Par Gilliatt de S. – JRCF
En pleine campagne des élections européennes, 25 organisations de
jeunesses communistes de pays européens se sont regroupées autour d’un appel
commun, relayé par d’autres organisations non-signataires, s’attaquant à l’UE
capitaliste, à son euro et à son bras armé qu’est l’OTAN.
Si nous soutenons les arguments, concernant la structure même de l’UE et la
réalité de son caractère de classe, soulevés par les camarades dans cet appel,
nous sommes néanmoins dubitatifs sur le but souhaité et sur un certain manque
de perspective.
Oui, l’UE est irréformable. La règle de l’unanimité entre états membres est la
seule qui prévaut pour pouvoir changer ne serais-ce qu’une seule virgule des
traités de l’UE qui établissent le caractère à première vue économiquement
libéral de cette structure supra-nationale, comme la « concurrence libre et non-faussée » ou bien la libre circulation des biens, des personnes et des
capitaux. Il est néanmoins important de relever ici que ces deux injonctions
n’ont en réalité plus aucun sens puisque le capitalisme-libéral a créé, et
depuis bien longtemps, d’énorme monopoles, industriels et financiers, qui se
nourrissent des plus petites entreprises, qui s’entendent pour se partager plus
ou moins le gâteaux entre eux et ne se font donc que rarement concurrence au
sein d’une UE où les marchandises d’une filiale basée en Pologne sont
acheminées dans une autre filiale de la même entreprise basée cette fois ci en
France.
La jeunesse et son « inexpérience » sont bien largement exploitées par les
monopoles capitalistes de l’UE pour revoir très fortement les salaires à la
baisse, esquivant par tous les moyens possibles de leurs donner des contrats
trop « contraignants » financièrement en terme de cotisations patronales,
d’assurance etc. Et les jeunes étudiants subissent de plus en plus la marchandisation
des savoirs, la privatisation rampante des universités et de l’éducation
nationale en général.
L’OTAN, bras armé de l’UE, porte la guerre impérialiste états-unienne aux portes de la Russie, organise la future armée européenne qui lui sera arrimée et qui mettra au pas les peuples récalcitrant aux directives de la commission européenne au service des intérêts des monopoles capitalistes.
Déjà la répression des mouvements populaires, la surveillance de plus en plus accrue et les restrictions démocratiques portent la fascisation générale du sous-continent européen.
Face au constat, que nous partageons ici avec les jeunes camarades communistes de nombreux pays européens, d’une UE capitaliste, impérialiste et irréformable en on ne sait quelle « UE sociale », nous posons néanmoins la question des mots d’ordre presque inexistants dans cet appel et donc des solutions pratiques et claires pour en finir avec l’UE et avec le capitalisme.
Ce manque fait écho à ce que l’on peut parfois entendre en France de la part de camarades qui, sous prétexte de ne pas tomber dans un « étapisme » fantasmé, pensent pouvoir sauter à pied joint du capitalisme au socialisme, mais se handicapent ainsi de ne pouvoir porter des mots d’ordre justes et judicieux qui font d’autant plus appel à une période de transition démocratique et populaire sur la voie du socialisme qu’au très barbare terme d’ « étapisme ».
Ainsi le socialisme est porté à tout moment à l’ordre du jour et tout est petit à petit subordonné à son avènement, excluant donc petit à petit toute avancée possible en dehors de son triomphe mais sous entendant donc que le socialisme est parfaitement constructible à l’intérieur de l’UE puisque la destruction de cette dernière lui devient également subordonnée.
Nous regrettons donc que cet appel s’en tienne, contre l’UE, au très consensuel argument de la non moins nécessaire « lutte des travailleurs » et qu’il n’évoque pas la sortie de l’UE, cette prison des peuples, de l’euro austéritaire et de l’OTAN qui exporte les guerres impérialistes états-uniennes, pour engager nos peuples vers la sortie du capitalisme et vers la construction du socialisme.
