Déclaration du secrétariat du PRCF – Le 17 février 2019
Faisant suite à une recrudescence d’agressions physiques, la récente série de provocations antisémites, vraisemblablement orchestrée par l’extrême droite néonazie (croix gammées sur les portraits de feu S. Veil), soulève à juste titre l’inquiétude et le dégoût.
Cette vague d’antisémitisme ne doit pas être banalisée dans une Europe où l’extrême droite raciste domine tout l’Est de l’Europe, où de francs nostalgiques de Hitler, de Mussolini, du Régent Horthy, de Mgr Tiso, adoubés par l’UE comme si de rien n’était, tiennent les rênes du gouvernement à Vienne, Rome, Budapest, Kiev, Zagreb et dans les pays baltes, et où 90 députés néonazis siègent désormais insolemment au Bundestag. En France même, il a fallu subir non seulement la banalisation en longue période du négationnisme historique par le FN (souvenons-nous de François Duprat, l’un des fondateurs du FN qui faisait l’apologie du négationnisme, du « point de détail de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale » de Le Pen, ou encore de son jeu de mots obscène « Durafour crématoire », etc.), mais aussi les propos indécents d’un président, de l’actuel président de la République « progressiste » : n’eût été la protestation générale que ses premières déclarations avaient salutairement provoquées, le chef de l’État était tout disposé à honorer la mémoire du « maréchal » Pétain le 11 novembre 2018, ignorant en cela le jugement solennel qui a cassé le traître Pétain – auteur du premier statut des Juifs le 3 octobre 1940, trois semaines avant de serrer la main de Hitler ! – de tous ses grades militaires et ordres civils en 1945.
Malheureusement, au lieu d’appeler tous les républicains à s’unir sans arrière-pensées contre ces criminelles abjections antisémites, le pouvoir et les médias à sa botte exploitent mesquinement cet odieux épisode pour criminaliser le mouvement populaire des Gilets jaunes que d’aucuns osent pointer du doigt parce que, critiquant très légitimement l’ordre établi et les « élites », ce mouvement aurait du même coup ouvert les vannes de l’antisémitisme (!).
L’amalgame est odieux : non seulement il tend à diaboliser, une nouvelle fois, toute forme de contestation sociale, mais il rabat sournoisement vers l’antisémitisme en faisant droit à l’amalgame « juifs = ordre établi = élites » (sic), qui nourrit stupidement l’antisémitisme depuis des siècles. Dans aucun des textes publiés par des Gilets jaunes s’exprimant collectivement, on ne trouve l’amalgame antisémite classique, véritable « socialisme des imbéciles » (Bebel) consistant à assimiler les juifs au capitalisme : comme s’il n’y avait pas de prolétaires juifs – par ex. ceux qui ont combattu dans les rangs des FTP-MOI sous les ordres du PCF clandestin ! – comme il existe des capitalistes non-juifs qui, à l’instar du « bon Français » Louis Renault, ont très profitablement collaboré avec les nazis pour fournir des armes à la Wehrmacht. Pour les communistes, mais aussi pour tous les progressistes tant soit peu conscients des réalités du monde actuel, la société ne se divise pas, politiquement parlant, en juifs et non-juifs, ni en musulmans et non-musulmans, ni « en Français de souche » et en « Français issus de l’immigration », pas plus qu’elle ne se divise entre hommes et femmes ou en hétérosexuels et homosexuels, mais bel et bien entre exploiteurs et exploités, oppresseurs et opprimés, États impérialistes et peuples opprimés, et cela quelles que soient les religions respectives des parties en conflit.
En réalité, le noble et courageux mouvement des Gilets jaunes revendique explicitement la « justice sociale », l’augmentation sensible du pouvoir d’achat populaire, la justice fiscale, le grand retour des services publics, la démocratie directe POUR TOUS, toutes revendications qui devraient mobiliser l’ensemble des citoyens attachés aux valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Celles et ceux qui essaient misérablement de diaboliser ce valeureux mouvement de résistance à la casse sociale ne sont donc que de méprisables manipulateurs cherchant par tous les moyens, répression policière sanglante, justice de classe aveugle, diffamation médiatique, « grand débat » sous influence macroniste, à briser un mouvement social massif et déterminé qu’ils ne parviennent toujours pas à juguler.
