En France, pour le 15e samedi consécutif les gilets jaunes vont manifester dans toute la France. Parmi leurs revendications, la démocratie directe et notamment le Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC), deux propositions portées depuis des années par les communistes – elles figurent dans le programme du PRCF depuis toujours par exemple – et qui si elles sont absentes de la plupart des régimes capitalistes occidentaux sont déjà en application dans certains pays.
En matière d’écriture de la constitution, Cuba montre l’exemple avec le processus de révision de sa loi fondamentale qui est en cours et qui va se conclure par un referendum ce 24 février 2019.
En effet, Cuba Socialiste illustre ce qu’est un processus démocratique impliquant directement l’ensemble des citoyens, avec la façon dont la constitution est révisée. Nous sommes loin ici des coups de forces de Macron, Sarkozy et cie sous les institutions autoritaires de la Ve Rep. Qui décident par exemple de changer la constitution en violation du referendum contre la constitution européenne du 29 mai 2005. Qui s’appuie sur un parlement aux ordres pour dire oui à ce à quoi les Français ont dit clairement non dans les urnes.
Surtout c’est par referendum, c’est à dire par un vote direct que les cubains vont décider d’approuver ou non la révision constitutionnelle. A l’opposé du pouvoir autoritaire, monarchique de Macron, imposant par la force des LBD40 et autres GLIF4 les ordres données par l’Union Européenne et le grand patronat du MEDEF
JBC pour www.initiative-communiste.fr
La démocratie cubaine, un modèle pour les Gilets jaunes ?
Ce samedi 9 février, une cinquième personne perdait sa main lors d’une manifestation des Gilets jaunes dans la très démocratique France macronienne… Celle qui n’interdit ni le flashball, ni le glyphosate, qui fouille chez les opposants politique tandis que de vrais délinquants ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
Voyez-vous, quand notre délégation JRCF a visité Cuba socialiste, elle a été saisie du contraste entre la soi-disant « dictature » cubaine (que l’on qualifie dès fois de castriste (1)) et la soi-disant démocratie française de la Cinquième République. J’ose même dire que la démocratie recherchée par les Gilets jaunes, les cubains l’ont et la défende tous les jours des manoeuvres impérialistes nord-américaines.
Je vais maintenant expliquer pourquoi.
- Les élections à Cuba
D’abord, brisons un mythe : il y a un PC à Cuba et il est le parti unique, mais il ne présente pas de candidat et la loi le lui interdit. C’est pour cela qu’en 2015, 30% des membres de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire n’était pas issu du Parti communiste, et ce chiffre atteint presque 50% dans les conseils communaux.
Il y a donc plusieurs institutions à Cuba : entre autres les deux évoqués juste avant, nous avons les conseils provinciaux.
Venons-en aux candidatures : elles sont obligatoirement présentées et confirmées par la population du district local. Pour préciser, un district électoral cela représente 2000 électeurs, donc autant dire que l’élu est une personne proche des habitants.
Ensuite, les listes pour les élections aux conseils provinciaux ou pour le Parlement se font au sein des commissions électorales.
Qu’est-ce donc que ces commissions électorales ? Elles sont composées des syndicats, des organisations de paysans, des organisations d’étudiants, de femmes, etc, en bref, du peuple dans toutes sa diversité, qui intervient pour former les listes électorales. Quelle institution de base en France peut en dire autant ? Quelle institution permet au peule, en France, d’avoir une telle place et une telle importance dans le déroulement des élections ?
Comment se passe la campagne d’un candidat ?
Juste un CV et une photo. C’est tout. Rien de plus, rien de moins. Les candidats ont tout au plus le droit de prendre la parole à l’assemblée publique du district électoral local. Toute campagne personnelle est interdite. Cela évite à Cuba de subir les pompeux rituels des élections avec des slogans du type « La France forte » ou « Le changement c’est maintenant ».
Et les privilèges des élus ?
Figurez-vous qu’ils ne sont pas payés et même ils continuent à travailler à côté, c’est ce qui leur permet de vivre. Ils peuvent tout au plus obtenir une dispense seulement de travail dans le cadre de leur activité parlementaire. En plus de cela, la réunion tous les six mois de district peut demander des comptes à l’élu, voire le destituer.
2) L’implication de la population
Il est vrai, il faut aussi que la population s’implique dans ces assemblées. Et justement, c’est ce qu’elle fait !
Prenons l’exemple de la réforme constitutionnelle, c’est près de 8 millions de personnes qui ont participé au processus et ayant amené à la refonte de près de 60 % du texte initial proposé à la population par le Parlement cubain. Nous avons déjà pu entrevoir cette réforme au travers d’un entretien avec le camarade José Maury, responsable des relations internationales de l’UJC, mais vraiment, est-ce là une dictature alors qu’en France la prochaine réforme constitutionnelle vise à donner moins de pouvoir aux élus et le Grand « débat » national est fait de tel sorte que l’on ne puisse vraiment pas débattre, sauf de manière insignifiante, puisque « le cap sera maintenu » ?
