Le samedi 13 avril, la manifestation nationale des gilets jaunes était à Toulouse, au cœur d’une des places fortes de la mobilisation.
Plusieurs dizaines de milliers de manifestations, 40 000 selon certaines estimatiosn, avec nombre des figures connues (Drouet, Nicole) mais aussi des cortèges syndicaux, de la CGT, de Sud, de la FSU. Une manifestation pacifique qui a immédiatement été attaquée par la répression policière, dans une escalade supplémentaire dans la fascisation.
Un premier cortège sur les allées J Jaurés a été immédiatement attaqué, nassé et gazé. Insultes, coups, saisie de banderoles et du matériel de sécurité des manifestants, le cortège a été violemment pris à partie.
Les violences policières ont scindés le cortèges, empêchant par exemple le cortège de la FI de rejoindre celui de la CGT. Le syndicat solidaire n’a pas pu former son cortège. Puis la répression s’est intensifié. Initiative Communiste a pu recueillir le témoignage de camarades qui se sont fait gazer, menacer et parfois frapper par la police alors qu’ils étaient pacifiquement réfugiés dans un bar. Tous, ils témoignent d’une escalade dans la violence.
Manifestement, le régime Macron a tenté à Toulouse d’écraser par la force la manifestation. S’il a réussi à empêcher le déroulement normal de la manifestation, il n’a pas pu empêcher la manifestation, devant le nombre.
Les vidéos circulant sur les réseaux sociaux témoignent de la violence de la répression.
le témoignage des Gilets Jaunes de Toulouse
Samedi 13 Avril, de nombreux gilets jaunes de toute la France se sont rassemblés à Toulouse, devenue pour ce jour « la capitale » de la manifestation de l’acte 22. Nous étions heureux de nous retrouver tous ensemble, sachant que nos manifestations sont toujours joyeuses et bon enfant, malgré ce que peuvent en dire les médias français. Notre cortège est parti à 12h de la Place Jean-Jaurès. Une autre manifestation était organisée par plus de 50 organisations politiques, syndicales, Ligue des droits de l’Homme ou autres, sur un parcours déclaré en préfecture et autorisée, contre cette restriction des libertés publiques, pour le droit de manifester. Cette manifestation demandait l’abrogation de la nouvelle loi « anticasseur » du gouvernement Macron, réduisant drastiquement ces libertés et qui rentrait en vigueur ce jour. Elle devait partir de la Place Jeanne d’Arc à 13h30, située à 400 mètres de la place Jean Jaurès, pour rejoindre ensuite le cortège des Gilets jaunes.
Vers 12h30 le premier cortège a commencé à se déplacer dans les Allées Jean-Jaurès, pour un parcours très court, puisqu’il a été stoppé au bout de 500 mètres. En effet, selon une méthode bien préparée, les forces de l’ordre (FDO) ont bloqué le haut des Allées et nous ont tout de suite encerclé dans un périmètre restreint, depuis le bas des Allées et toutes les rues adjacentes. C’est alors qu’une pluie incessante de gaz lacrymogènes a inondé les quelques milliers de manifestants pendant plus d’une heure, en les empêchant de sortir de ce « trou à rat ». Les gaz lacrymogènes utilisés à Toulouse depuis début Janvier sont particulièrement chargés en produits irritants et nocifs, contenant entre autre du cyanure (comme en témoignent des analyse médicales). Ils ont conduit ces derniers mois, et surtout ce samedi 13 à des détresses respiratoires, des évanouissements, des vomissements des irritations graves et parfois persistantes des voies respiratoires, parfois associées à des saignements. En restant piégés dans ces contextes, de nombreux manifestants, dont des enfants, des handicapés, des personnes âgées, ont été touchées de façon plus ou moins graves et empoisonnées. Certaines personnes se sont engagées dans des cours ou des montées d’immeubles pour se protéger et ont été, elles aussi, gazées voire poursuivies par des policiers et matraquées. Les menaces et injures ont aussi été largement utilisés par les FDO, le matraquage a aussi touché hommes et femmes de tout âge, sans épargner la tête, pendant toute cette journée.
Ceci n’était que le début d’une longue série de gazages, parfois de l’usage des lances à eaux (elles même chargées de ces produits toxiques), matraquages et d’utilisation de grenades de désencerclements dont l’explosion a déjà conduit à de nombreux dommages physiques graves de type blessures de guerre parfois irréversibles, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.
