Alors que l’on apprend que deux policiers vont finalement être renvoyés devant un tribunal pour violences policières – les images du jet de pavé sur des manifestants le 1er mai à Paris et du tabassage d’un manifestants pacifique à Paris également avaient fait le tour des réseaux sociaux, les chiffres prouvent une autre réalité, celle de l’impunité presque totale. Ce n’est pas une nouveauté, et exemples à l’appui nous avions déjà montré le traitement très favorable réservés aux policiers délinquants par la justice. Mais 2018/2019 et la répression du mouvement des gilets jaunes marque une rupture dangereuse.
C’est que le régime Macron ne tient désormais que par les seuls coups de matraques et les nuages de gaz lacrymogènes, les vagues d’arrestations et les interdictions de manifester. Minoritaire, autoritaire et illégitime au soir même du 7 mai 2017, il poursuit sa fuite en avant dans la fascisation, avec une violente répression de classe, pour mettre en œuvre le programme fixé par l’UE-MEDEF, faire les poches des travailleurs et intensifier l’exploitation pour remplir les coffres des riches. C’est pour cela que sortie médiatique après sortie, Castaner le ministre de l’intérieur de Macron éructe son soutien absolu aux porteurs de matraques, et dénie la possibilité de violences policières.
2 policiers envoyés au tribunal, pour un minimum de 860 violences policières documentées par le journaliste indépendant David Dufresnes, 2 morts, 315 blessures à la tête, 24 éborgnés et 5 mains arrachées.
A lire : le dossier spécial violences policières d’Initiative Communiste
Le classement des poursuites la règle
les chiffres de Paris :
D’après les chiffres officiels du parquet de Paris, l’instance judiciaire non indépendante et aux ordres du ministre de la justice dont le procureur général Rémi Heitz a été nommé directement par Macron, depuis le 17 novembre 2018, 212 enquêtes sur des violences policières ont été confiées par le parquet à l’IGPN (inspection générale de la police nationale. Le résultat de ces enquêtes fait froid dans le dos et montre cruement à travers la statistique l’impunité quasi totale des violences policières.
Sur les 212 enquêtes confiées par le parquet de Paris à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), 66 font toujours l’objet d’investigations et ne sont pas terminées tandis que 146 ont été clôturées. Montrant la lenteur des enquêtes, qui devraient pourtant être rapide, les mis en causes étant des policiers sous les ordres de leur hiérarchie, facile à identifier puisqu’ils doivent porter leur RIO et dont les agissements, sont commis sous les yeux de temoins que sont leurs collègues et leurs commandants. Loin de l’indépendance et de la sérennité judiciaire nécessaire, seules 18 affaires ont été confiées à des juges d’instruction, indépendant, il s’agit pour l’essentielle des affaires les plus graves, de mutilations (mains arrachées, oeil crevé…). Au final, seule deux affaires vont faire l’objet d’un procès à ce jour. Celle d’un CRS en tenue jetant un pavé sur des manifestants le 1er mai 2019, et celle d’un policier en tenue frappant un manifestant pacifiste… Deux affaires largement médiatisés par les réseaux sociaux mais qui avaient été censurées par les médias audiovisuels.
Sur plus de 200 affaires, seules 9% ont donc à ce jour des suites judiciaires. A l’inverse, le parquet de M Heitz a classé 54 affaires. 33 sont enterrées par l’IGPN au motif que l’infraction ne serait pas suffisament caractérisée, sans même laisser la possibilité à un juge indépendant d’en juger. Soit 16% des affaires. Dans 7 dossiers l’IGPN conclu à l’absence d’infraction, et dans 2, l’IGPN prend motif d’un défaut du plaignant (7% des affaires). 72 affaires soit 1 affaire sur trois, dont l’enquête de l’IGPN est terminée, sont bloquées dans les mains du parquet, sans qu’aucune suite n’aient été données à ce jour. Et pour finir 66 dossiers sont encore en cours d’enquête (31% des affaires de violences policières)..
