L’ABSTENTION CITOYENNE DE MASSE, C’EST BON POUR L’ACTION DE CLASSE, Et c’est mauvais pour le duo mortifère Macron/Le Pen !
Par Georges Gastaud et Fadi Kassem
Depuis des mois, les vaillants Gilets jaunes percutent l’arrogant pouvoir oligarchique et maastrichtien incarné par Macron. Et même si les résultats obtenus pour le moment sont encore loin des attentes populaires, même si certaines mesures annoncées par « Jupiter » constituent des cadeaux empoisonnés visant à accélérer le démontage néolibéral de la France (retraites, statuts…), la vague jaune vif, grossie par l’entrée en lutte de secteurs syndicaux combatifs (fonction publique, Education nationale…), propulse au premier plan les problématiques du progrès social, des services publics, de la justice fiscale et de la souveraineté du peuple.
DELEGITIMER MACRON ET SON « DIALOGUE SOCIAL » BIDON
Ces premiers résultats, et avec eux le réveil combatif du peuple de France, ne résultent pas du prétendu « dialogue social » cher aux jaunes sans gilet de l’état-major CFDT ; ils n’ont pas été conquis non plus par les euro-bêlements de la Confédération européenne des syndicats implorant l’UE d’instaurer une « Europe sociale » que toute la « construction » européenne a pour fin d’interdire depuis toujours. N’est-il pas gravé dans les traités européens, modifiables uniquement à l’unanimité par les Etats-membres, que l’UE est une « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » ? Un commandement qui détruit les services publics et qui prohibe en outre, de manière totalitaire, non seulement le socialisme et le communisme en Europe, mais la moindre esquisse de redistribution sociale tant soit peu sérieuse (en raison notamment des contraintes austéritaires énormes liées à l’euro)… En un mot, l’UE, c’est structurellement : tout pour les banques, dont Macron est issu, et tout pour les actionnaires du CAC-40 assoiffés de privatisations, de précarisation du travail, de moins-disant social et de délocalisations industrielles…
DELEGITIMER LES CASSEURS DE FRANCE POUR DEPLOYER L’INSURRECTION CITOYENNE
En réalité, ces premiers gains des Gilets jaunes sont dus à leur détermination quasi-héroïque : celle d’affronter pied à pied, malgré la fascisante répression de l’Etat policier, de « ne rien lâcher », de revenir à la charge chaque semaine à proximité des ors du pouvoir, à apprendre la démocratie directe sur les ronds-points, à refuser le dialogue-bidon avec l’Etat-MEDEF, à rendre sa signification insurrectionnelle d’origine à la Marseillaise (« Aux armes citoyens ! », chanté le poing brandi !), et à crier sans relâche depuis sept mois « Macron démission ! ». Bref, à l’encontre du PS et de la « gauche alternative », qui n’ont cessé d’adouber et de légitimer Macron (pour lequel ont voté au second tour le PCF et Ph. Martinez). Car ce sinistre personnage représente si peu le peuple de France que son parti, LAREM (La Loi des Riches et de Maastricht ?), qui accapare pourtant 80% des sièges à l’Assemblée nationale, n’a obtenu sa « majorité » au second tour des législatives que sur le fond d’une abstention populaire énorme (56% des citoyens ont boycotté le second tour des législatives de juin 2017).
Une abstention de plus en plus signifiante dont il est impossible de sous-estimer la portée profondément politique. D’ailleurs, Macron n’avait surclassé Le Pen le 7 mai 2017 que parce que celle-ci, outre l’évidente inconsistance de son « programme », venait de sortir de l’ambiguïté traditionnelle du FN en renonçant à toute idée de sortie de l’UE et de l’euro : belle « patriote » en vérité qui, pour plaire à la partie nantie de son électorat, recule devant l’idée de rendre son indépendance à notre pays ! Et qu’on ne nous oppose pas l’idée que, si les gens s’abstiennent, c’est parce que « le civisme populaire recule » : en 2005, quand elle a vu la possibilité de voter non à cette UE mortifère, donc de changer si peu que ce soit le destin du pays, la masse des Français est allée voter, les ouvriers votant Non à 80% (et les jeunes à 66%), pendant que les couches privilégiées, elles, votaient massivement Oui !
L’ABSTENTION CITOYENNE DE MASSE, C’EST BON POUR L’ACTION POPULAIRE DE CLASSE !
C’est pourquoi on est stupéfait de voir le Gilet jaune Jérôme Rodriguez rabattre ses camarades vers les urnes européennes en expliquant que « l’abstention est bonne pour Macron » et qu’il faut voter pour n’importe qui, sauf pour la liste Macron, à cette occasion (ce qui, au passage, banalise le vote d’extrême droite…).