Pour mobiliser les travailleurs et les peuples c’est très fermement
que doivent être tenu, ensemble, les drapeaux rouges de l’internationalisme
prolétarien et les drapeaux patriotiques et populaires. Car la nation, quelle
soit française, portugaise, allemande, turc, tchèque ou anglaise, mise en
danger de mort pour sauvegarder les privilèges des capitalistes et de leurs
valets, a bien le monde du travail, classe ouvrière en tête, pour colonne
vertébrale. En France, à égale distance du trotskysme et du camp de la
réaction, nous ne portons jamais seul le drapeau rouge, ni jamais seul le
drapeau tricolore, mais toujours ensemble.
Et c’est à la tête d’un Front anti-UE, regroupant toutes les forces
progressistes et patriotiques authentiques, que doivent se hisser les
organisations communistes d’Europe. Sans quoi la fronde contre l’UE sera
portée, de manière hypocrite, par les nouveaux blocs de droites en formation,
par les Farage, Salvini, Orban et Cie, mettant nos peuples face au danger
montant de la « dictature terrorriste ouverte des éléments les plus
réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier
» : le fascisme.
Appel à la jeunesse pour le renforcement de la lutte contre le capitalisme et l’UE, pour l’europe des peuples, du socialisme
Les organisations de jeunesses communistes d’Europe qui signent ce texte, à l’occasion des prochaines élections européennes, s’adressent aux jeunes de nos pays qui voient leur vie se dégrader et leurs rêves se faire écraser par la politique anti-populaire de l’Union européenne et des gouvernements.
L’UE est une union d’États qui a pour but de servir le grand capital, d’assurer les profits des grands groupes commerciaux européens en écrasant les droits des peuples et des jeunes.
Le seul acquis, que l’UE et les gouvernements promeuvent avec tant de passion, est le sacrifice des travailleurs pour la compétitivité du marché européen, son élargissement et la monnaie commune.
Les données sont révélatrices
– 113 millions de personnes, soit 22,5% de la population, vivent en dessous du seuil de pauvreté officiel
– 12,5 millions de jeunes sont en mobilité professionnelle, sans travail ni études
– 10,2 % des élèves abandonnent l’école
– Éducation, Santé, Sport, Culture, tout se mesure en fonction du profit.
L’UE est anti-populaire par nature
Les affirmations selon lesquelles l’Union européenne peut devenir pro-populaire sont fausses. L’UE ne peut pas être humanisée, elle ne peut pas être transformée en une Europe des travailleurs. L’UE ne change que pour le pire pour les peuples et les jeunes. Les partis qui parlent de la soi-disant démocratisation de l’UE cachent le fait que, dans leur pays, ils ont mis en œuvre ou continuent de mettre en œuvre la même politique antipopulaire, comme tous les gouvernements de l’UE. Ils le font pour répondre aux besoins du grand capital de l’Europe dans sa compétition avec les économies des États-Unis, du Japon, de la Chine, de la Russie et de l’Inde sur la base de l’économie capitaliste.
Les “libertés” de l’UE se sont avérées être les libertés des groupes d’entreprises pour maximiser leurs profits, en intensifiant de manière de plus en plus flexible l’exploitation des travailleurs. L’UE cible les jeunes, formant une main-d’œuvre encore moins chère pour les grandes entreprises, sans travail, sans assurance et sans droits sociaux, une main-d’œuvre qui se déplacera même de pays en pays. La “mobilité” de l’UE est essentiellement la liberté des entrepreneurs de transférer leur production d’un pays à l’autre avec une main-d’œuvre moins chère, généralement dans de meilleures conditions de rentabilité, laissant derrière eux des files de chômeurs. En même temps, l’UE tente, par la “mobilité”, de donner l’illusion aux peuples que c’est leur “maison commune” qui offre des “opportunités d’emploi” pour tous, cachant le fait que c’est une errance de pays en pays, de profession en profession, ayant comme critère la rentabilité des groupes commerciaux. Un foyer commun pour les jeunes des couches populaires et ouvrières et des groupes d’entreprises ne peut pas exister !
