Ce 11 septembre, la CGT organise une journée nationale d’action dans la santé pour défendre l’hôpital public, ses personnels soignants et les patients. En effet, sous la pression de décennies d’euro-austérité imposées par l’€uro et ses critères de Maastricht, l ‘hôpital public est en lambeau. Ses personnels qui se battent pour la santé des patients sont au bord de la rupture. Mais le régime Macron à la suite de ceux de Hollande et Sarkozy ou Chirac n’a qu’une obsession en tête: réduire les dépenses publics de santé. Cela se traduit par les suppression de postes de personnels soignants alors que la population vieillit et a besoin d’infirmières, de médecins, par la fermeture de lits ne permettant plus à l’hôpital public et en premier lieu aux services d’urgence de prendre en charge les patients dans des conditions décentes, mais également par les défauts d’entretien des hôpitaux. L’état lamentable de l’hôpital de Guadeloupe, les fuites d’eaux à celui de Bastia, les dispositifs défaillant à la Timone à Marseille, pour ne citer que ces exemples, démontrent qu’il y a urgence à réagir et à se mobiliser pour notre santé, pour nos hôpitaux publics.
En 20 ans, le nombre de visites aux urgences a doublé, de 10 à 21 millions par an, mais le nombre de lits a chuté, diminuant de 100 000 rien que ces quatre dernières années. Résultat de la fermeture tous azimut des hôpitaux, notamment des centres hospitaliers de proximité. Rappelons que plus de la moitié des maternités ont ainsi été fermées (lire ici).
N’ayant pas réussi à faire taire la colère à coup de pression et d’un chantage odieux : de petites augmentations de budgets contre l’arrêt de la grève, la ministre de la santé, A Buzin au long passé au service des lobbies pharmaceutiques et de la santé privatisée, a fait mine d’annoncer un plan de secours pour les urgences.
Les économistes rappellent pourtant le sous-investissement dans la santé publique en France : « 754 millions d’euros sur trois ans pour les urgences, c’est vraiment une rustine par rapport à ce qui est demandé. La France se caractérise par un des plus faibles taux de croissance des dépenses de santé : 1,4% contre plus de 3% en Allemagne. On a une austérité très forte qui s’applique sur l’hôpital », estime Christophe Ramaux, membre des Économistes atterrés.
De la poudre aux yeux pour les personnels de terrain. Et ce d’autant plus que ce plan de 251 millions d’euros par an est financé en déshabillant d’autres services de l’hôpital public, étant fait à budget constant. En réalité ce régime démontre que s’il a toujours des milliards pour financer ses guerres, pour supprimer les impôts des milliardaires, il n’y a jamais un sous pour les infirmières !
Le collectif inter urgence réuni à Paris a annoncé la poursuite et appelle à amplifier le mouvement :
🇫🇷#URGENCES Appel à la grève locale le 26 septembre dans tous les départements. Une manifestation nationale sera prévue ensuite. #urgences « la lutte continue tous ensemble » conclut l’@InterUrg pic.twitter.com/y8ULznfSPK
— VALLÉE Jean-Claude (@jclvallee1) 10 septembre 2019
Clôture de l’AG : poursuite du mouvement !
— L’Inter-Urgences (@InterUrg) 10 septembre 2019
Vote acté pour élargissement à l’ensemble des hospitaliers ;
Vote d’une motion avec une plateforme de revendications communes pour tous les hospitaliers des différents secteurs ;
Nouvelles actions prévues le 26 septembre. pic.twitter.com/xt7gHiIIoI
L’interurgence a voté pour trois revendications prioritaires : Effectifs, salaires et lits. Non-négociables.
– l’Attractivité des carrières hospitalières,
– l’arrêt de la fermeture des lits et de structures
– le recrutement de personnel avec l’arrêt des contrats précaires.
Et elle appelle à une nouvelle journée d’action le 26 septembre prochain.
Les explications du syndicalistes C Prudhomme au micro de France Info
Franceinfo : Les mesures annoncées par Agnès Buzyn sont-elles à la hauteur de la crise ?
Christophe Prudhomme : Non, absolument pas. C’est l’ensemble du système de santé qui dysfonctionne. Il va falloir plus que ces quelques mesures qui pour certaines sont des gadgets. Il y a le problème du financement. Les sommes annoncées par la ministre peuvent paraître importantes, mais elles ne résultent que d’un redéploiement budgétaire. Ce sont des crédits existants. Le budget alloué aux hôpitaux ne permet pas de maintenir le potentiel de lits. On ferme des lits chaque année parce qu’on n’a pas assez d’argent pour maintenir ces lits ouverts. Aujourd’hui, la crise est profonde, il va falloir que la ministre avec la majorité parlementaire décident dans les semaines qui viennent d’une augmentation très substantielle du budget de la sécurité sociale. Nous, ce que nous demandons, c’est une augmentation du budget des hôpitaux et des Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] de 5%. Il y a une chose dont la ministre n’a absolument pas parlé, ce sont les salaires. Le problème des salaires est très important à l’hôpital, que ce soit pour l’aide-soignant, l’infirmier et les médecins.
Tous ces projets sans ouverture de lits, sans recrutement ne serviront à rien ?
On va bricoler. Il y a des choses intéressantes dans ce que propose la ministre, mais ce sont des choses qu’on propose depuis des années qui n’ont pas été mises en œuvre. Que l’on réorganise dans les territoires une offre de soins avec des médecins généralistes et qu’on régule cette installation pour qu’il y en ait à proximité de tout citoyen. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. On a pour la première fois des discussions qui vont s’ouvrir sur les numéros d’appel. Il ne faut pas les multiplier. Aujourd’hui nous avons un problème de coordination entre les pompiers et le Samu. Il faudrait que la ministre donne des consignes très précises aux gens qu’elle pilote, les directeurs d’hôpitaux et les directeurs d’ARS [Agences régionales de santé] pour que son discours soit en adéquation avec ce qui se passe sur le terrain. Aujourd’hui, on ferme des Samu. On a fermé le Samu de la Nièvre au mois d’octobre. Le Samu de l’Yonne est menacé. Le problème budgétaire est incontournable et la ministre n’y a pas répondu. C’est un préalable pour nous.
Les 750 millions d’euros ce sont des crédits qui existent, et qui seront déployés pour mettre en place les mesures annoncées. Savez-vous où cet argent sera pris ?
Dans mon hôpital aujourd’hui, il est pris en supprimant des emplois et des lits en particulier en gériatrie avec ce fameux tout ambulatoire. Un lit représente deux emplois à l’hôpital. Dans les hôpitaux on ne pense qu’à l’argent, l’humain est oublié. En ce qui concerne les personnels des urgences avec le collectif Inter-urgences, les syndicats, nous sommes très déçus. Ce n’est pas à la hauteur des enjeux. La crise est grave, profonde. La ministre a mis beaucoup de temps à répondre. Quand on laisse pourrir un mouvement, le niveau d’exigence augmente. La situation s’est dégradée entre le début du mouvement et aujourd’hui. A l’hôpital de Mulhouse, dix médecins ont démissionné, il faut faire appel à la réserve sanitaire. A Sisteron, les urgences ferment à 20h30, il faut faire 50 kilomètres en allant à Gap quand on a besoin des urgences. Il faut que la ministre [Agnès Buzyn] rétablisse un véritable dialogue social. Cet après-midi [lundi 9 septembre] on a assisté à un grand show médiatique où elle a invité quelques personnes qui n’ont pas eu droit à la parole.