C’est l’inverse qui est vrai. Si Macron est bien l’homme-lige de Berlin et Bruxelles, s’il est bien ce petit proconsul de Merkel et de Trump qui veut substituer la « souveraineté européenne » à la souveraineté nationale et l’ « armée européenne » arrimée à l’OTAN au principe même d’une défense nationale, qu’est-ce qui le délégitimera et l’affaiblira le plus, lui et ses amis du MEDEF et du CAC-40, au soir du 26 mai 2017 ? C’est bien évidemment que l’écrasante majorité du peuple français (61% annoncés, et bien plus encore proportionnellement, dans les classes populaires et la jeunesse !) boycotte consciemment et politiquement le scrutin, comme y appelle le PRCF ; et c’est que très majoritairement, le peuple travailleur fasse la grève des urnes supranationales, établissant ainsi avec éclat la dérisoire « représentativité » des eurodéputés français (18% des sièges toutes tendances confondues !), dont on sait d’avance qu’ils ne pèseront rien à Strasbourg. A l’inverse, il est désastreux de s’inscrire électoralement dans le « duel » malsain et dangereux Macron/Le Pen, qui sert de toile de fond à la mascarade européenne : au sein d’un tel cadre, notre peuple perd à tous coups !
D’AUTANT PLUS QUE l’OFFRE POLITIQUE FRANCAISE DU 26 MAI PROPOSE TOUT ET SON CONTRAIRE, MAIS SURTOUT PAS LE FREXIT PROGRESSISTE !
D’autant que malheureusement, ni le PCF ni LFI, sans parler des incurables euro-trotskistes de LO, ne mettent, ne serait-ce qu’en débat la question du Frexit progressiste, c’est-à-dire l’exigence pour la France de sortir par la gauche de l’euro-broyeur enchaîné à la machinerie belliciste de l’OTAN.
Quant à F. Asselineau, il achève hélas de brouiller le message en cautionnant par sa présence inconséquente une élection supranationale qu’il faudrait radicalement délégitimer (comme s’y employait d’ailleurs originellement son mouvement…).
En outre, l’UPR vante sans cesse les « mérites » d’une sortie de l’UE par l’Article 50 des traités, cet article qui sert présentement aux eurocrates de Bruxelles et à la City anglaise à enliser et à torpiller le Brexit voulu par les ouvriers britanniques ! Mais, chers citoyens de l’UPR, la souveraineté de la France ne se négocie pas ; inaliénable par nature, ELLE SE PREND comme notre peuple l’a fait jadis à Valmy ou lors de l’insurrection patriotique par laquelle les FFI libérèrent Paris insurgé en 1944 !
ABSTENTION DE CLASSE ET DE MASSE POUR DEJOUER LEUR « JEU » SUPRANATIONAL PIEGE et POUR DELEGITIMER RADICALEMENT L’U.E. !
Le 26 au soir, ce qui donnera le plus d’allant aux luttes populaires futures, à la renaissance progressiste de notre pays cassé, ainsi qu’à la future coopération fraternelle entre peuples souverains de l’Europe et d’ailleurs, c’est la marée populaire montante d’une abstention de plus en plus politique, militante et citoyenne. ET certainement pas le crédit électoraliste apporté par d’aucuns à un pseudo-jeu démocratique à somme toujours négative qui, quel que soit la répartition des sièges, n’infléchira en rien la politique européenne pré-orientée par les traités supranationaux. Car telle est la réalité, une fois qu’on met de côté les arguties électoralistes des uns et des autres : aux européennes, 33 partis et groupuscules en quête de financement public se présentent et à la fin, oui, c’est toujours d’avance le néolibéralisme gravé dans les traités qui gagne, c’est toujours l’euro-fédéralisme destructeur des nations libres qui l’emporte, c’est toujours l’hégémonie écrasante de Berlin qui triomphe, c’est toujours la tutelle belliciste de Washington et de l’OTAN, qui parade : et pour cause : les règles supranationales elles-mêmes ont été savamment calculées pour cela, y compris par les pères-fondateurs Schuman et Monnet qui apparaissent de plus en plus pour ce qu’ils furent : des agents d’influence des USA ! Eh bien, si l’on veut que le(s) peuple(s) gagne(nt), il faut s’abstenir massivement, il faut dénoncer ce « jeu » piégé, il faut dire clairement : « on ne joue plus, vous nous faites la guerre, Messieurs et Mesdames les oligarques : eh bien, nous relevons le défi : celui des luttes tous ensemble, en même temps, jusqu’à la victoire finale des peuples libres, égaux et fraternels non pas DANS l’UE, mais contre l’UE et hors d’elle ! ».
VOTER OU S’ABSTENIR : le positionnement de principe des communistes
Certains progressistes nous disent pourtant de bonne foi que le suffrage universel a été conquis au prix du sang, que les communistes ne sont pas des anars qui braillent à tous coups « élections piège à cons ! » et que le grand PCF des Thorez, Duclos et autre Frachon appelait systématiquement à aller aux urnes. Il y a à prendre et à laisser dans ce type de raisonnement routinier.
