Italie le gouvernement Salvini-Di Maio se couche devant Bruxelles !
Certains groupes militants jadis mieux inspirés ont jugé bon d’apporter un soutien critique au gouvernement italien, dont l’homme fort est pourtant un admirateur notoire de Mussolini. Une chose est de condamner les sommations insupportables de Merkel et de Macron à l’adresse du peuple italien, une autre de faire des gouvernements soi-disant eurosceptiques des chevaliers blancs de l’indépendance nationale. Coup sur coup Orban en Hongrie et Di Maio/Salvini en Italie viennent de prouver que le national-populisme eurosceptique est moins une alternative qu’une soupape de sécurité au néolibéralisme maastrichtien. Orban vient en effet de promulguer une loi Travail qui fait des travailleurs magyars de véritables esclaves de la nouvelle Europe allemande. Quant à Salvini, il vient de se coucher misérablement devant les sommations budgétaires de Bruxelles et de Francfort.
Par conséquent, ceux qui, cédant au Ni droite ni gauche à la mode, racontent que l’union nationale des antilibéraux est la juste voie pour construire un nouveau CNR, quitte à mettre de côté la ligne rouge antifasciste et à flirter avec les droites nationalistes, se trompent doublement. Non seulement parce que la fascisation désormais galopante en Europe n’autorise aucune baisse de la vigilance antifasciste, mais parce que le nationalisme bourgeois n’est rien d’autre que la seconde mâchoire de l’étau capitaliste maastrichtien.
C’est contre l’ensemble du fascisant Parti Maastrichtien Unique, qui intègre de plus en plus visiblement les euro-nationalistes xénophobes, lepenistes, DLR et philippistes inclus, qu il faut construire un nouveau CNR fortement campé sur le monde du travail, avec en son centre une forte gauche patriotique, populaire et antifasciste, impulsant le Frexit progressiste, unissant tous les patriotes républicains et affrontant sans merci l’oligarchie capitaliste toutes tendances confondues.
Sans doute le caractère radicalement populaire (et non populiste) du mouvement des Gilets jaunes a-t-il aussi constitué un retour du concret des luttes, bousculant ces affrontements de connivence Macron/MLP, Macron/Salvini, Macron/Orban dans lesquels on prétendait enfermer le débat il y a encore quelques mois.
Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF
Entre l’Union Européenne & l’Euro et le peuple, en Italie comme ailleurs il faut choisir
Par 327 voix pour et 228 voix contre, les députés italiens ont ratifié le 29 décembre 2018 la correction du budget italien imposé par la commission européenne et la banque centrale européenne. Choisissant de supprimer ou réduire à peau de chagrin les mesures phares que l’Union Européenne a invalidé. Dès l’annonce de la formation du gouvernement Di Maio Salvini, l’Union Européenne – bras politique supranationale imposant les ordres des « marchés financiers » ce euphémisme en vogue pour ne pas parler directement de la classe capitaliste – avait annoncé qu’elle ne laisserait pas changer une virgule de la politique d’austérité et de régression anti sociale menée sous sa férule ces dernières années. Sous pression, le gouvernement d’extrême droite italien avait déposé un budget 2019 satisfaisant aux critères des 3% de déficit public du traité de Maastricht, proclamant qu’il resterait dans l’UE mais insuffisamment austéritaire pour satisfaire totalement au programme fixé à Bruxelles et Francfort par l’Union Européenne et la BCE. S’en était suivi quelques rodomontades de Salvini, pour masquer qu’il retirait peu à peu les mesures retoquées par Bruxelles. Au final la semaine dernière, le Sénat italien adoptait un budget déjà largement réécrit par Bruxelles. Mais cela n’a pas suffit. C’est que la Commission Européenne, de par les traités a le pouvoir de dicter jusque dans les moindre virgule la politique de chaque gouvernement des états membres, et celà d’autant plus qu’ils ont été obligés à s’endetter massivement sur les marchés financiers privés à causes de l’Euro. Pour la première fois de l’histoire de l’Union Européenne Bruxelles a rejeté cette version initiale du budget. Dès le 19 décembre, le gouvernement italien cédait à la pression de l’Union Européenne. Ce qu’expliquait sans diplomatie le commissaire européen Dombrovskis « Le gouvernement italien a fait du chemin. Il y a quelques semaines nous entendions des discours offensifs [du gouvernement italien], mais d’intenses contacts ont permis de trouver une solution et d’éviter d’enclencher une procédure de déficit excessif ». Le commissaire européen Moscovici ajoutait « Nous avons fait la démonstration forte que nos règles fonctionnent pour rétablir le sérieux budgétaire » ajoutant alors « Nous demeurerons vigilants »
Les députés italiens ont donc été reconvoqués en urgence pour voter sur un budget que la plupart n’avaient même pas eu le temps de lire le 29 décembre. On ne peut pas dire que l’Union Européenne s’embarrasse de faire semblant de se plier aux apparences de la démocratie bourgeoise. L’opposition italienne crie à raison que ce budget n’est pas écrit de la main du gouvernement Conte mais rédigé à Bruxelles. On peut avec nuance observer que le gouvernement Conte Di Maio Salvini n’a pas eu de mal à réécrire sous la dictée de Bruxelles son budget sa priorité n’étant pas les mesures mises en avant dans les campagnes électorales pour ratisser le vote des électeurs italiens, mais » de rester dans l’Union Européenne ».