Quant à l’amalgame non moins odieux qui est pratiqué, initialement à l’initiative du grand « patriote » Manuel Valls (lequel a ouvert le tapis rouge au boucher Netanyahou venant dire aux Français juifs de migrer en Israël !) – et de ses suiveurs de la Macronie, entre militants de gauche anticapitalistes et extrême droite antisémite, ou encore entre antisémites et amis du peuple palestinien, il relève d’un méprisable procédé politicien visant à diaboliser l’adversaire politique. Rappelons que le communisme moderne est né de la pensée de Karl Marx, auquel ses censeurs les plus méprisables ont assez reproché ses origines juives, que durant l’affaire Dreyfus, c’est la gauche, et spécialement Jean Jaurès, qui ont porté le noble combat pour la justice contre la droite antisémite, et que durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis et les vichystes qualifiaient les communistes engagés dans la lutte armée de « judéo-bolcheviks ». Alors que les communistes juifs combattants mouraient pour la patrie, la masse de la droite « nationaliste » et maréchaliste faisait de juteuses affaires avec l’Occupant génocidaire. En Israël même, de courageux militants et intellectuels progressistes juifs, religieux ou laïques, dénoncent avec une juste virulence la politique d’un État notoirement raciste, extrémiste de droite et colonialiste ; un État qui trahit les martyrs du génocide hitlérien en opprimant sans fin le peuple palestinien, en discriminant très officiellement les Israéliens non juifs (cf. la loi récente édictée par Netanyahou pour ériger Israël, où vivent pourtant de nombreux Israéliens musulmans, en un « État national juif »), en bafouant avec arrogance les résolutions quasi unanimes de l’ONU sur l’État palestinien. Et ces infamies sont mises à exécution avec le plein soutien de Washington et sans la moindre prise de distance sérieuse de l’UE et de Macron, grand ami de son « cher Bibi » : au contraire, en France, les partisans du boycott des marchandises israéliennes produites dans des territoires colonisés dans des conditions relevant de l’apartheid et de la surexploitation caractérisés, sont odieusement traînés en justice ! En réalité, les véritables amalgameurs sont Washington, l’UE et Macron, qui ose même proclamer que « l’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme ».
Le Pôle de Renaissance Communiste en France, dont le président a combattu dans la guérilla urbaine et les maquis du Bataillon FTP-MOI Carmagnole-Liberté, une unité héroïque où les jeunes juifs communistes et non communistes étaient nombreux, ne peut donc que condamner sans aucune réserve l’antisémitisme sous quelque forme et sous quelque prétexte qu’il s’affiche.
Le PRCF n’en soutiendra que davantage les Gilets jaunes en lutte en tant qu’ils s’affirment collectivement pour une République sociale, souveraine, solidaire et fraternelle.
Plus que jamais, le PRCF soutient et soutiendra les jeunes Palestiniens héroïques qui, dans le même esprit combatif que ceux qui combattirent naguère l’oppresseur aux côtés des glorieux FTP-MOI et des FTPF, résistent à l’occupation israélienne discriminatoire, barbare et terriblement sanglante ; de même soutient-il sans réserve les forces progressistes et laïques qui, en Israël même, combattent la colonisation et affrontent le fascisant Netanyahou et ses alliés de l’extrême droite fasciste comme Avigdor Lieberman, qui appelait ouvertement à « décapiter à la hache » tous ses adversaires !
Le PRCF invite donc les communistes, les antifascistes et les progressistes de France, non pas à abonder les manifestations équivoques et politiciennes du pouvoir et de ses suiveurs, mais à se rendre devant les plaques commémoratives de nos villes honorant des résistants juifs ou non juifs pour y déposer des fleurs, y condamner l’antisémitisme et y chanter ensemble la Marseillaise, l’Internationale et le Chant des partisans.
Pour le secrétariat national du PRCF, le 17 février 2019
Léon Landini, président du PRCF, ancien officier des FTP-MOI de Carmagnole-Liberté, Grand Mutilé de Guerre, Médaille de la Résistance, Officier de la Légion d’honneur
Georges Gastaud, fils de Résistant, philosophe, secrétaire national du PRCF et Fadi Kassem, agrégé d’histoire, membre du secrétariat national du PRCF
S’associent à ce texte, Annie Lacroix-Riz, petite-fille de déporté juif assassiné à Auschwitz, professeur émérite d’histoire contemporaine et Gisèle Jamet, professeur d’histoire.
L’union Juive Française pour la Paix lance un appel à la mobilisation contre l’antisémitisme et dénonce son instrumentalisation
Contre les actes antisémites, contre leur instrumentalisation, pour le combat contre toutes les formes de racisme – UJFP
Nous soussignés associations, partis, syndicats, indépendants, sommes toutes et tous activement impliqués dans la lutte contre le racisme sous toutes ses formes. La lutte contre l’antisémitisme fait partie à part entière de notre combat antiraciste. Nous condamnons fermement les actes antisémites, qui surgissent dans un contexte social et politique particuliers.
