Imaginons qu’à la frontière entre la France et l’ Allemagne, celle-ci décide de baptiser Alsace du nord, la partie allemande du Bade-Wurtemberg de Fribourg à Karlsruhe.
On pourrait supputer sans être paranoïaque quelque pensée irrédentiste.
Or c’est exactement ce qui se passe avec la « République de la Macédoine du Nord »avec la complicité du gouvernement de Tsipras devenu la serpillère de l’Union Européenne c’est-à-dire de l’ Allemagne tout particulièrement dominante dans les Balkans.
L’irrédentisme slavo-macédonien de Skopje, avec ses aspirations sur les territoires prétendument slaves en Grèce (Macédoine historique) et aussi en Bulgarie (Macédoine du Pirin) existe depuis fort longtemps au moins depuis que Tito essaya d’obtenir une sortie dans la méditerranée (dans le cadre d’une Fédération balkanique) en créant une République socialiste de Macédoine qui avait des revendications sur le territoire grec. Les nationalistes de Skopje, après la mort de Tito, firent la promotion des visées expansionnistes territoriales sur la Grèce (élaboration de cartes, manuels scolaires, livres d’histoire, etc., illustrant des territoires grecs sur le territoire d’une « grande » République Yougoslave de Macédoine). Sur le plan symbolique, les emblèmes de la Macédoine hellénique de l’ Antiquité comme le soleil de Vergina de Philippe et Alexandre le Grand (dix siècles avant l’arrivée des Slaves dans cette région) furent récupérés par les nationalistes de Skopje.
Le Grèce ne pouvait pas accepter une telle situation potentiellement extrêmement dangereuse.
Mais la perspective d’une adhésion de Skopje à l’UE et à l’OTAN, que l’ Allemagne soutient, a amené Tsipras, une fois de plus, à capituler. L’Allemagne, après avoir fait exploser et dépecer la Yougoslavie en soutenant les nationalistes croates, slovènes et après avoir avec les autres pays impérialistes et l’OTAN, écrasé la Serbie sous les bombardements, s’est emparé de la région qu’elle domine totalement. La France ayant servie de marche-pied à cette hégémonie en trahissant la Serbie, son allié historique dans les Balkans.
Reste que la « République de Macédoine du Nord » est une menace contre l’intégrité territoriale de la Grèce et une menace de déstabilisation de la région. En effet d’autres puissances régionales pourraient manipuler l’irrédentisme macédonien. On pense évidement d’abord à la Turquie qui a par ailleurs des exigences totalement contraires au droit international sur les eaux territoriales et l’espace aérien en mer Égée. On ne s’étonnera pas que les Grecs soient à 70% contre l’accord que le parlement grec vient d’approuver. Les Grecs ne sont pas effrayés en soi par Skopje et ses ambitions irrédentistes, mais par les forces étrangères qui pourraient utiliser ce nouvel État pour asseoir leur pouvoir sur la région et en particulier l’OTAN qui pourrait redessiner la carte de la région en fonction des intérêts impérialistes.
La Grèce a trop souffert, a été trop envahie, trop occupée pour que la moindre naïveté soit autorisée.
En revanche il faut dire clairement que c’est la droite(ND) et l’extrême-droite(AD) qui se sont engouffrées dans la brèche. La social-démocratie (Syriza) ayant une fois encore trahi le patriotisme populaire. Le nationalisme grec utilise cette situation pour préparer son retour aux affaires, les élections étant prévues en septembre 2019. Mobiliser entre 60.000 et 100.000 personnes à Athènes est incontestablement un signe d’adhésion que les sondages confirment.
Sous-estimer la question nationale dans un pays comme la Grèce qui fut occupée quatre siècles par l’empire ottoman et, depuis son indépendance (1820-1930), dominée par différentes puissances impérialistes et où le patriotisme est, par réaction, extrêmement puissant, serait une erreur historique.
Les forces progressistes grecques doivent se souvenir et helléniser la phrase célèbre du marxiste irlandais James Connolly : “La cause de l’Irlande est la cause du Travail, la cause du Travail est la cause de l’Irlande.”
Le KKE l’a bien compris qui a voté contre l’accord de Prespa qui vise l’expansion sans encombre de l’OTAN dans les Balkans occidentaux, la montée de la pression sur la Serbie pour adhérer à l’OTAN et à l’UE, et à la promotion du gouvernement de Tsipras en « appui politique et militaire des Etats-Unis le plus stable de l’arc géopolitique allant de la Pologne à Israël » selon les déclarations de l’ambassadeur américain à Athènes Geoffrey Pyat.
Rassemblements de masse militants contre l’accord Tsipras-Zaev, les plans de l’OTAN et le nationalisme
Point de vue et les actions du KKE, le parti communiste grec.
Des travailleurs, des jeunes et des retraités ont exprimé leur propre « non » à l’accord Tsipras-Zaev, aux plans des États-Unis, de l’OTAN et de l’UE, à l’irrédentisme et au nationalisme, ainsi que leur propre « oui » à l’amitié – solidarité et à la lutte commune des peuples, lors des rassemblements organisés par le KKE dans l’après-midi du jeudi 24 janvier.
Le Secrétaire général du CC du KKE, Dimitris Koutsoumpas, a pris la parole lors du rassemblement à Athènes, et immédiatement après son intervention une marche vers l’ambassade des États-Unis a commencé. Lorsque la tête de la marche est arrivée devant l’ambassade, les manifestants ont brûlé des drapeaux de l’OTAN, des États-Unis et de l’UE.
À Thessalonique, Sotiris Zarianopoulos, député européen du KKE et candidat à la mairie de Thessalonique, a fait une intervention lors du rassemblement, et ensuite une marche vers le consulat des États-Unis a eu lieu.
Une mobilisation similaire a eu lieu à Larissa.
Avec le KKE pour renforcer l’opposition du peuple aux plans impérialistes, à l’OTAN, à l’UE
« Nous sommes ici pour exprimer notre propre « Non » à l’accord Tsipras-Zaev et aux plans euro-atlantiques antipopulaires. Nous sommes ici pour exprimer notre propre «Oui» à la paix, à l’amitié et à la solidarité du peuple grec avec le peuple voisin. Ce matin, le vrai « non » et le vrai « oui » ont dominé l’Acropole, cet éternel symbole de la culture grecque et mondiale, faisant le tour du monde », a déclaré le Secrétaire général du KKE.
Il a également souligné que « le gouvernement de SYRIZA se prépare à voter sur l’accord de Prespa, qu’il a conçu, mis en œuvre et finalement signé avec le gouvernement de FYROM, à la demande de l’OTAN, des Américains et de l’UE, du grand capital, pour qu’ils mènent ses activités dans les Balkans » .
Enfin, il a souligné que « nous appelons les travailleurs, les chômeurs et les couches populaires à renforcer leur opposition aux plans impérialistes, à l’OTAN et à l’UE.
Lutter pour la fermeture des bases américaines de l’OTAN en Grèce, pour le désengagement de notre pays des unions impérialistes, pour que d’autres peuples n’entrent pas dans cette prison.
Prendre leur place dans la lutte avec les communistes, pour renforcer la solidarité et la lutte commune des peuples, pour suivre notre propre voie, avec notre propre pouvoir, le pouvoir ouvrier ».
25.1.2019