Par Georges Gastaud et Fadi Kassem
Acquise au principe même de la « construction » européenne, L’Humanité se lamente parce que, très vraisemblablement, l’abstention sera majoritaire le 26 mai prochain. Et l’on apprend, en lisant l’article reproduit ci-dessous, que les classes populaires, que la jeunesse et les gens de gauche, seront massivement abstentionnistes, comme d’habitude, à l’occasion des élections européennes. Pas seulement en France qui plus est…
La manière dont le PCF-PGE s’efforce de rabattre l’électorat ouvrier de Bobigny vers les urnes est symptomatique de l’incompréhension totale dont ses directions européistes et incurablement mutantes de ce parti font preuve au sujet de ce phénomène massif, récurrent, inexorable : au lieu de le prendre pour ce qu’il est, un REJET DE CLASSE de la funeste « construction » supranationale qui détruit la France, l’emploi productif, les services publics et les acquis sociaux, le PCF s’évertue, comme TOUS ses concurrents « euro-constructifs », à « prouver » que les « décisions » prises au « parlement » de Strasbourg (en réalité, à la Commission de Bruxelles) « impactent » la vie quotidienne. Mais bon sang, c’est bien ce qu’on leur reproche vu qu’elles le font, 99 fois sur 100, de manière très négative, sans légitimité démocratique aucune et en contournant les décisions des peuples souverains comme on l’a vu avec le viol du Non français à la constitution européenne (29 mai 2005)… et comme on est en train de le constater aussi à propos du Brexit, où la seule obsession des eurocrates et de leurs relais britanniques est de punir la classe ouvrière anglaise pour son « mauvais choix » en faveur du Brexit.
Mais les « petites gens » ne sont pas des idiots, camarades « euroconstructifs » de l’Huma-mutée, et ils n’ont pas besoin qu’on leur explique « pédagogiquement », avec l’aide massive de l’école et de la télé, que l’UE « impacte leur vie ». Cet « impactage » désastreux, les travailleurs, et notamment, les ouvriers, ne le vivent que trop dans leur chair depuis des décennies faite de chômage, de privations et de précarité galopantes ; et ils font instinctivement – ou consciemment dans certains cas – le lien entre le principe même de cette UE structurellement néolibérale (qui se définit comme une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée ») et l’agonie à petit feu que « nos » capitalistes, MEDEF et CAC-40 en tête, imposent à notre pays et à ses conquis sociaux.
Le rôle des militants franchement communistes de France – et c’est d’autant plus vrai qu’en France le parti « communiste » officiel, et son candidats Ian Brossat, sont des piliers de la « Gauche européenne » subventionnée par Bruxelles – n’est donc pas de culpabiliser ceux qui vont faire la grève des européennes : il est d’amplifier ce phénomène, de transformer le rejet instinctif de classe en un combat conscient de classe et de masse pour la dé-légitimation radicale de l’euro, cette austérité continentale faite monnaie, de l’UE, cette prison de plus en plus fascisante des peuples, de l’OTAN, cette machinerie belliqueuse à laquelle l’UE est structurellement liée, de Macron, l’euro-président par excellence des hyper-riches, et bien entendu, du capitalisme, ce système obsolète qui fait mourir les autres pour tenter de se survivre.
Européenne vers une abstention citoyenne record
D’après les sondages, 6 électeurs sur 10 décideront de ne pas aller voter le 26 mai et de rejoindre la grande majorité faisant le choix de l’abstention citoyenne.
Dans le détail, seul 1/4 des moins de 35 ans déclarent vouloir aller voter, mais 69% des plus de 65 ans. C’est à gauche que le mouvement d’absention citoyenne est le plus fort (59%) contre 41% à droite;