Finalement le cargo saoudien qui devait venir embarquer son chargement d’obus et de canons automoteurs CAESAR, livrés par la France, n’a pas pu s’arrêter au Havre. La mobilisation des dockers, celle des associations de défense de la paix l’aura empêché.
Le #cargo saoudien est reparti hier sans sa cargaison d' #armes pour l'#Arabiesaoudite. Victoire de la société civile. "Le gouvernement ne peut s'abriter derrière l'exécution de contrats signés des années auparavant" rappelle @Mediapart https://t.co/sdMPkvDhxO
— ACAT-France (@ACAT_France) May 11, 2019
Il demeure que le régime Macron, loin de l’image qu’il voudrait se donner de défenseur des droits de l’homme – une image qui a volé en éclat dans le monde à la vue de la sanglante répression des manifestations des gilets jaunes – et l’un des principaux pourvoyeurs d’armes des pétromonarchies absolues du golfe.
D’ailleurs, un autre cargo saoudien, le Bahri Tabuk, se trouve en se moment à quai au port de Marseille à Fos-sur-Mer. Le gouvernement et l’armateur refusent de dire s’il est là pour charger des obus, indiquant qu’il doit charger des générateurs électriques… mais rien ne permet de le vérifier. Et ce ne sont pas les convocations par la DGSI des journalistes enquêtant sur ces livraisons d’armes qui vont aider à le savoir.
Heureusement, la CGT Docker de Fos a indiqué que » fidèle à leur histoire et valeurs de paix (…) les dockers ne chargeront aucune arme, aucune munition « . Ce qui est également le cas des dockers de Gènes en Italie.
Les armes données par Macron alimentent la guerre terrible qui ravage le Yémen.
C’est ce que confirment les enquêtes indépendantes, notamment celle publiée par France Culture. Jugez plutôt :
Les sites civils font partie des objectifs de la coalition militaire engagée dans la guerre au Yémen.
C’est ce que démontre l’analyse des 19 278 bombardements recensés au Yémen entre le 26 mars 2015 (début de la guerre) et le 28 février 2019.
Disclose, dont la cellule investigation de Radio France est partenaire, s’est appuyé sur le travail du Yémen data project qui rassemble des données non officielles sur les bombardements au Yémen. Ces éléments proviennent de sources ouvertes qui ont été recoupées à l’aide d’informations recueillies par l’ONG britannique Acled (Armed Conflict Location and Event). À cela s’ajoutent les données publiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’IPC (Integrated Food Security Phase Classification).
Fermes, marchés, silos à grain et à farine, réserves de fruits et de légumes, boulangeries, usines d’embouteillage, bateaux de pêche ou réservoirs d’eau potable : 1 140 bombardements ont ciblé la production agricole et l’approvisionnement en nourriture du pays. Un chiffre qui fait du secteur alimentaire la troisième cible la plus visée par les frappes de la coalition, derrière les objectifs militaires (4 250 bombardements) et les zones d’habitation (1 883).
De quoi s’interroger sur la mise en place d’une véritable stratégie de la famine au Yémen.
« Affamer les civils peut constituer un crime de guerre »
Les infrastructures civiles visées sont indispensables à la survie des 28 millions de Yéménites. Selon l’ONU, 80 % de la population a besoin d’une aide alimentaire d’urgence.
En 2019, l’ONU estime que 16 millions de Yéménites n’ont pas accès à l’eau potable. Une situation qui a entraîné une épidémie de choléra.
Une résolution onusienne adoptée le 24 mai 2018 affirme qu’ »affamer les civils comme méthode de guerre peut constituer un crime de guerre ».
Lors d’une précédente enquête diffusée en février 2019, la cellule investigation de Radio France avait déjà recueilli des témoignages de membres d’ONG confirmant que les bombes ne les épargnaient pas.
« Nos hôpitaux sont signalés à la coalition avec leurs coordonnées GPS ainsi que tous nos mouvements sur le terrain, cela n’a pas empêché une ambulance de se faire bombarder en 2016 faisant ainsi plusieurs morts, témoigne Caroline Séguin qui travaille à Médecins Sans Frontières dans une vingtaine d’hôpitaux au Yémen. À six reprises, nos hôpitaux ont été bombardés depuis 2015 faisant 27 morts et 40 blessés auprès de nos patients et de notre personnel médical. Un centre de traitement du choléra a été bombardé par la coalition. Nous sommes devenus une cible comme une autre.«
Une situation confirmée par un rapport d’un groupe d’experts du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies rendu public en août 2018.
Une « stratégie de la famine » visible également sur mer, avec un acheminement ralenti de l’aide humanitaire pour cause de blocus maritime.
Un constat qui pose la question de l’éventuelle responsabilité de la France dans la mesure où la note de la Direction du renseignement militaire révélée par Disclose, dont la cellule investigation de Radio France est partenaire, montre la participation de bateaux de fabrication française à ce blocus, ainsi que l’utilisation d’armes françaises dans les bombardements.
https://www.franceculture.fr/geopolitique/yemen-la-strategie-de-la-famine
Ce qui est certain c’est que le régime Macron démontre sa duplicité et son hypocrisie, poussant des hauts cris lorsque l’armée syrienne combat, sur son sol, les djihadistes comprenant plusieurs centaines de ressortissants français dont des commanditaires des attentats ayant frappé ces dernières années, et imposant un embargo contre Damas, mais livrant des armes aux régimes fondamentalistes islamistes du Golfe qui mettent le Yémen à feu et à sang et y condamnant la population à la famine.
JBC pour www.initiative-communiste.fr