissons la souveraineté du peuple prévaloir
Texte du discours prononcé par M. le Premier ministre devant le Parlement, le 15 novembre 2018
Monsieur le Président de la Chambre,
Le Président a expliqué pourquoi il a dissous le précédent gouvernement et a nommé un gouvernement intérimaire jusqu’à la conclusion des prochaines élections générales. Le 26 octobre, la population de ce pays subissait une énorme pression. Le coût de la vie augmentait tous les jours en raison de la formule du prix du pétrole et de la dépréciation rapide de la roupie. La charge fiscale sans précédent, le doublement des taux d’intérêt suite à l’escroquerie de la Banque centrale sur les obligations, les préparatifs en vue de vendre des terminaux portuaires, des aéroports et des entreprises publiques rentables à des parties étrangères, les lois en cours d’élaboration pour permettre à des étrangers d’acquérir des terres en pleine propriété au Sri Lanka, la signature de traités de libre-échange contre les conseils de professionnels et d’hommes d’affaires locaux, la sollicitation de pots-de-vin auprès d’investisseurs potentiels, tout cela pesait sur la population et il y avait beaucoup de ressentiment populaire à cet égard contre le précédent gouvernement.
Nous avons vu le Président faire des efforts pour atténuer les préjudices infligés au pays en prenant des mesures telles que la révocation de la commission des affaires économiques de l’UNP. Nous avons entendu dire que le Président et le Premier ministre ont eu de vifs échanges sur ces questions. C’est à ce stade que les médias ont commencé à diffuser des enregistrements sonores relatifs à une conspiration de personnes associées à l’UNP en vue d’assassiner le président et l’ancien secrétaire à la Défense, avec la participation de certains éléments de la police. Ce n’est qu’après que les choses ont pris cette tournure que le Président a décidé d’écarter l’UPFA (United People’s Freedom Alliance) de la coalition gouvernementale. Le retrait de l’UPFA a conduit à la dissolution de ce gouvernement et le Président, en vertu des pouvoirs que lui confère la Constitution, m’a invité à accepter la fonction de Premier ministre et à former un gouvernement.
J’avais le choix : accepter ou refuser cette invitation. J’aurais pu dire simplement qu’il valait mieux permettre au gouvernement UNP (Parti national uni) de rester au pouvoir pendant un an environ. Nous étions cependant la principale force d’opposition dans le pays. Nous sommes le plus grand parti politique. Quand le président nous remet le pays afin d’éviter qu’une catastrophe majeure se produise, il est de notre devoir d’assumer cette responsabilité. J’ai accepté la responsabilité de diriger le pays sur cette base. Une autre question que j’ai dû considérer était celle de savoir ce qui serait arrivé au pays si l’UNP avait continué à gouverner une année de plus. Depuis janvier 2015, ce gouvernement a emprunté pour plus de 21 milliards de dollars américains en devises étrangères.
Cette frénésie d’emprunts imprudents était, de loin, le préjudice le plus grave dont le pays a souffert. Ce que nous avons formé n’était qu’un gouvernement intérimaire jusqu’à la tenue d’une élection générale. C’est pourquoi seule une poignée de députés de l’Opposition unie a accepté des portefeuilles dans le nouveau gouvernement. Alors que la situation du pays se dégradait, l’Opposition unie n’a cessé d’appeler à la dissolution du Parlement et à la tenue de nouvelles élections.
Mais le précédent gouvernement avait littéralement « roulé la carte électorale ». Il a fallu près de trois ans pour qu’aient lieu les élections des institutions gouvernementales locales qui avaient été dissoutes en mars 2015. Il a reporté les élections sous prétexte de problèmes de délimitation des circonscriptions. Lorsque ce gouvernement a saisi le tribunal et tenté de reporter indéfiniment les élections locales, le président de la Commission électorale a annoncé qu’elle organiserait les élections des instances gouvernementales locales sans problème de délimitation. Ce n’est qu’alors que le gouvernement a finalement accepté de tenir ces élections longtemps reportées. Pendant plus d’un an, les Conseils provinciaux n’ont pas fonctionné dans les provinces de Sabaragamuwa, du Centre-Nord et de l’Est. Le mois dernier, trois autres Conseils provinciaux, dont celui du Nord, ont été dissous. Mais il n’y a pas eu d’élections.
Lorsque le Président a dissous le Parlement et appelé à une élection générale, pour la première fois dans l’histoire de ce pays, l’UNP et le JVP (Janatha Vimukthi Peramuna) ont saisi les tribunaux contre la tenue d’une élection générale. Ce sont les mêmes partis qui ont perverti ignominieusement tout le processus législatif en proposant des amendements au stade du travail en commission pour changer la totalité du système d’élection des instances gouvernementales locales et des Conseils provinciaux, avec des projets de loi qui avaient été introduits au Parlement dans des buts totalement différents, dans le but de reporter les élections de ces instances. Les mêmes partis qui ont fait appel aux tribunaux contre la tenue d’une élection ont également privé le peuple du droit de vote à ce moment-là.
Les Parlements de 1947, 1951, 1956 et 1960 ont tous été dissous précocement pour permettre au peuple d’exercer son droit de vote et d’élire un gouvernement de son choix. C’est ainsi que la souveraineté du peuple a été sauvegardée à l’époque. C’est parce que le Président s’est rendu compte que le gouvernement précédent n’était pas capable de résoudre les problèmes du pays qu’il m’a invité à former un nouveau gouvernement. Il y a eu une vague de soulagement dans tout le pays lorsque j’ai prêté serment comme Premier ministre.
Notre président [de la Chambre], qui agit main dans la main avec certaines ambassades occidentales et son parti politique, violant les dispositions de la Constitution et le règlement parlementaire, a annoncé que le Parlement avait adopté par acclamation une motion de censure contre moi. Tout le monde a vu qu’il n’y avait eu aucun vote. Après l’annonce par le président du résultat présumé d’une motion de censure, des anciens ministres du précédent gouvernement se sont rendus dans leurs anciens ministères en prétendant que M. Ranil Wickremasinghe était à nouveau Premier ministre. Seul le Président peut nommer un Premier ministre et un cabinet ministériel. Le président du Parlement et le Parlement n’ont aucun rôle dans ces nominations.Cependant, il y a maintenant un différend au Parlement. Je suggère que nous soumettions cette question aux plus de 15 millions d’électeurs du pays au lieu d’essayer de le résoudre entre les 225 personnes qui siègent dans cette Chambre. C’est la tradition parlementaire. Nous, les politiciens, devons comprendre qu’en vertu de notre Constitution, la souveraineté réside dans le peuple et non dans le Parlement. J’ai été heureux d’entendre le JVP déclarer, lors d’une conférence de presse hier, que si quelqu’un présentait une résolution visant à dissoudre le Parlement et à organiser une élection générale, il l’appuierait. J’attends de l’UNP qu’il fasse connaître sa position sur cette question aujourd’hui au sein de cette assemblée. J’invite les 225 membres de cette Chambre à se joindre à moi pour ouvrir la voie à la décision du peuple souverain.
Merci.