« Gilets jaunes : la violence d’Etat est plus dangereuse que la violence du peuple ».
C’est ce que dit notre camarade Aymeric Monville à un intervieweur de RT international.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous n’avons pu enregistrer l’entièreté du direct (nous étions en manif à ce moment-là!)
RT en a fait une vidéo (voir vers la cinquième minute).
L’interview de Aymeric sur Russia Today
RT : Donc, cherchons à avoir une analyse de ce qui se passe et retournons à Paris, où nous avons pu contacter l’éditeur Aymeric Monville. Aymeric, nous avons vu le week-end dernier des images terribles, beaucoup de violence, beaucoup de désarroi. Est-ce que vous pensez que cela va continuer?
AM : Oui, surtout lorsque vous voyez toute cette violence qu’ils déploient, tous ces véhicules blindés. C’est une première à Paris. Ils avaient été utilisés en 2005 mais uniquement en banlieue. C’est la première fois qu’on voit ces « tanks » à Paris. Nous avons aujourd’hui 8000 policiers à Paris (contre 5000 la semaine dernière) et 89 000 dans toute la France. Ce qui fait environ un policier pour un manifestant. Si ce n’est pas attiser la guerre civile dans ce pays, je ne vois pas ce que c’est. Nous avons vu qu’un député a accusé le ministre de l’Intérieur d’avoir créé des provocations autour de l’Arc de Triomphe. Le ministre de l’Intérieur a répliqué en portant plainte, mais, mais lorsque vous voyez ce qui s’est passé durant l’Affaire Benalla, il s’agissait de la création d’une milice présidentielle, complètement non-républicaine. Vous avez un chercheur célèbre dans le monde entier, Emmanuel Todd, qui a parlé d’un risque de coup d’Etat militaire. La situation est vraiment dramatique.
Intervieweur : Oui c’est vraiment incroyable ce qui se passe. Et que cela se passe sur une scène officielle, là où nous sommes actuellement. Les sites emblématiques, les magasins sont fermés, les touristes n’osent plus s’aventurer, alors qu’on est en plein moment du shopping d’avant les fêtes, à quel point la situation est-elle dangereuse, Aymeric?
AM : Le plus dangereux, c’est la violence de l’Etat, pas la violence du peuple. Et si on parle d’une menace de coup d’Etat militaire, il faut prendre cela très au sérieux. Le silence du président Macron est très inquiétant. Bien sûr, sa stratégie est de laisser son premier ministre servir de fusible. Comme il l’a fait toute cette semaine. Cette semaine, il y a eu beaucoup de confusion. Ils ont fait des concessions, nombreuses, mais c’est trop tard. Les gens veulent qu’il parte. Peut-être parlera-t-il la semaine prochaine. Mais c’est trop tard, il doit partir.
Intervieweur : Donc en ce moment, nous voyons toutes ces images, ces arrestations, ces bombes lacrymogènes, certains protestataires ont déjà été « détournés » de la violence.
AM : Oui, c’est vrai qu’ils ont arrêté des gens préventivement. La police les a interpellés puis mis certains en garde à vue. On doit être à 500 personnes actuellement. Je ne crois pas que ce soient des méthodes démocratiques. Peut-être certains avaient-ils des armes et cela pouvait être dangereux, mais vous aviez des gens qui cherchaient simplement à se protéger des gaz lacrymogènes. C’est bien sûr une façon de réprimer le peuple
Intervieweur : Oui, nous avons suivi cela vous et moi depuis plusieurs semaines. D’abord Emmanuel Macron ne voulait rien entendre puis cette semaine il a eu l’air de céder un peu. Il va parler lundi. Il dit qu’il ne veut pas le faire aujourd’hui pour ne pas envenimer les choses. Après un mois d’agitations, dites-moi comment vous trouvez qu’il gère la situation aujourd’hui ?
AM : Le problème est qu’avec toute cette violence, il y a déjà eu des morts. S’il y a encore des morts aujourd’hui, Macron devra certainement quitter le pouvoir. Avec toute cette répression, avec un pareil manque d’approbation de sa personne, il est en train de jouer avec le feu. S’il continue dans ce sens avec ce type de dispositif de répression, il devra partir.