La Résistance en Grèce a été massive, face à une triple occupation allemande, italienne et bulgare. L’EAM, le grand Front de Libération dirigé majoritairement par les communistes, était aussi porteur de projets de réformes politiques, économiques et sociales qui dérangeaient fortement non seulement les classes possédantes du pays mais aussi leur « protecteur » traditionnel, la Grande-Bretagne. C’est pourquoi, dès 1943, Churchill programma un débarquement de ses troupes afin d’exclure l’EAM de la vie politique du pays après la guerre. Une intervention militaire sanglante, en décembre 1944, lui permit de désarmer les partisans et de bloquer l’évolution démocratique prévue par le programme de l’EAM, avec élections et référendum sur la question de la monarchie. Livrés à une terreur blanche sans précédent et à une justice qui s’empressa de les persécuter tandis qu’elle intégrait les pires collaborateurs dans les organes de l’État, beaucoup d’anciens résistants durent reprendre peu à peu les armes, s’engageant ainsi dans une guerre civile qui dura 3 ans, de 1946 à 1949, et où les États-Unis prirent le relais des Britanniques dans la lutte contre le communisme. Joëlle Fontaine, auteure de « De la Résistance à la guerre civile en Grèce. 1941-1946 », La Fabrique, 2012.