Historiquement, Lénine et les bolcheviks ont parfois appelé à boycotter les « élections » organisées par le tsar : ils décidaient au cas par cas, sans céder au gauchisme (= boycott indiscriminé de toute élection) ni au fétichisme institutionnel qui transforme invariablement les partis ouvriers en machines électoralistes. Plus près de nous, on se souvient que Jacques Duclos avait appelé à l’abstention au second tour de la présidentielle de 1969 où s’affrontaient deux hommes du capital, Pompidou et Poher (« blanc bonnet, bonnet blanc ! »). Mais surtout, il faut toujours revenir aux principes : nous communistes, et plus globalement, nous républicains conséquents, nous votons et nous appelons à voter quand une élection permet, soit de défendre une institution légitime menacée (par ex. il faudra voter, fût-ce blanc si aucune liste ne convient, aux municipales, tant l’institution communale est menacée par la politique de métropolisation dictée par l’UE), soit de faire avancer la lutte dans des conditions données, soit de préserver un espace politique progressiste indispensable aux luttes futures. Ainsi avons-nous apporté un soutien critique à J.-L. Mélenchon en 2017. Mais aucun de ces critères ne « marche » dans notre pays dans le cas des prochaines européennes : l’UE est un espace impérial de plus en plus fascisant et totalitaire, et son « parlement » bidon n’est là que pour donner une façade démocratique à la dictature avouée, grossière, technocratiquement blindée, d’énormes groupes de pression capitalistes chassant le profit à l’échelle continentale ou mondiale.
ABSTENTION MAJORITAIRE POUR DELEGITIMER LE « SAUT FEDERAL EUROPEEN » et pour relancer l’Europe des luttes !
Car l’enjeu central de ces européennes, tous les eurocrates le savent, est de faire cautionner par les peuples ce que Macron et son courant euro-atlantique (le Parti Maastrichtien Unique au pouvoir à Bruxelles intègre le PS européen et la droite libérale, dite PPE) dominant à l’échelle du sous-continent, appellent le « saut fédéral européen » : en clair, ils visent le basculement définitif de nos Etat-nations encore partiellement libres, vers un Empire (ainsi l’appelle ouvertement Bruno Le Maire !), les « Etats-Unis d’Europe » centrés sur Berlin et tutorés par Washington. Dans un contexte français où, qui plus est, aucune liste européenne en lice ne propose ne serait-ce qu’une esquisse de lutte pour le FREXIT PROGRESSISTE, ANTIFASCISTE et INTERNATIONALISTE, la meilleure manière de gagner pour notre peuple est de REFUSER DE JOUER A CE JEU MORTIFERE où notre pays, l’emploi, les services publics, la protection sociale, la laïcité à la française, la République indivisible et jusqu’à notre langue (menacé par le tout-anglais privilégié par Bruxelles), jouent jusqu’à leur existence, voire leur unité* !
ABSTENTION POLITIQUE, CONSCIENTE ET MILITANTE AVEC LE POLE DE RENAISSANCE COMMUNISTE EN FRANCE !
Et c’est à ce soulèvement citoyen contre l’euro-dictature et ses valets qu’appelle la grande campagne (affichage, tractage, débats décentralisés sur le Frexit progressiste) du PRCF et des JRCF pour l’abstention citoyenne : notre peuple ne doit pas consentir, en participant à cette mascarade, à son propre dessaisissement et, disons-le franchement, voire brutalement, à son propre viol. Rappelons-nous : en 2007, Sarkozy, Hollande et Macron ont soutenu le traité de Lisbonne qui annulait le vote souverain du peuple français portant rejet de la constitution européenne (29 mai 2005). Disons-le clairement, à cette occasion, Marianne, la République, c’est-à-dire notre peuple et notre nation, ont été délibérément violés. Ne légitimons pas ce viol a posteriori en faisant comme si de rien n’était et en allant bien gentiment cautionner, ce 26 mai, des « règles du jeu » pipées qui ne contraignent en rien les capitalistes et qui ne visent qu’à nous bâillonner, qu’à nous maltraiter et qu’à nous humilier : nous, le grand PEUPLE FRANÇAIS qui restons pour notre honneur le peuple des frondes, des soulèvements populaires et des Révolutions !
Le 26 mai, redisons NON aux casseurs de France, de démocratie et d’acquis sociaux, MILITONS pour que l’abstention populaire, citoyenne, patriotique, progressiste, soit la plus élevée possible en France et ailleurs. Militons d’arrache-pied pour que les tenants de l’euro-dictature fassent grise mine devant l’énorme abstention du 26 mai, surtout dans les quartiers populaires.
Et plus que jamais, rendez-vous sur les ronds-points en lutte et dans les manifs populaires mêlant gilets jaunes, gilets rouges et drapeaux tricolores.
Le Pen, Macron, et LFI proffitent du vide idéologique créé par les directions droitières et liquidatrices du PCF, de la CGT et de l’Humanité. On le voit bien aux Européenes où la lite Brossat n’est pas crédible en voulant sauver la bouse mafieuse ultralibérale hyperatlantiste qu’est l’UE/EURO/OTAN.