Alors qu’une campagne médiatique est en cours en France pour appuyer la tentative de coup d’état de la droite en Bolivie, qui refuse de reconnaître le résultat des urnes, IC fait le point sur la situation. La commission internationale du PRCF fait savoir qu’elle appelle à se tenir au côté du peuple bolivien contre cette nouvelle tentative de déstabilisation impulsée par l’impérialisme américain et ses soutiens compradores.
Les résultats en toutes transparence
En Bolivie, les résultats des élections sont publiés en direct au fur et à mesure de la transmission des procès verbaux de votes par les bureaux de vote. Cela tranche d’avec l’opacité pratiquée en France où ce n’est pas une autorité indépendante mais le ministre de l’intérieur qui compile les résultats.
Donc cela permet de consulter l’ensemble de ces procès verbaux. C’est ce qu’Initiative Communiste, le média du PRCF, a fait. D’un simple clic sur le site internet de l’OEP.
Un clic qui permet de consulter les plus de 30 000 PV de vote – seuls une dizaine n’avaient pas encore été transmis lorsque nous avons téléchargé le document – et donc les résultats du vote. Un résultat qui n’est pas publié car il fait l’objet de vérifications soigneuses par le tribunal électoral bolivien avant que les résultats ne soient officiellement proclamés. Ce qui est un processus normal dans toute élection, et particulièrement lorsque les résultats sont proches des seuils constitutionnels.
Le vote des boliviens est sans appel. Evo Morales est largement gagnant de cette élection, avec 46,84% des voix, il devance de plus de 10 points l’ex président d’ultra droite soutenu par les Etats-Unis d’Amériques, et ses 36,72%.
En application de la constitution de Bolivie, Evo Morales est donc bien, et largement, réélu président de l’état andin.
L’appel à défendre la démocratie contre le coup d’état lancé par Evo Morales
Washington et de ses vassaux européens poussent la droite bolivienne à mettre la Bolivie à feu et à sang pour tenter de faire croire que les boliviens ne voudraient plus être gouverné par le MAS, à qui ils ont donné la majorité parlementaire, et dont ils ont placé largement en tête le candidat à la présidentielle, le président Evo Morales a donné une conférence de presse ce mercredi 24 octobre 2019.
Evo Morales a averti contre la tentative de coup d’état de droite qui est en cours et qui a pour but de faire cesser le décompte des bulletins de votes afin d’annuler les résultats de l’élection de dimanche où il a été réélu dès le premier tour.
« Un coup d’état est en cours, mené par la droite avec le soutien étranger… quelles sont les méthodes de cette tentative de coup d’état ? Ils ne reconnaissent ou ne veulent pas attendre les résultats des élections, ils sont en train de bruler les tribunaux électoraux, ils veulent proclamer le candidat arrivé second comme le vainqueur ».
« Nous sommes juste en train d’attendre que le tribunal électoral publie les résultats, je suis presque certain que en considérant les votes des zones rurales, nous allons gagner dès le premier tour, et d’ailleurs, les résultats préliminaires démontrent que nous avons gagné. Mais nous sommes respectueux, et nous attendrons les résultats officiels du tribunal électoral. J’ai dit à la presse internationale, notre victoire a toujours été grace au vote rural ».
Evo Morales – 23 octobre 2019
Morales a remercié le peuple bolivien pour avoir donné au MAS (mouvement vers le socialisme), la majorité aux parlements, atteignant presque la majorité des deux tiers.
Le président Evo Morales a dénoncé la stratégie raciste habituelle de l’opposition d’extrême droite qui voudrait effacer le vote des citoyens boliviens indigènes.
« Je comprend la désespérance de la droite, ils ne veulent pas reconnaître ma victoire, ils veulent ne pas reconnaître le vote indigène, comme ils le faisaient par le passé… nous sommes tous humains, nous sommes tous membres de la même famille bolivienne, nous pouvons avoir des différences idéologiques, mais répandre la haine contre les indigènes et ne pas reconnaître leur vote, c’est juste du racisme ».
Les syndicats de travailleurs appellent à la mobilisation pour contrer le coup d’état
La coalition des syndicats de travailleurs et de mouvements sociaux CONALCAM a déclaré l’état d’urgence populaire et appelé à la mobilisation pacifique pour défendre la démocratie bolivienne contre les violences de la droite, tandis que dans la cité de droite de Sucre, des émeutiers incendient l’autorité électorale régionale, que des bureaux de l’administration étaient attaqués à Tarija, Orura et que le quartier générale de campagne du MAS subissait des attaques de vandales. A Cochabamba où Morales l’emporte largement, les émeutiers ont essayé de s’emparer du bureau de décompte électoral.
La Central Obrera Boliviana (COB) et le coordinateur national pour le changement (Conalcam) ont déclaré l’état d’urgence et appelé à une mobilisation mercredi pour défendre la démocratie.
Conalcam
Les deux organisations ont publié une déclaration après avoir rencontré le président Evo Morales. « Nous nous sommes déclarés dans l’état d’urgence et la mobilisation nationale avec une première concentration nationale pacifique le mercredi 23 octobre à midi sur la place San Francisco », indique le document.
«Nous dénonçons les intérêts oligarchiques et privatisateurs qui se cachent derrière ces actions violentes financées par des comités de citoyens et des groupes de choc, et des entreprises privées engageant leurs travailleurs à participer à ces soi-disant conseils afin de générer de la violence et des bouleversements sociaux le pays », ont-ils dit.
Les derniers jours ont été convulsés pour la Bolivie, puisque les élections se sont tenues dimanche et, après avoir interrompu le contrôle pendant quelques heures, les chiffres ont finalement remporté Morales au premier tour.
Face à cette situation, l’opposition – dirigée par Carlos Mesa – a dénoncé la fraude et appelé à une mobilisation.
Cependant, de la COB et Conalcam ont souligné que la victoire de Morales « a été possible par le vote des travailleurs de la campagne et de la ville organisés dans les quartiers populaires des villes, mais également dans les zones dispersées de toutes les provinces ».
«Nous alertons le peuple bolivien que Carlos Mesa et la communauté citoyenne ont tenté d’attribuer des résultats probants basés sur des chiffres partiels diffusés par la Cour suprême électorale sans attendre les résultats définitifs des zones reculées, comme si le vote des frères paysans autochtones n’avait pas d’importance interculturel, afro-bolivien et minier », ont-ils lancé.
Et ils ont conclu que « la droite tente de mener un coup d’État antidémocratique, des actions violentes, l’incendie des tribunaux électoraux et du siège du Mouvement pour le socialisme, les attaques racistes et les rumeurs de pénurie sont une atteinte à la démocratie et à la stabilité sociale et économique du pays ».