Le 15 janvier 2019, après 8 années de détention à La Haye, la Cour pénale internationale (CPI), estimant que la défense « n’avait pas besoin de davantage de preuves », a acquitté Laurent Gbagbo, ancien président de la Côte d’Ivoire, ainsi que son allié politique Charles Blé Goudé, de toutes les accusations de crimes contre l’humanité portées contre eux depuis 2011. En six ans d’instruction et deux ans de procès, l’accusation a été incapable de fournir la preuve des meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains qu’aurait ordonné Laurent Gbagbo lorsqu’il refusait de quitter le pouvoir en 2011 et l’installation à la tête de la Cote d’ivoire de son rival – très cher ami du président français d’alors et ex employé du FMI – Alassane Ouattara. Une intervention de l’armée française avait installé Ouattara au pouvoir dans ce qu’il faut bien appeler un putch militaire ordonné par Nicolas Sarkozy : une colonne blindée de l’armée française après que des hélicoptères de l’armée française aient bombardés la résidence du président ivoirien attaque le bâtiment et arrête Laurent Gbagbo.Immédiatement la diplomatie française le face inculper devant la CPI et emprisonner à La Haye. Laurent Gbagbo devrait être libéré, mais une audience doit encore avoir lieu pour en décider.
Les juges infligent une gifle retentissante pour la CPI et la France coloniale
M.Sarkozy, grand ordonnateur de la chute de Gbagbo, s’est déjà répandu sur une chaîne télé ou une autre pour clamer que ce n’était pas bien ! Il crie au scandale. « C’est une erreur historique de libérer Laurent Gbagbo. C’est une injustice très grave. Je n’en dirai pas plus », a-t-il fait immédiatement savoir. Il faut dire qu’à l’époque, la France – traduisez : le gouvernement de Sarkozy –, profitant de la crise post-électorale, avait employé toutes les pressions possibles pour faire tomber Laurent Gbagbo et le remplacer par son rival, beaucoup plus complaisant : diplomatiques, économiques (un embargo des pays de l’Union européenne contre la Côte d’Ivoire), financières (fermeture des banques, essentiellement des banques françaises), médiatiques. Et pour finir l’intervention des forces militaires françaises et des Casques bleus de l’ONU aux côtés des forces rebelles soutenant Alassane Ouattara, le « rival » du président sortant. Un rival que les Ivoiriens appelaient « le candidat du FMI ». Les faits reprochés à Laurent Gbagbo se seraient passés dans la guerre qui opposait l’armée ivoirienne aux rebelles pro-Ouattara venus du Burkina Faso et du Nord de la Côte d’Ivoire à la suite du résultat contesté de l’élection présidentielle de 2010.
Il va de soi que les faits reprochés à l’ancien président – des agressions contre des civils – ont été largement repris sans aucune vérification par les médias français, et ont servi de prétexte pour justifier l’intervention décisive de l’armée française et des troupes de l’ONU, suivie de l’arrestations spectaculaire et humiliante de Laurent et Simone Gbagbo.
Omnipotente en Côte d’Ivoire depuis la colonisation, la France s’était débrouillée pour y conserver, avant ce drame, son emprise et ses intérêts. Et pas qu’en Côte d’Ivoire, d’ailleurs. En effet, selon la société privée américaine de renseignement Stratfor, « Après leur indépendance, 12 pays [africains] ont signé des accords secrets de défense nationale avec la France. Les accords, qui n’ont jamais été rendus publics, permettent à la France de maintenir une présence physique dans les pays, en échange de la défense de leur souveraineté nationale [sic]… »
Il est facile de deviner quels sont les pays qui sont signé ces accords néfastes : le Maroc, le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, la Tunisie, le Tchad, la Côte d’Ivoire, la République centrafricaine, le Gabon et Djibouti. Quelques autres – selon ceux qui savent – ont été ajoutés plus tard à la liste : le Rwanda, le Burundi et le Zaïre (la République démocratique du Congo). Avant de quitter l’Afrique (et même après), la France a, telle une araignée, tissé sa toile autour de l’Afrique.
Mais la roue tourne : même si elle n’a pas renoncé à sa politique (néo)coloniale dans son arrière-cour africaine – et le président Macron semble en faire un de ses « points d’honneur », voir sa misérable intervention au Burkina-Faso où il enjoint avec mépris au président d’aller « réparer la clim’ » – l’influence de la France en Afrique, après celui de son rôle historique au Moyen-Orient (voyez la Syrie), part en quenouille. Rien n’est encore gagné pour les peuples africains soumis à la France, mais ils sont nombreux à secouer le joug.
Sauf que voilà, la CPI ne se rend pas : aux dernières nouvelles (17 janvier), elle a finalement suspendu la libération de l’ancien président ivoirien et de son fidèle bras droit, après appel du procureur. Jusqu’à ce que cet appel du Parquet contre sa libération soit entendu, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé doivent « rester sous la garde de la CPI ». Innocentés mais en prison.
Une leçon pour ouvrir les yeux sur l’usage impérialiste de la CPI, dont les procureurs sont aux ordres
Vae Victis malheurs aux vaincus, semble être le mot d’ordre des procureurs de la CPI. Ces derniers poursuivent avec acharnement les dirigeants des états – non réellement pour des crimes – mais parce que ces derniers présentent un unique tort, celui d’avoir refusé d’obéir aux ordres de l’impérialisme euro atlantique. Car c’est bien pour cela que Gbabo et Blé Goudé ont été embastillé, puisque des dizaines de dictateurs africain dont les mains ruissellent de sang et les coffres sont remplis par le pillage de leurs pays ne sont pas inquiétés. Eux sont les vassaux serviles de la france afrique et de l’impérialisme US. On observera que suite aux violences en Cote d’Ivoire, le camps des « vainqueurs » installés par l’armée française au pouvoir, n’a lui jamais été inquiété par la CPI. Par ailleurs, le principal état semant la guerre et les massacres sur l’ensemble de la planète, les Etats Unis, refuse de se soumettre à la CPI, tout en appelant la CPI à juger les dirigeants qu’il veut renverser au profit de ses pantins.
De fait la CPI n’est pas un instrument de justice. Elle apparait être une des armes pour menacer et faire plier les gouvernements légitimes des peuples souverains. Si vous n’obeissez pas, on vous inculpera devant la CPI est l’un des chantages désormais courant. Ces derniers mois c’est le Venezuela qui a été menacé. La Colombie voisine où les militaires et paramilitaires d’extrême droite pillent et massacrent, assassinent les militants politiques de la gauche elle n’est pas inquiétée.
Avec l’acquittement de Gbagbo déclaré innocent après avoir été embastillé pendant 7 ans sur ordre du régime Sarkozy, c’est bien une puissante gifle qui vient d’être infligée à tout ceux qui voudraient faire croire que le droit n’existe pas mais que l’ (in)justice des impérialistes peut être habillé du nom de cour pénal international.
Cette affaire est aussi un camouflet à tous les pseudo journalistes qui en France ont durant toutes les années de la crise ivoirienne puis depuis 7 ans répétés comme des perroquets les éléments de propagande servis par l’Elysées. L’affaire était pourtant bien plus compliquée. La première victime, outre la vérité, en aura été le peuple ivoirien, en but aux massacres bien réels d’une guerre civile commandité pour maintenir le pays en coupe réglée des multinationales. Ces commanditaires eux n’auront jamais été inquiétés par la CPI.
DG & JBC pour www.initiative-communiste.fr