Malgré l’ampleur du dispositif de répression policière et judiciaire déployé contre les Gilets jaunes par l’État, le mouvement continue de bénéficier d’un fort soutien populaire. Il n’est pas homogène et révèle une effervescence sociale. Face à un gouvernement déterminé à ne pas répondre aux attentes sociales, il reflète la société française et ses contradictions et a largement évolué dans ce qu’il porte depuis le mois de novembre.
La séquence que nous vivons est par conséquent confuse. Si des éléments d’extrême-droite sont encore présents, le mouvement montre bien qu’ils sont loin d’être hégémoniques et capables d’en prendre le contrôle, en l’état actuel. Politiquement, mais aussi physiquement, les groupes d’extrême-droite sont mis à l’écart, comme cela a pu être constaté à Lyon, Paris, Toulouse ou encore Bordeaux. Plus le mouvement perdure, plus l’espace auquel l’extrême-droite pouvait prétendre durant les premières semaines semble se rétrécir. Parallèlement, les contacts et convergences avec des syndicats, des collectifs antiracistes, de sans-papiers, de soutien aux migrants se renforcent.
Les tags antisémites du week-end du 9 Février comme la dégradation du lieu de mémoire d’Ilan Halimi s’inscrivent dans le contexte de cette période de brouillage politique et informatif. Une période qui favorise la résurgence d’un racisme identitaire rappelant celui de l’entre-deux guerres. Ces actes antisémites portent bien la signature idéologique de l’extrême-droite nostalgique du nazisme (croix gammés, croix celtiques, « juden » etc.). Ils témoignent de la progression de la dialectique d’extrême droite à l’échelle nationale et planétaire dans un contexte d’aggravation des inégalités sociales. Or le gouvernement et ses alliés ont choisi d’instrumentaliser ces actes contre les Gilets jaunes, dénonçant leur supposée violence, antiparlementarisme et antisémitisme.
Pourtant, c’est bien ce gouvernement qui, récemment, entreprenait de réhabiliter le Maréchal Pétain, chef du régime collaborationniste de Vichy. C’est bien cette même classe politique qui trouvait si peu à redire des hommages rendus à Maurras ou à Céline, écrivains violemment antisémites. L’antisémitisme est une affaire bien trop grave pour la laisser à celles et ceux qui, jour après jour, s’emploient à stigmatiser et à réprimer les minorités. Le sommet du cynisme est atteint lorsque, déjà, nous pouvons percevoir le glissement dangereux consistant à attribuer la montée de l’antisémitisme au « communautarisme musulman », comme n’a pas manqué de s’y adonner un Eric Ciotti hélas pas isolé. Le racisme structurel n’est ni le fait des Gilets jaunes, ni le fait des minorités. Il est celui de l’État qui organise une société inégalitaire et violente.
Nous n’acceptons pas la manipulation dégradante de la lutte antiraciste par tous ceux qui, le plus souvent, ont favorisé le racisme. Nous luttons contre le racisme sous toutes ses formes, nous n’oublions pas non plus tous les actes racistes et toutes les violences policières islamophobes, négrophobes, rromophobes, visant les asiatiques, les personnes LGBT. Ce que disent les chiffres depuis des années tient en une phrase : le racisme avance en France et en Europe. Nous ne manifesterons pas ni ne participerons à la grand-messe organisée par les forces et partis politiques, ceux qui se disent progressistes avec ceux qui s’inscrivent contre le mouvement social, et qui affirment ensemble : « le racisme, ce n’est pas la France. » Cet « antiracisme », vidé de sens social et politique, est celui des pompiers pyromanes. L’antiracisme que nous revendiquons reconnaît la responsabilité politique du gouvernement français et des forces politiques alliées qui défileront avec lui. Manifester contre le racisme avec ceux qui, LREM en tête, en sont responsables et l’instrumentalisent relève pour nous de la contradiction et de la faute politique. Nous affirmons que cela ne peut être que contre-productif.
Nous ne nous laisserons pas prendre en otage entre les instrumentalisations du gouvernement ou celles des officines et ambassades poursuivant un agenda n’ayant rien à voir avec le combat contre le racisme et l’antisémitisme. Notre refus de la haine antisémite comme de toutes les haines raciales nous l’exprimerons sur un terrain dégagé de tout ce qui produit et entretient ces haines. Le mouvement anti-raciste ne servira pas de caution pour salir les Gilets jaunes. La période est dangereuse nous en sommes conscients, et une sortie de crise qui se contenterait de rétablir l’ordre, serait porteuse de conversion à la haine raciale et au fascisme. Les mobilisations exigent des réponses sociales et démocratiques. La responsabilité gouvernementale est totalement engagée.
