Alain Audoubert, militant communiste, a été maire PCF de la ville de Vitry dans le Val de Marne, en banlieue parisienne de 1996 à 2015. Il a été également Secrétaire de Section du PCF de Vitry-sur-Seine de 1983 à 1995, ancien membre de notre bureau fédéral Il est tragiquement décédé dans l’incendie de son appartement le 29 juillet 2019 . Un hommage « populaire et républicain » sera organisé le 6 septembre prochain en soirée au théâtre Jean-Vilar. Le PRCF rend hommage à l’élu communiste, l’un des fondateurs du réseau des maires pour la Paix en France et adresse ses condoléance à sa famille, ses proches et aux vitriotes. Notre camarade DVS avait milité avec lui :
J’apprends avec tristesse la mort tragique de l’ancien maire PCF de Vitry, Alain Audoubert.
DVS (PRCF)
Ancien instituteur comme moi, nous nous étions rencontrés dans les années 70 lors de diverses activités syndicales. Nos contacts avaient été cordiaux, mais très ponctuels. Par la suite, vers 1979-1980, alors que j’avais intégré la cellule du PCF du Lycée Jean Macé à Vitry, je l’ai à nouveau plusieurs fois rencontré lors de réunions à la section PCF de Vitry. Il était alors premier adjoint à la mairie. Par la suite, ayant rejoint la section PCF de Cachan, je n’ai eu que des échos épisodiques de ses activités, notamment comme maire de Vitry à partir de 1996.
S’agissant de mon militantisme à Vitry à la fin des années 70 – début des années 80, j’ai un souvenir assez flou des échanges et des entretiens que j’ai pu avoir à l’époque avec Alain Audoubert. Je me souviens cependant qu’il soutenait la ligne politique entamée par Georges Marchais en 1976 lors du 22ème congrès et de l’abandon de la dictature du prolétariat ainsi que le renoncement au marxisme-léninisme, ligne qui s’est poursuivie avec la période du « Programme commun ».
Sur ces points, j’avais eu l’occasion, avec quelques militants, d’exprimer une série de désaccords lors de réunions à la section. Alain Audoubert et la majorité de la section de Vitry ayant décidé de poursuivre l’expérience du « Programme Commun », et le centralisme démocratique étant toujours en vigueur (jusqu’à un nouvel abandon en 1996), je me suis rallié en tant que militant de base à la ligne générale du parti.
Incontestablement, Alain Audoubert était ce qu’on appelait jadis un parfait honnête homme. Mais il ne fait pas de doute que la presse aux ordres et tout ce que ce pays compte de réactionnaires anticommunistes se fera un malin plaisir, entre deux larmes de crocodiles, de rappeler l’épisode malheureux du « Bulldozer » en 1980 lorsque la mairie de Vitry tenta de pénétrer dans le foyer Sonacotra où le gouvernement de Giscard d’Estaing avait parqué 300 immigrés maliens, dirigés d’une poigne de fer par un chef de clan qui les avait littéralement cloîtré en refusant systématiquement toute inspection sécuritaire et sanitaire pourtant prévues par les textes légaux de l’époque.
J’avais regretté à l’époque cette décision de la mairie. Elle m’apparaissait comme une erreur grave qui ne pouvait qu’alimenter la hargne de la bourgeoisie giscardiste ou mitterrandiste, celle des trotskistes de la LCR sans oublier les plumitifs de la « nouvelle philosophie» (Glucksmann, Bernard Henri Lévy et al.). Tout cela relayé hélas par des membres influents du PCF – Pierre Juquin, Claude Llabres…– qui ne devaient d’ailleurs pas tarder à rejoindre les cieux de la classe dominante toujours accueillants aux renégats.
Ce faux pas d’Alain Audebert, de même que son « suivisme » face à l’entreprise liquidatrice du PCF, notamment à partir de 1994, ne saurait faire oublier ni l’intégrité de l’homme, ni la sincérité du militant, en dépit de ses illusions, ni la remarquable œuvre sociale accomplie à Vitry, une ville où Alain Audoubert a considérablement travaillé en faveur de l’habitat social, tant pour les habitants locaux que pour les classes populaires expulsées de Paris par la « gentrification de la ville » et pour les populations immigrées.
On rappellera enfin aux habituels contempteurs et diffamateurs du travail réalisé par les communistes en France que Vitry qui comptait déjà 17% d’immigrés à la fin des années 70, en compte aujourd’hui 29% et se situe au neuvième rang d’un ensemble de 115 villes importantes ou moyennes (de plus de 50.000 habitants) pour ce qui concerne l’accueil de ce type de population (enquête INSEE). À comparer avec le taux moyen à l’échelon national qui se situe à 9%.
Malgré les profondes divergences politiques, le PRCF adresse ses sincères condoléances à un camarade dont l’honnêteté, la droiture et la travail accompli au service de la classe des travailleurs ne sauraient être mis en doute
Merci