« Nous voudrions de même que le journal fût en communion constante avec tout le mouvement ouvrier, syndical et coopératif. » c‘est par ces mots que Jean Jaurès définit le mot d’ordre de l’Humanité, le quotidien des travailleurs dans son premier numéro il y a 115 ans en 1904. En 1920, alors du congrès de Tours créant le parti communiste français (SFIC), l’Humanité est le journal des communistes. L’Humanité est diffusé à plus de 100 000 exemplaires. Sa diffusion atteint les 500 000 exemplaires durant le Front Populaire. Constamment réprimé – le journal est notamment visé par le décret Laval des années 1930 visant déjà les « fausses nouvelles » – l’Humanité est interdite en 1939. Mais les communistes font paraître près de 400 numéros clandestins durant la seconde guerre mondiale. Journal du parti communiste, l’Humanité porte la voix des travailleurs, de la paix, de la décolonisation. En 1956, avec le soutien de la police, des fascistes tentent d’incendier le journal, sans réussir à interrompre la parution de l’Humanité, trois militants communistes sont tués en défendant le journal.
Au début des années 1990, alors que la direction liquidatrice du PCF accélère la mutation, le 28e congrès du PCF décide de retirer la mention organe central du PCF, puis toute mention d’un lien avec le PCF est retirée en 1999. Les ventes du journal s’effondrent, le tirage diminue à 50 000 numéros. En 2000 l’Humanité ouvre son capital; les difficultés financières se répètent. En 2018, l’Humanité vend moins de 32 000 numéros par jour. Le 7 février 2019, le journal est placé en redressement judiciaire. Des appels à la mobilisation, une souscription sont lancées. Avec l’Humanité, c’est le dernier quotidien relativement indépendant des puissances d’argent qui est menacé. Le PRCF, la rédaction d‘Initiative Communiste appellent à soutenir le journal.
À propos de la situation à L’Humanité – Communiqué du PRCF, 12 février 2019
Fondée par Jaurès et devenu, pendant toute une période combative et glorieuse, grâce aux Cachin, Vaillant-Couturier, Péri, Sempaix, Fajon, Andrieu, Alleg, etc., l’organe central du Parti Communiste Français, L’Humanité est menacée de disparition.
Cette situation résulte d’abord de causes structurelles : recul permanent de la presse en général et de la presse d’opinion en particulier dans un paysage médiatique capitaliste orienté vers le conditionnement des esprits, vers la « com », la « pub », la désinformation, la domination de l’image et de l’immédiat, le concassage des repères de classe et républicain, voire le recul général de la lecture et des « Lumières ».
Causes directement politiques aussi : non seulement le communisme et le progressisme sont combattus, censurés, diffamés soir et matin dans les médias et les manuels d’ « histoire » officiels, mais depuis sa « mutation », la direction du PCF a fait le pari opportuniste et absurde à la fois de dissocier le journal du parti, d’effacer l’emblème ouvrier et paysan de la manchette de l’Huma, de relayer les campagnes antisoviétiques dans les colonnes du journal, d’y proscrire l’expression des marxistes-léninistes, de privilégier les confessions petite-bourgeoises de toutes natures, de renoncer à tout appel à exproprier les capitalistes et à sortir la France de l’UE supranationale ; la direction du Parti, suivie par celle, prétendument indépendante, du journal, a donc pris le risque d’affaiblir décisivement le journal dans la classe ouvrière et dans le corps militant lui-même. Pas seulement chez cette majorité de communistes qui n’est plus cartée au PCF muté, mais aussi chez bon nombre de militants du PCF qui, manifestement, ne vendent pas, voire ne lisent même plus l’Huma actuelle !
Pour autant le PRCF ne se désintéresse pas du sort de l’Huma. D’abord parce que les militants du PRCF sont solidaires des salariés plongés dans l’angoisse (idem pour « La Marseillaise »). Ensuite, parce que la disparition d’un journal qui, sans être, loin s’en faut, communiste et marxiste-léniniste, n’en demeure pas moins un relais des résistances au néolibéralisme, serait un mauvais coup supplémentaire pour les progressistes de ce pays et une excellente nouvelle pour les réactionnaires, les fascistes et les impérialistes.
C’est pourquoi, tout en appelant tous les communistes à lire et à faire connaître le mensuel du PRCF, Initiative communiste, la revue théorique Étincelles et le site www.initiative-communiste.fr , le PRCF regarde avec sympathie l’effort de mobilisation militant qui se déploie pour tenter de sauver l’Humanité. Symboliquement, et bien que JAMAIS DEPUIS QUATORZE ANS, l’Huma n’ait relayé UNE SEULE activité associée au PRCF (si l’on excepte le stand du PRCF à la fête de l’Huma, où le PRCF est présent à titre payant), fût-ce une publicité payante, le PRCF verse symboliquement 100 € à la souscription ouverte pour la sauvegarde d’un journal que tous les fondateurs de notre organisation ont diffusé durant des dizaines d’années, y compris sous l’Occupation pour les plus anciens d’entre nous.
Pour le PRCF,
- Léon Landini, président du PRCF, ancien officier FTP-MOI, Médaille de la Résistance, officier de la Légion d’honneur
- Pierre Pranchère, vice-président du PCF, ancien FTPF corrézien, ancien député du PCF
- Jean-Pierre Hemmen, fils de Fusillé de la Résistance, directeur politique d’« Étincelles »
- Georges Gastaud, directeur politique d’ « Initiative communiste »
- Vincent Flament, rédacteur en chef d’Initiative Communiste
Soirée de mobilisation pour l’Humanité – 22 février 2019 – Montreuil
Le 22 février une soirée de soutien est organisée à Montreuil
https://www.humanite.fr/mobilisation
L’Humanité a lancé une souscription
https://www.humanite.fr/mobilisation-humanite-souscription-exceptionnelle-667137