Nous appelons à manifester contre les actes antisémites, contre leur instrumentalisation, contre le racisme sous toutes ses formes :
Mardi 19 février à 19h
Place Ménilmontant Paris 75020
(M° Ménilmontant)
Premiers signataires : UJFP, PIR, Collectif Rosa Parks, ATMF, FTCR, Femmes plurielles, Fondation Frantz Fanon, AFPS 63, Action Antifasciste Paris-Banlieue, FUIQP, Argenteuil Solidarité Palestine, AFPS Paris-Sud, Comité Adama, CEDETIM/IPAM, AFD International…
Personnalités : Ivar Ekeland (mathématicien), Ahmed Abbes (mathématicien), Sonia Dayan-Herzbrun (sociologue), Stathis Kouvelakis (philosophe), Julien Thery (historien), Maryse Tripier (sociologue), Véronique Bontemps (anthropologue), Gustave Massiah (économiste), Catherine Samary (économiste), Judith Bernard (metteure en scène), Dominique Grange (artiste chanteuse), Alain Gresh (journaliste), François Gèze (éditeur), Barbara Glowczewsky (anthropologue), Geneviève Sellier (professeur emerite), Patrick Simon (démographe), Nicolas Frize (compositeur), Yves Chilliard (biologiste), Michel Harris (mathématicien), Taoufiq Tahani (mathématicien, président d’honneur de l’AFPS), Ugo Palheta (sociologue), Laurent Lévy (essayiste), Saïd Bouamama (sociologue), Kader Attia (écrivain), Isabelle Cambourakis (éditrice), Alima Boumediene Thiery (avocate), Dominique Vidal (historien et journaliste), Olivier Le Cour Grandmaison (universitaire), Didier Epsztajn (animateur du blog « entre les lignes entre les mots »), Patrick Silberstein (mèdecin et éditeur), Alain Cyroulnik (éducateur syndicaliste), Philippe Cyroulnik (critique d’art), Bernard Dreano (militant associatif), Thierry Labica (études britanniques), Marie Hélène Bacqué (sociologue), Rony Brauman (médecin et enseignant), Hubert Krivine (physicien), Ron Naiweld (historien), Daniel Mermet (journaliste), Irène Jami (professeure d’histoire), Alain Bertho (anthropologue), Armelle Andro (démographe), Michel Maric (économiste), Julien Talpin (sociologue)…
Non à la haine, non au racisme, non aux amalgames
http://www.france-palestine.org/Non-a-la-haine-non-au-racisme-non-aux-amalgames
Un petit groupe de personnes s’en est pris personnellement à Alain Finkielkraut en marge d’une manifestation à Paris le samedi 16 février. Les vidéos mettent en évidence des propos racistes et d’une extrême violence qu’il appartiendra à la justice de qualifier.
L’Association France Palestine Solidarité condamne ces faits inacceptables, comme elle condamne toute manifestation de haine ainsi que le racisme sous toutes ses formes, notamment l’antisémitisme et le racisme anti-arabe. Elle condamne également les provocations et amalgames et notamment ceux dont Alain Finkielkraut est coutumier.
Tout en rappelant son opposition au sionisme en tant qu’idéologie dont les Palestiniens sont les premières victimes, l’AFPS réfute catégoriquement l’utilisation du terme « sioniste » associé à des propos injurieux visant des personnes. Elle réfute de la même manière tous les amalgames, notamment ceux qui sont portés par le gouvernement israélien et ses soutiens inconditionnels pour tenter de faire taire celles et ceux qui dénoncent ses crimes. Toute tentative d’instrumentalisation des derniers événements pour assimiler l’antisionisme, qui est une opinion politique, à l’antisémitisme qui est un délit, serait une grave atteinte à la liberté d’expression et irait à l’exact opposé d’une lutte sincère contre l’antisémitisme.
Le combat que nous menons pour les droits du peuple palestinien, avec de nombreuses autres organisations de la société civile en France et dans le monde, n’a rien à voir avec ces discours de haine. C’est un combat qui a vocation à nous unir sur les valeurs communes que sont le droit, la justice, la reconnaissance de l’Autre et le refus de la loi du plus fort.
Le Bureau national de l’Association France Palestine Solidarité
17 février 2019
Désolé, je n’irai pas manifester avec les sionistes nazis!