Plus généralement, comment à Cuba fait-on pour encourager la participation ?
D’abord, en donnant un niveau d’éducation suffisant au peuple pour qu’il acquiert de lui-même une culture politique pour pouvoir débattre. Rappelons que Cuba est l’un des pays avec les meilleures taux de réussites scolaire. Plus encore, et c’est un élément revenant souvent à travers nos échanges avec les membres de l’UJC, le meilleur moyen de construire le socialisme, c’est l’apprentissage de l’esprit critique, afin que chacun puisse réfléchir par lui-même sur ce qu’il entend et sur les images qu’il voit. La construction d’un individu éclairé sur le monde (2).
En parallèle à l’acquisition de cet esprit critique, plusieurs choses sont mises en place pour que les individus soient intégrés à la vie politique. Par exemple, au sein de l’Union des Jeunesses Communiste de Cuba ou des Brigades Techniques des Jeunes, on organise des débats politiques, on leur fait faire des tâches urgentes, du travail d’aide social, cultiver la terre, se rendre auprès des populations rurales afin de mieux connaître leur problème et bien d’autres choses encore. Même sur les lieux de travail, on essaye de faire participer les employés des sociétés d’Etat à la discussion des documents, à la prise de décision ou tout simplement qu’ils s’impliquent en assurant une meilleure productivité. C’est encore plus vrai dans les systèmes des coopératives, très performantes à Cuba (3).
Enfin, les cubains n’adoptent pas au sein de leur Parlement le même système occidental du type majorité/opposition. L’idée c’est de chercher une base d’unité dans les décisions, afin de satisfaire le plus grand nombre. Pour certaines mesures importantes, les discussions peuvent atteindre un an, et si cela n’aboutit pas à un choix convenable pour tous, le projet ne passe pas.
3) L’homme nouveau
Le Che parlait avec vigueur de l’homme nouveau (par exemple dans Le socialisme et l’homme à Cuba en 1965), c’est-à-dire l’homme vraiment libre, conscient, vertueux et détachés de l’argent. Un homme matérialiste mais pas dans le sens capitaliste. Un homme nouveau qui n’est rien d’autre que l’homme communiste, celui qui travail et abolit la division sociale du travail.
Pourquoi en parler ? Mais parce que ce concept est toujours vivant à Cuba. Tout au long de notre voyage, les différentes personnes avec qui nous avons parlé, notamment des membres du PCC, nous ont dit que quoi qu’il arrivât, ils essayaient toujours de construire cet homme nouveau à Cuba. Une personne libre, vraiment humaine. Certes, comme ils le reconnaissent, avec la « période spéciale » cette conception a reculé tandis qu’on voyait le retour de la prostitution et de la corruption. Ces maux n’ont pas disparu aujourd’hui, mais pas à pas ils luttent, notamment à travers l’apprentissage de l’esprit critique et par les tâches confiées aux jeunes, pour faire avancer cet idéal d’homme nouveau.
Cuba et la France macronienne c’est un contraste saisissant !
Rajoutons à cela que les cubains ne meurent pas de faim (l’Etat garantie à tous le monde de pouvoir recevoir de la nourriture), personne ne peut être expulsé de chez soi (quand bien même on aurait un loyer à payer dont on ne s’acquitte pas) et enfin, la police n’est pratiquement pas armée et ne doit les utiliser qu’en dernier recours (on aimerait vraiment la même chose en France).
D’un côté de l’Atlantique, une république socialiste dont les principes sont soutenus par le peuple et où ce dernier accorde une grande confiance à son président et de grands espoirs dans l’avenir de son pays. De l’autre, une république capitaliste, des institutions gorgées de ploutocrates et un mépris présidentiel envers le peuple qui ne voit plus en ce chef d’Etat qu’un pantin de l’UE et des lobbys industriels qui détruisent les services publics, l’environnement, les salaires et les retraites pour se goinfrer des profits sur le dos des travailleurs.
Le jour et la nuit en somme…
- Avant sa mort, Fidel Castro a fait voter par le Comité central du PCC que son image ne serait plus utilisée après sa mort, qu’on ne construirait ni statue de lui, ni ne ferait de rue à son nom. En passant, la personnalité politique dont on retrouve le plus le portrait à la Havane c’est celui de José Marti.
- A ce sujet, en discutant avec la camarade Susely Morfa Gonzalez, secrétaire nationale de l’UJC, nous avons pu apprendre qu’à Cuba l’informatique et l’accès à internet se développe beaucoup. Toutefois, cela entraine des cas de dépendances et de risque sanitaire, comme ces personnes qui préfère filmer une catastrophe que d’aider les blessés. C’est une chose contre laquelle ils essayent de lutter.
- Pour les entreprises privées, elle doit sans doute encore être à développer en revanche.