Après 96h de garde à vue, une campagne médiatique digne des pires lynchages médiatiques par des médias aux ordres perroquet de la police, méprisant l’État de droit et la présomption d’innocence, Benoit Quennedey est sorti libre, menacé par une mise en examen infamante. Fonctionnaire au Sénat, il est accusé ni plus moins que de trahison et d’espionnage. On se demande bien quelles informations sensibles un fonctionnaire en charge des bâtiments et des jardins du palais du Luxembourg pourrait bien détenir. Aymeric Monville, son éditeur, dénonce: «Cette décision nous révolte, c’est un nouveau Tarnac». Pour défendre ses droits et avec eux combattre le retour des délits d’opinion, un comité de défense s’est crée.
Un nouveau Tarnac ? un dossier qui semble vide
La libération de Benoit de même que les déclarations de sources proches du dossier est à l’évidence le signe d’un dossier vide. On imagine mal un dangereux espion détenant des informations ultra sensibles et les ayant délivré à un gouvernement étranger sortir libre d’une garde à vue si le juge détenait la moindre preuve de faits graves. En tout état de cause, à l’opposée de la médiatisation de l’arrestation visiblement commanditée au plus haut niveau contrairement aux pratiques en vigueur dans ce type d’affaire, c’est le silence total qui règne sur ce qui est reproché au président de l’association d’amitié franco-coréenne. Un enquêteur confiait ainsi que Benoit a été perquisitionné, arrêté et jeté en pâture à l’opinion publique pour simplement être interrogé pour établir «s’il a franchi la ligne ou s’il s’agit seulement d’une admiration pour le régime non susceptible d’être sanctionnée». Si des agissements répréhensibles étaient clairement établis,comment ne le seraient ils pas après plus de six mois de surveillance par les limiers des services de renseignement, il est assez évident que les enquêteurs n’auraient pas à ce poser ce genre de question… En réalité la question qui est clairement posée est celle d’une arrestation politique, de l’établissement d’un délit d’opinion et d’utilisation des services de renseignements et des moyens liberticides considérablement augmentés ces dernières années sous prétexte d’antiterrorisme pour terroriser ceux osant exprimer des opinions non conformes avec celles du régime au pouvoir. Pas spécialement connu pour défendre des positions libertaires, le journal Le Figaro reconnait ainsi que l’arrestation sur-médiatisée de Benoit Quennedey s’inscrit dans un contexte et un changement de méthodes du régime où certaines interpellations peuvent être conçues comme autant d’avertissements exemplaires à tous ceux qui auraient la tentation de «mordre la ligne». Celle de Benoît Quennedey pourrait être de celles-ci. » Car en pratique ce qui est clairement reproché à Benoit Quennedey c’est d’abord et avant tout de parler librement de la Corée, de la Corée du sud et de la Corée du nord, pays qu’il connait très bien. Donc de ne pas s’inscrire dans la propagande guerrière propageant les plus grotesques fausse nouvelles.
Terroriser l’opposition, faire taire les fonctionnaires :
On comprend mieux ce qui se trame avec l’éditorial du Nouvel Obs, un des magasines phare de la Macronie, ce qu’est l’objectif visé par le régime Macron. Ainsi le journal de la fausse gauche écrit dans un appel au délit d’opinion « que Benoît Quennedey soit ou pas un agent nord-coréen, une question se pose : pourquoi, ces dernières années, la hiérarchie du Sénat n’a-t-elle jamais pris de sanction, pas même un blâme, à l’encontre de ce haut fonctionnaire qui, à l’évidence, ne respectait pas son devoir de réserve ? Certes, tout agent public a droit d’exprimer ses opinions personnelles, mais dans certaines limites. La loi dit en effet ceci : « Tout agent public doit faire preuve de réserve et de mesure dans l’expression écrite et orale de ses opinions personnelles. […] Tout manquement est apprécié par la hiérarchie. » «
Cette attaque repose sur une intox, une fausse nouvelle : si la liberté d’opinion des fonctionnaires est bien écrite dans la loi, la phrase cité n’est présente dans aucun texte de loi, encore moins dans le statut des fonctionnaires. C’est un simple copié collé du site internet service-public, qui n’a aucune valeur juridique. Et pour cause, le devoir de réserve n’a aucun fondement législatif mais n’est qu’une construction jurisprudentielle, notamment d’une période de sinistre mémoire qui est celle des années 30. Par ailleurs, l’expression des opinions d’un spécialiste de la Corée, fusse-t-il fonctionnaire, s’exprimant hors sa qualité de fonctionnaire ne relève en rien de cette construction jurisprudentielle. mais bien de la liberté d’expression – droit constitutionnel – et de la liberté d’opinion des fonctionnaires. Les masques tombent, et l’Obs de se poser en nouveau Je suis partout dans cet affaire, d’appeler le régime à sanctionner un fonctionnaire qui serait coupable d’exprimer « des thèses contraires à celle de la diplomatie française » sur la chaîne de télévision RT qu’ « Emmanuel Macron a désignée, à plusieurs reprises, comme outil de propagande de l’État russe ». Oui, si c’est cela la cause de l’arrestation et d’une garde à vue de 96h et de la mise en examen, alors il faut appeler un chat un chat et une arrestation politique une arrestation politique. Ce serait le retour aux lettres de cachets.
Cette arrestation est-elle un ballon d’essai, une tentative pour établir une nouvelle jurisprudence afin de faire taire les fonctionnaires et de supprimer de fait leur liberté d’opinion est d’expression, en commençant par l’écrasement d’une voix libre sur la Corée, dissonante par rapport à la propagande de guerre qui fait rage en France et dans le monde occidental, sachant qu’une telle voix ne bénéficierait a priori que de peu de soutien populaire ? Un jurisprudence qui s’élargirait immédiatement pour restreindre massivement les libertés d’expression et d’opinion de tous. Certain diront qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et qu’il faut faire confiance à la justice. Après l’affaire Tarnac, il est prudent de considérer que la Justice a besoin de soutien et que la mobilisation pour le respect des droits de la défense de chaque accusé est une nécessité. Si certain doute encore de la nature du régime Macron, qu’ils se demandent comment s’appelle un régime qui nomme un militaire à la tête de la direction de l’éducation nationale en charge d’élaborer les programmes scolaires.
Assurément la question posée par l’arrestation de Benoit Quennedey est grave. Elle n’est assurément pas ici celle de la Corée et ce qu’il pense ou de ce que chacun pense des États de part et d’autres du 38e parallèle. La question c’est celle de l’État de droit, celle des libertés démocratiques, du droit à la justice. Celle de la liberté.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Rejoignez le comité de soutien à Benoit Quennedey
CREATION OF THE QUENNEDEY COMMITTEE
La non réaction du PCF et de l’Humanité à l’arrestation par les services secrets d’un haut fonctionnaire du Sénat président de l’association d’amitiés franco-Nord coréenne et le signe de toute la direction liquidatrice droitière qui se succède depuis le départ de Marchais (Hue, Buffet? Laurent, Roussel, Faucillon, Martelli, Braouezec, Wurtz, Brossat, Borvo, Cohen-seat, Vieu etc…), signe donc que cette direction est contre la renationalisation de tous les services publics privatisés depuis 35 ans (télécom, énergie, postes, transports, banques, assurances, santé, école, université, etc..).