L’UE procède rapidement à l’abolition du caractère public des universités en imposant des frais de scolarité, en endettant les étudiants à cause des prêts et en renforçant l’intervention des entreprises dans l’éducation. Elle utilise la formation professionnelle pour former des employés encore moins chers, pour ajuster les salaires aux bas niveaux. Elle crée le “Corps Européen de Solidarité” en tant que mécanisme d’intégration et de participation des jeunes dans le cadre d’une main-d’œuvre très bon marché ou même en tant que volontaires, légitimant le travail non rémunéré de diverses manières.
L’UE représente un grave danger pour les jeunes et les peuples
Les inégalités et les interventions impérialistes sont dans l’ADN de l’UE depuis sa fondation en tant qu’alliance interétatique et impérialiste. Elle mène des guerres impérialistes en coopération avec l’OTAN, au nom de la fausse “exportation de la démocratie et des valeurs de l’UE”. L’UE considère l’OTAN comme un “pilier fondamental de la sécurité européenne”, elle met en danger les peuples d’Europe en soutenant la stratégie agressive de l’OTAN pour l’encerclement de la Russie. Avec un armement massif basé sur le Traité de Lisbonne et l’objectif de l’OTAN de 2% du budget de l’État pour chaque État membre, les guerres de demain se préparent aux dépens des populations. En attendant, elle prend des mesures pour sa propre action indépendante, renforçant son agressivité et sa militarisation, créant des forces de réaction rapide pour les opérations de guerre, telles que PESCO. Déjà dans les eaux européennes, des réfugiés se noient, dont les terres d’origine sont bombardées, tandis que la majorité des survivants, dont le marché du travail européen n’a pas besoin, s’entassent dans des zones sensibles.
L’UE et les gouvernements intensifient la répression du mouvement ouvrier – populaire, ils intensifient la surveillance au nom de la lutte contre le “terrorisme et la radicalisation”. Cette union anticommuniste du capital criminalise les partis communistes, leurs organisations de jeunesse et leurs symboles, tout en soutenant les gouvernements qui émergent avec le soutien des forces fascistes, comme celui de l’Ukraine. L’équivalence historiquement infondée du fascisme avec le communisme est sa politique officielle. Elle tente ainsi de modifier le contenu du 9 mai, jour de la Grande Victoire antifasciste des peuples contre la bête nazie, en l’appelant “Jour de l’Europe”.
L’UE est un ennemi juré de la lutte pour l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, car cela signifierait aussi la fin de l’alliance prédatrice du capital.
Il faut mettre un terme à l’Europe du chômage, à l’abolition des droits et libertés des personnes, à la rentabilité d’une poignée d’exploiteurs. Il faut ouvrir la voie à la satisfaction des besoins contemporains des jeunes et des gens. Dans cette belle lutte, nous, les communistes, appelons les jeunes des couches populaires ouvrières à se battre ensemble avec nous.
Pour une Europe des peuples et non des capitalistes
Il y a une expérience importante qui a malheureusement été acquise de la manière la plus tragique pour les intérêts de la population au cours des dernières années. La politique antipopulaire ne peut pas être renversée avec le peuple en marge, mais à travers son ralliement avec les communistes dans la lutte pour un travail stable avec les droits, l’éducation publique et gratuite, la santé, la protection sociale, pour le droit dans le sport, la culture, le temps libre et créatif, en rupture avec le système capitaliste. Dans la lutte contre les guerres impérialistes, les interventions, pour le droit des peuples à choisir la voie du développement qu’ils veulent. Seule cette lutte peut combattre le nationalisme qui, tant que le capital dominera, trouvera un terrain d’épanouissement sur la base de la déception populaire face aux différents scénarios de gestion de ce système pourri.
La jeunesse doit tourner le dos aux partis du soi-disant “euroscepticisme” qui ne luttent pas contre l’économie et la société capitaliste injuste et exploiteuse, ce qui explique l’existence d’unions comme l’UE. Elle doit donner une réponse combative aux forces racistes et fascistes, qui sont utilisées par le système comme “chiens de garde” contre le mouvement ouvrier.
Nous appelons les jeunes à soutenir massivement l’action des partis communistes et ouvriers en Europe qui luttent contre l’UE, dans la perspective des élections européennes de mai, ainsi que dans toutes les batailles politiques qui nous attendent, pour une société sans exploitation de l’homme par l’homme, le socialisme.