À l’heure où des millions de travailleurs remplissent leur déclaration de revenus, ils ont l’occasion de constater que le prélèvement à la source n’est pas la simplification annoncée. Loin de là.
Pour le moment l’impôt à la source n’est pas la révolution fiscale que d’aucuns voulaient décrire : chaque travailleur peut observer, pour peu qu’il regarde les pages réservées aux riches concernant les déclarations de revenus annexes, les interminables niches fiscales offertes aux plus riches.
Comme l’ont toujours dit les communistes en chantant l’Internationale
L’État opprime et la loi triche,
L’Internationale
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose au riche,
Le droit du pauvre est un mot creux
en système capitaliste, l’impôt écrase les travailleurs et profite aux capitalistes.
Comme un travailleur averti en vaut deux, quelques explications sur les impôts et notamment la CSG peuvent vous être utiles.
Hausse de la CSG, l’arnaque Macron
À entendre nombre de commentateurs et économistes bon teint, quand ce n’est pas certain de leurs soi-disant « syndicalistes » mais véritables accompagnateurs, le gouvernement d’Édouard Philippe sous la houlette de Emmanuel Macron a assommé les travailleurs durant des semaines et des mois sur la hausse de la CSG de 1,7 %. Frappant jeunes travailleurs et retraités, travailleurs du public comme du privé. Une hausse qui soi-disant était modérée. Et qui n’est pas pour rien dans le bouillonnement de la colère populaire.
Il est bon de rétablir la vérité sur ce qu’est un point de pourcentage à ne pas confondre avec le pourcentage. Quelques explications concrètes avec Jean-Luc A. de la CGT de Tarbes
Un point de pourcentage est une unité utilisée pour désigner la différence arithmétique entre deux pourcentages. Pour éclairer le propos prenons l’exemple suivant : passer de 3 % à 10 % est une augmentation de 7 points de pourcentage (10 points – 3 points = 7 points) et non une augmentation de 7%. Lorsque le gouvernement augmente le taux d’un impôts de 5% de 1 point de pourcentage, c’est en réalité une hausse de 20% de la somme payée par le contribuable concerné. Ce calcul vaut pour la CSG comme pour tous les impôts et taxes. Il est identique pour tout autre prélèvement social et/ ou d’augmentation.
Pour la CSG, elle n’a donc pas augmenté de 1,7 % mais de 1,7 point. Parlons concret pour mesurer ce que cela veut dire :
Pour prendre l’exemple d’un retraité qui perçoit une pension de 1250 € brut mensuel, cela représentait en 2017,avec une CSG au taux de 6,60%, une retenue de : 1250 x 6,60% =82,50€.
En 2018, la CSG prend 1,7 point supplémentaire, c’est-à-dire que le taux de la CSG passe de 6.6% à 8,30% (6.6+1.7=8.3). En 2018, la retenue sur la pension est donc de: 1250 x 8,30% ce qui donne: 103,73€.
Et c’est mathématique: passer de 82,50€ à 103,75 € représente une augmentation de 25,76%. Ce qui représente une perte mensuelle de 21,25€ soit 255€/an pour ce retraité ne roulant pas sur l’or contrairement à ce qu’en disent Macron et son gouvernement.
D’ailleurs, si la CSG avait augmenté de 1,7% le nouveau taux à appliquer aurait du être de:6,60% x 1,7% =6,71%.
Une fois cette notion arithmétique rétablie, il convient de ne plus confondre point et pourcentage, et en conséquence le prélèvement de l’impôt au titre de la CSG a bien augmenté de 25,76% sur le montant de cette pension. Chacun et chacune peut même faire son propre calcul sur la pension qu’il perçoit.
Mais rassurons-nous…si on peut dire, car la ministre Muriel Pénicaud -sous la pression des Gilets Jaunes – nous avait annoncé (17 décembre 2018-tous médias confondus) qu’ « il y aura un très gros chèque jusqu’avant l’été » pour les retraités.