Le résultat n’est pas une petite modification de budget. Jugez plutôt. Le budget déposé par l’alliance avec l’extrême droite en Italie le 1er juin dernier s’appuyait sur deux hypothèse, un déficit budgétaire à 2,4% du PIB et une croissance 2019 à 1,5%. L’Union Européenne a imposé de ramener le déficit public à 2,4% et la prévision de croissance à 1%. Par ailleurs, Rome a été obligé de ramener à zéro sa prévision d’une relance structurelle de 0,8 % de son PIB (augmentation des déficits liée à des réformes structurelles). Ce qui revient à une coupe dans le budget de l’état Italien pour 2019 de plus de 10 milliards d’euros.
Etranglée par la monnaie unique, l’Italie a vu sa dette publique augmenter ces dernières années pour atteindre les 130% du PIB. L’Euro, qui est en réalité une monnaie allemande alignée sur l’ex Mark est en effet sur évalué massivement, plombant les économies italienne, française, espagnole, etc. Ce n’est pas ici une vue de l’esprit de quelques eurocritiques, mais bien une réalité économique qui est décrite jusque dans les publications du Fond Monétaire International (FMI), tel que l’édition 2017 du External Sector Report du FMI qui a calculté très précisement les écarts de taux de change:
Ampleur des appréciations/dépréciations des taux de change en cas de dissolution de la zone Euro
Ajustement moyen | Ajustement maximal (avec overshooting) | Ecart avec l’Allemagne(normal-Maxi) | Ecart avec la France(normal-Maxi) | |
France | -11,0% | -16,0% | 26-43% | – |
Italie | -9,0% | -20,0% | 24-47% | +2/-4% |
Espagne | -7,5% | -15,0% | 22,5-42% | +3,5/+1% |
Belgique | -7,5% | -15,0% | 22,5-42% | +3,5/+1% |
Pays-Bas | + 9,0% | +21,0% | 6-6% | +20/+37% |
Allemagne | +15,0% | +27,0% | – | +26/+43% |
Source : écart des taux de change réels dans le FMI External Sector Report 2017 et consultations d’experts des questions de change réalisées au début d’août 2017
http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2017/07/27/2017-external-sector-report et http://www.imf.org/en/Publications/Policy-Papers/Issues/2016/12/31/2016-External-Sector-Report-PP5057
Retraites et salaires ou Euro, il faut choisir ! Pour s’en sortir, sortir de l’UE et de l’Euro
Les pressions de l’Union Européenne ne sont pas des pressions comptables visant à garantir une solidité budgétaire face à des budgets hasardeux comme cela est présenté par la propagande habituelle des éditorialistes et économistes à gage des médias des milliardaires. Il s’agit à travers cette euro austérité d’imposer des choix politiques profonds imposant une guerre permanente pour baisser les salaires et pensions de retraites, faire voler en éclat les services publics, par étranglement des budgets publics disponibles pour que les Etats de l’Union Européenne puisse mener des politiques sociale et de redistribution envers les travailleurs. Une politique qui n’a que faire en réalité de la dette publique et du déficit public des états, mais qui visent exclusivement à maintenir les taux de plus value du Capital et à mettre à disposition et ouvrir par la privatisation des services et actifs publics de nouveaux marchés et de nouveaux capitaux pour la classe capitaliste à qui ils échappaient jusque là en raison de leur caractère public. Observons que jamais l’Union Européenne n’a censuré un budget d’Etat qui creuserait le déficit public par des cadeaux fiscaux aux entreprises multinationales et aux milliardaires, tels que les budgets Sarkozy Valls Macron qui en supprimant l’ISF ou instituant le CICE ou le bouclier fiscal ont donnés chaque années des dizaines de milliards d’euros aux plus riches. Démontrant par la même la nature de classe de l’Union Européenne pour ceux qui ont douteraient encore.
Le résultat de ce nouveau coup de force de l’Union Européenne en Italie c’est que le soit disant populiste attelage Salvini Di Maio a décide de désindexer de l’inflation les pensions de retraites supérieures à 1 500 euros nets par mois. Une mesure qui va se traduire comme c’est le cas en France par un effondrement des niveaux des pensions de retraites et qui va permettre de faire financer par les retraités italiens les mesures désormais de pur affichage voulues par le M5S d’abaissement de l’age légal de départ à la retraite. Pour financer l’abaissement des impôts des « autoentreprises » voulu par la ligue du nord, c’est le plan d’investissement qui a été mis en coupe réglé et les impôts sur les sociétés y compris et particulièrement sur les associations à but non lucratif sera en hausse.
D’ors et déjà la réponse populaire se prépare, les syndicats appelant à une journée de manifestation le 12 janvier contre l’attaque portée au système de retraite résultant directement des ordres données par l’Union Européenne.
Après le viol des non français et néerlandais de 2005, les chantages contre Chypre et la Grèce s’achevant par le viol du referendum de 2015, ce nouveau coup de force frappant l’Italie démontre que si les peuples veulent se sortir de l’austérité ils doivent sortir de l’Union Européenne du Capital. Pour cela, ils doivent tourner le dos aux à l’extrême droite qui tout en répandant une idéologie nationaliste xénophobe opposant les peuples préfèrent à la souveraineté populaire la dictature de l’Union Européenne du Capital. Salvini, Le Pen, Orban, Wildeers et Cie sont les alliés objectif des Renzi, Macron, Merkel et autres Juncker, au coté de qui ils accélèrent l’eurofascisation. Ils doivent donc être combattus.
JBC pour www.initiative-communiste.frn
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