Le cortège de la seconde manifestation a reçu le même traitement dès sa formation, de même que de nombreux autres cortèges de Gilets jaunes, de professeurs en lutte contre les nouvelles lois du gouvernement. Depuis de nombreuses semaines à Toulouse, les cortèges de Gilets jaunes regroupaient régulièrement plus de10 000 manifestants, ce qui est important pour une ville de cette taille. Bien entendu, nous n’avons pas pu dénombré les participants à cette journée, très nombreux mais dispersés.
Toute manifestation ou regroupement a été de fait interdit et réprimé fortement tout au long de l’après-midi et de la soirée, soit pendant plus de 10 heures, de façon tout à fait illégale et contraire aux Droits de l’Homme. Des personnes se fait matraquer, comme cela est visible sur de nombreuses vidéo depuis le début du mouvement des gilets jaunes, des personnes boitant ou ensanglantées, des personnes tomber de détresse respiratoire, des arrestations de personnes complètement pacifistes. Il y a eu au total 45 interpellations dont 15 pour le seul motif de « dissimulation du visage », incluant par exemple le port de masques antifumée, de foulards, ou de lunettes pour se protéger des gaz qui sont devenu interdite par la nouvelle « anticasseur ». Notons que ceci entérine des pratiques policières, déjà pratiquées depuis plusieurs mois, de fouille des manifestants et de confiscation de ces protections qui sont considérées comme des armes. Depuis ce samedi, avec cette nouvelle loi, ils sont maintenant arrêtés, et risquent une condamnation judiciaire.
Entre autre violences, vers 19h un groupe de 10 membres environ des FDO se sont dirigés vers un couple en les violentant, puis quelques mètres plus loin une grenade offensive a été jetée par un de ces policiers sur un groupe de personnes, présentes à 20 mètres à peine et totalement inoffensives. Résultat : les street medics sont arrivés immédiatement, ont établi un cercle de sécurité avec des bâches protectrices. Deux camions d’urgence médicale des pompiers sont arrivés plus tard et sont resté encore longtemps sur place, laissant à penser à de graves blessures de plusieurs personnes.
Au total, sur ordre de la préfecture, et, de fait, du gouvernement, les FDO armés, face à une population non armée et pacifique :
-ont bloqué et dispersé pendant plus de dix heures les cortèges de manifestants, au fur et à mesure de leur formations et reformations, y compris pour la manifestation déclarée et autorisée,
-ont violenté, gazé, agressé verbalement et physiquement et blessé de nombreuses personnes présentes dans les manifestations comme de simples passants, habitants de proximité ou commerçants.
-ont voulu terroriser cette population pour qu’elle ne veuille plus venir manifester.
VOICI TOTALEMENT VENU EN FRANCE UNE POLITIQUE DE TERREUR, DE REPRESSION ET D’ATTEINTE AUX LIBERTES CITOYENNES.
Pour qui ? Pourquoi ? …… La nouvelle loi anticasseur prévoyait initialement la possibilité d’une interdiction administrative de manifester, mais ceci a été annulé le 4 avril 2019 par le Conseil constitutionnel français, considérant que cela portait atteinte à la liberté d’expression. Le constat est une interdiction de manifester effective et très agressive.
La presse nationale ou même régionale n’a pas parlé de ces évènements et leur gravité, ne relatant que quelques heurts sporadiques entre manifestants décrits comme violents et les FDO qui ont été contraintes à se défendre. Le même message médiatique depuis des mois, qui est d’ailleurs ressenti lui aussi comme une atteinte agressive au respect et à la dignité des citoyens français.
Un grand merci à tous les habitants, commerçants qui ont ouvert leur porte et protégé les personnes agressées et bien sûr aussi aux street medics et aux pompiers qui nous ont porté secours.
ON PEUT SE QUESTIONNER : …. SI CECI EST PERMIS AUJOURD’HUI EN FRANCE, A QUEL AVENIR NATIONAL ET INTERNATIONAL VEUT-ON NOUS FAIRE CROIRE OU POTENTIELLEMENT NOUS PREPARER ???
De la violence policière à la répression organisée, témoignage d’un gilets jaune sur l’acte 22 à Toulouse, le 13 avril 2019.
Les communiqués
OPP.communiqué acte 22.version réseau
le rapport de l’observatoire des pratiques policières est édifiant
Deux ans d’observation, 50 manifestations, 24 observateurs l’Observatoire des pratiques policières de Toulouse dresse le bilan factuel de l’escalade dans les violences policières observées à Toulouse, tout particulièrement dans la répression de la jeunesse populaire et du mouvement social.