9 JANVIER 2019
Les Gilets Jaunes subissent, depuis deux mois, une répression sans précédent. Du premier acte au septième s’est révélé le caractère répressif du régime Macron-UE-MEDEF. Plus le peuple maintenait de front son opposition à la casse des droits sociaux, plus l’autoritarisme capitaliste frappait. Semaine après semaine, le nombre d’interpellations n’a pas cessé d’augmenter, passant de 157 interpellations lors de l’acte II à 2.000 interpellations – pour un nombre faramineux de mille trois cent mises en garde à vue – au terme du sixième acte. Sans oublier l’arrestation inique de Christophe Dettinger tandis qu’un policier agissant comme Benalla n’est pas poursuivi !
Énormément de nos compatriotes ont été visés à la tête par des tirs de flash-ball et des tirs de grenades, mutilés ou éborgnés. Benoît, 28 ans, à Toulouse, a été touché au nez et à l’oreille, entraînant alors un traumatisme crânien, les travailleurs hospitaliers ont alors été contraints de le plonger dans un coma artificiel, il s’en est heureusement sorti. Un grand nombre de gilets jaunes ont perdu la vue : Vanessa, 33 ans, a eu l’orbite de l’œil fracturée, Fiorina, étudiante picarde de 20 ans, Arthur, 24 ans, Franck, 19 ans et un Ponot dans la commune d’Aiguilhe ne verront plus que d’un œil. Richie, Jérôme, Ramy, Jean-Philippe et Patrick ont perdu leur œil gauche à cause d’un tir de LBD 40, Jean-Marc et Alexandre, eux, leur œil droit. C’en est joué à de peu pour le documentariste Florent Marcie qui, à quelques centimètres près, aurait pu lui aussi perdre un œil. Ayhan, technicien à Sanofi, père de trois enfants a eu la main arrachée suite à un tir de grenade, Gabriel, apprenti chaudronnier de 21 ans, a lui aussi sacrifié sa main pour protéger son frère et son cousin aux Champs-Élysées, Maxime, lui, s’est retrouvé avec la main brûlée et a perdu l’ouïe définitivement. Hichem, Marien, et Nicolas ont eu la main fracturée. Coline et Jonathan ont été blessés aux bras. Sabrina, Mickael, Steve, Corentin, Micka ont été blessés aux jambes par des éclats de grenades GLI F4. Yann, Steven (lui a perdu connaissance après avoir été frappé à coup de matraques télescopiques et sa main en est sortie fracturée), Roméo ont tous eu un tibia fracturé. Manon, Janelle et Antonio ont été blessés par des grenades de désencerclement, de GLI F4 ou de LBD 40. Alexandra et Robin se sont fait tirer dessus à l’arrière de la tête. Et enfin, et c’est le plus triste, nous pleurons la perte d’une concitoyenne âgée de 80 ans, décédée des suites d’une grenade lacrymogène reçue – accidentellement – en pleine tête. Tout les cas effectifs de violences policières démesurées ne peuvent pas être mentionnés ici tellement ils sont nombreux. On décompte au total 1 407 manifestants blessés, dont plus de 70 grièvement. Les actuels médias sous régime de propriété capitaliste se gardent bien de relayer la publication de l’organisation de défense des droits de l’homme « Amnesty International » dénonçant un « usage excessif de la force lors des manifestations des gilets jaunes »(1). Hier, Édouard Philippe a annoncé qu’un nouveau dispositif sécuritaire serait mis en place pour permettre un « durcissement de la législation pénale dans un certain nombre de circonstances », en réalité, le gouvernement va appliquer aux gilets jaunes le même arsenal juridique (Loi sur le renseignement) qui avait été appliqué pour traiter le problème des hooligans – amalgamés avec les Ultras – on connaît donc le résultat : les gilets jaunes, comme les supporters ultras, subiront des mises en quarantaine préventives arbitraires des périmètres de manifestations, appelées des « IAM » (interdiction administrative de manifester). Le Sénat a adopté une loi liberticide qui intègre de manière définitive l’intervention préventive de manifester dans le droit commun. Pourquoi liberticide ? Parce que cette loi pourra être prononcée contre tout individu en relation avec un manifestant dont des faits de dégradations lors d’une manifestation ont été avérés. C’est tout simplement les risques d’une interdiction de manifester pour quiconque aurait une relation (quel soit amicale ou familiale) avec un benêt de black-block. Une sorte de maccarthysme démophobe s’installe progressivement. Le spécialiste de la question du maintien de l’ordre, David Dufresne sur son compte Twitter et dans les médias qui veulent bien lui donner la parole, n’arrête pas de donner l’alerte sur les sillons qu’emprunte les forces de l’ordre du pays. L’histoire ne repasse pas les plats mais force est de constater qu’il y a, depuis les années 80, systématiquement un engendrement réciproque entre la répression populaire et les mesures anti-sociales. Des 20.000 blessés, 11.000 arrestations et 6 travailleurs de la mine assassinés sous le régime de Tchatcher à la répression du régime macronien d’aujourd’hui, rien n’a changé. Les idolâtres du marché recourent systématiquement au resserrement autoritaire dès que les masses populaires décident de faire corps fasse à l’appauvrissement qui leur est imposé par le capital.
Le mouvement populaire éminemment politique des gilets jaunes rend le passage d’un discours de Jaurès (2) prononcé il y a un siècle plus que jamais d’actualité :
« Ce que les classes dirigeantes entendent par le maintien de l’ordre, ce qu’elles entendent par la répression de la violence, c’est la répression de tous les écarts, de tous les excès de la force ouvrière. C’est aussi, sous prétexte d’en réprimer les écarts, de réprimer la force ouvrière elle-même et laisser le champ libre à la seule violence patronale. »
– http://www.regards.fr/web/article/les-supporters-de-football-cobayes
(2) Retranscription du discours prononcé par Jaurès lors d’une controverse avec Clémenceau, paru dans ‘‘Le Socialiste de l’Ouest’’, organe de concentration des Forces Ouvrières et Paysannes, et du Parti socialiste n °49, le jeudi 21 juin 1906.