Dans les campagnes, dans les banlieues, les travailleurs de France le savent, l’euro austérité détruit les services publics un à un. Sous prétexte de rentabilité, et pour mieux les remplacer par des concurrents privatisés, dans la santé, l’éducation, les transports, les télécommunications ou l’énergie, les services publics sont réduits ou fermés.
En 30 ans 2/3 des maternités fermées
Il est un domaine particulièrement frappant, celui de la Santé. Entre 1978 et 2016, le nombre de maternités a été réduit de près de 1400 à moins de 500. Une maternité pour 70 communes. En France, les femmes de 15 à 40 ans sont plus de 10 millions. De une maternité pour 7300 femmes en 1975, la vague d’euro fermetures a fait réduire dramatiquement ce chiffre à 1 maternité pour 20 000 femmes !
C’est ce qu’indique une note de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la Santé (Drees), publiée en 2018 qui souligne que ce tsunami de fermetures de maternités s’est amplifié ces dernières années sous l’effet des euro réformes conduites par les gouvernements de Sarkozy, Hollande et désormais Macron. Elle frappe en premier lieu les établissements hospitaliers publics. A contrario le nombre de cliniques privées reste stable, témoins de la privatisation en cours de l’Hôpital.
Le nombre d’hôpitaux publics s’est réduit à 1.363 en 2017 contre 1.458 sites en 2013 (-7%). Pour les établissements privés à but non lucratif la baisse aussi est notable : 680 en 2017 contre 712 sites en 2013 (-4%). Mais c’est la stabilité pour les cliniques à but lucratif : 1.001 en 2017 contre 1.022 entités en 2013 (-2%).
Deux fois moins de lits en maternité pour un nombre de naissances stable
En ce qui concerne les maternités, le bilan 2018 des établissements de santé démontre leur raréfaction : 1 369 en 1975, 814 en 1996, 498 en 2016 (une division par deux en vingt ans et par près de 3 en 30 ans). Et le nombre de lits d’obstétrique a lui été « quasiment divisé par deux depuis trente ans », alors que la natalité « est restée dynamique au cours de toute la période, avec 710 000 à 800 000 naissances par an ». Car les fermetures de maternité ne s’accompagne pas d’une augmentation du nombre de places pour les femmes enceintes dans les établissements hospitaliers publics restants.
Les conséquences de ces euro réformes visant à privatiser l’hôpital public et réduire l’offre publique de soin sont dramatiques. L’étude publiée en janvier par la Drees démontre que 167 000 Françaises (1,5 % de la population) vivent dans un désert obstétrique, avec peu de sages-femmes et situées « à quarante-cinq minutes ou plus de la maternité la plus proche ». « Cette proportion s’élève à 5,4 % en retenant le seuil à trente minutes », ajoute l’organisme, soulignant que « le cumul d’une faible accessibilité aux unes [les sages-femmes] et d’un éloignement aux autres [les maternités] peut entraîner des difficultés de suivi de grossesse ».
Dans un département rural comme le Lot, en 2018 ce sont 17 accouchements qui ont eu lieu sur le bord de la route en raison de la fermeture des maternités de proximité.