Alors retraités et futurs retraités, prenez soin de ne pas baisser la garde, et souvenez-vous que travailleurs en activité ou retraités, jeunes et personnes âgées, les travailleurs ont tous les mêmes intérêts. L’occasion de rappeler que le recul sur cette augmentation massive de la CSG ne concerne que les plus petites pensions de retraite. Mais pas les travailleurs du privé ni les agents publics. Pendant ce temps, l’ISF, impôt sur la fortune est lui bel et bien supprimé, soit un cadeau d’environ 4 milliards d’euros à quelques milliers des plus riches de France.
Impôts à la source : vers la fusion impôt sur le revenu et CSG pour la généralisation de l’arnaque
Cette explication mathématique apportée, c’est l’occasion aussi d’expliquer la vraie raison et les vrais buts de la réforme du prélévement à la source. Ce n’est pas une nouvelle pour ceux qui nous lisent, le PRCF dénonçant cette réforme antisociale depuis toujours et notamment lorsqu’elle a été lancée par le gouvernement Hollande-Valls-Macron en 2016 (lire ici).
Les vraies conséquences du prélèvement à la source ce n’est pas une simplification ou une baisse d’impôt pour les travailleurs mais c’est de :
- supprimer des agents publics : en confiant la collecte de l’impôt aux comptables et DRH des entreprises, c’est le secteur privé qui collecte l’impôt. Et non plus des fonctionnaires. Au passage, tant pis pour la confidentialité de l’impôt, votre collecte pouvant très bien être sous- traitée n’importe où dans le monde. La réforme permettrait de supprimer plus de 10 000 emplois
- jackpot pour les entreprises privées. Avec le prélèvement à la source, la collecte des 75 milliards d’euros annuels d’impôt sur le revenu est confiée à aux entreprises privées. De la trésorerie facilement gagnée pour plusieurs mois, au détriment des salariés. Un montant supérieur à l’impôt sur les sociétés. Et on ne parle pas ici des risques de fraude ( le taux de recouvrement de la TVA par les entreprises serait proche de 50% contre 98% pour le recouvrement de l’impôt sur le revenu avant prélèvement à la source)
Si la collecte de l’impôt va baisser, pourquoi le gouvernement se lance-t-il dans cette réforme alors ? Le vrai but c’est de permettre de regrouper la CSG et l’impôt sur le revenu et à terme de s’en prendre aux cotisations sociales. C’est poursuivre le travail entamé avec la CSG. Tant qu’il y avait une année de décalage, impossible de fusionner ces deux impôts. C’est désormais possible et cela pourrait être dramatique pour les travailleurs.
D’abord ce prélèvement à la source et la fusion avec la CSG permettent beaucoup plus facilement de procéder à des hausses de taux. Il suffit de voir ce qui s’est produit avec la hausse massive de la CSG par le régime Macron.
Ensuite, cela permet de faire figurer cotisations sociales et impôts sur la même fiche de paye. Or il ne s’agit pas du tout de la même chose.
Dans le premier cas, il ne s’agit pas d’impôt : les cotisations sociales, même si elles ne finissent pas en billets directement dans votre poche sont du salaire. Un salaire mutualisé entre tous les travailleurs et payant la protection sociale : retraite, sécurité sociale, dépendance, maladie, chômage. Ces cotisations sociales ne peuvent servir qu’à cela, à travers le budget de la sécurité sociale. Un budget plus important que celui de l’État.
Dans le second cas, ce sont des impôts. Qui peuvent servir au régime Macron… à financer les 4 milliards d’euros de cadeaux aux milliardaires en leur supprimant l’ISF. Avec la CSG, c’est une partie des cotisations sociales qui a été transférée comme impôt. Avec la fusion CSG-IR, ce serait la poursuite de la fin des cotisations sociales, de la sécurité sociale et in fine une gigantesque baisse de salaires qui ne dit pas son nom
JBC pour www.initiative-communiste.fr