« «Je ferai les départs d’une façon ou d’une autre, par la fenêtre ou par la porte». Didier Lombard, ex-PDG de France-Télécom sous Sarkozy.
Enfin, l’ancien PDG de France-Télécom, devenu entretemps ORANGE, passe en jugement après l’odieuse campagne intitulée « It’s time to move » (il est temps de bouger, dans l’arrogant globish de l’Empire néolibéral) qu’il a orchestrée naguère au sein de la grande entreprise publique dépecée par le gouvernement Jospin-Gayssot-Voynet, dans le but de virer « par la porte, sinon par la fenêtre », 22 000 agents encore sous statut qui gênaient l’euro-privatisation de ce fleuron industriel public. La trentaine de suicides, dont certains accomplis sur le lieu de travail avec lettre explicative à la clé, ne sont pour ce glauque individu qu’une « mode » découlant d’on ne sait quelle « campagne médiatique ». Et bien entendu, ce briseur de vies en col blanc qu’est Lombard n’aura pas eu un mot, à l’audience, pour s’excuser du désespoir qu’il a méthodiquement organisé pour accroître à n’importe quel prix la rentabilité capitaliste (sinon le service rendu aux usagers…) de ce qui fut longtemps un bastion du progrès social…
Mais il n’y a pas que des Didier Lombard sur terre. Souvenons-nous plutôt ce jour de la figure souriante de feu Georges Hage, député du Nord et premier président d’honneur du PRCF : durant des années, « Geo le Bolcho », député des mineurs, des verriers et des enseignants du Nord, a bataillé en pionnier contre le « harcèlement moral à l’entreprise » ; il a démontré que cette « mode »-là, pour parler comme Lombard, ne résulte pas principalement du comportement pervers de quelques cadres sadiques : elle est au contraire un mode « managérial » de gestion des « ressources humaines » visant à aggraver l’exploitation capitaliste en culpabilisant à mort les salariés, en les humiliant sans trêve, en les plaçant sans relâche dans une intenable situation de « dette » apparente à l’égard de la gentille entreprise qui les nourrit – et qui en réalité, les torche, les salit et les « jette » comme des serpillères usagées. Si bien qu’aujourd’hui en France, on parle de 400 suicidés du travail par an et de 4000 infarctus directement liés aux conditions de travail, une personne sur trois déclarant vivre très mal sa situation de travail. Nombre de chercheurs en sociologie du travail, tels Christophe Dejours, rattachent d’ailleurs la montée du harcèlement au travail à la contre-révolution néolibérale qui a conduit les entreprises d’une culture du « métier », qui prédominait dans les années 1960-70, à une « culture de gestion » qui les détruit à petit feu en érodant le sens même de leur travail.
Avec son incurable inhumanité à front de bœuf, Lombard poursuit devant le tribunal son mortifère combat de classe contre le peuple travailleur. Rien oublié et rien appris. Quant à nous, militants franchement communistes, nous poursuivons le combat de Geo Hage contre le harcèlement au travail et contre l’exploitation capitaliste que l’UE néolibérale a aggravée partout.
A chacun ses fidélités.
Quant à l’UE du capital, et au capitalisme lui-même, il faudra bien tôt ou tard en sortir. « Par la porte ou par la fenêtre »…