Si on ne considère que les enquêtes terminées, une sur deux est bloquée par le parquet, et près de quatre sur dix ne donne lieu à aucune suite. C’est à peine une sur dix qui donne lieu à un procès !
Ces chiffres sont la statistique incontestable de l’impunité organisée des violences policières. Impunité par la lenteur de la réponse judiciaire, à l’inverse de la justice de classe expéditive envoyant des centaines de manifestants et syndicalistes dans des procès par comparution immédiate bafouant les droits de la défense, le parquet enterrant les dossiers renvoyé aux calendes grecques. Impunité par le classement massif des dossiers, notamment par des enquêtes ne recherchant pas les mis en causes ou les preuves de leurs implications. Comment en serait il autrement alors que c’est la police qui enquête de façon non indépendante sur ses violences ? Impunité par la lenteur des enquêtes.
De fait, le régime Macron et son ministre de l’intérieur, imagine sans doute s’en tirer en médiatisant le renvoi de deux policiers devant un tribunal. Cela ne fera pas illusion. Il ne s’agit que de sacrifier deux policiers pour tenter d’éviter que les donneurs d’ordres de la répression sanglante, premiers des responsables ne soient mis en cause devant la justice.
Marseille
Zineb tuée par une grenade de la police
Alors qu’un procureur était sur place lorsque la grenade qui a été tirée tuant Zineb, il n’y a eu aucune identification du policier tireur. Encore moins de ses commanditaires. Pour être sûr que cela ne soit pas le cas, la police a refusé de donner le nom du policier tireur et de livrer à l’expertise judiciaire ses lances grenades. Au motif qu’il ne pouvait s’en séparer afin de répondre aux ordres de répression massive qui leurs ont été donnés… Il est vrai que le parquet de Marseille avait osé lancer l’odieuse propagande que la vieille dame ne serait pas morte de la grenade qui lui a explosé le visage… mais de ses problèmes de santé. Ignoble.
Une dame de 80 ans, est morte, tuée chez elle par un tir de la police. Près d’un an plus tard, l’enquête n’a toujours pas avancée.
Maria, crane fracassée et scalpée
8 décembre 2018, Maria, 19 ans, vendeuse quitte sa boutique du centre de Marseille, elle non plus ne manifeste pas ; attaquée par une troupe de policiers, elle a le crane défoncé : projeté au sol par un tir de LBD à la cuisse, elle est tabassée
A sa sortie de l’hopital, fragile, la victime se voit refuser deux fois sont dépots de plaintes dans deux commissiriats. C’est son avocat qui réussit seulement au mois d’avril a faire enregistrer la plainte. Le parquet ouvre une enquête pour « violences aggravée » par personnes dépositiaires de l’autorité publique, armées et en réunion ».
Ce délais de plus de 3 mois permet la disparition de nombreuses preuves. images de vidéosurveillances, enregistrement des échanges de radio de la police sont supprimés, rapport des mouvements et interventions de polices le 8 décembre.
L’IGPN prétend ne pas réussir à identifier les policiers. Sans surprise, le journal Médiapart révèle que de grave manquements auraient été commis dans l’enquête pour éviter de retrouver les auteurs.
[#ÀlaUne] Maria : une horde sauvage couverte par l’#IGPN
— Mediapart (@Mediapart) November 6, 2019
– Enquête : comment la police des polices protège les siens
– Le 8 décembre à #Marseille, un dispositif «de guerre» face aux «gilets jaunes»
– Entretien : « Les policiers m’ont enlevé ma vie »
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Strasbourg
6 novembre 2019, le parquet de Strasbourg ose classer sans suite la plainte déposé par la mère d’un adolescent de 15 ans. Alors qu’il faisait des courses, il est visé par un tir de LBD de la police qui lui fracasse la machoire.
le motif du classement sans suite avancé sans honte par le parquet ? « l’impossibilité d’identifier le policier qui a tiré » et le « défaut d’intention avéré du tir en direction du jeune homme ».
Outre le fait que l’on se demande comment le procureur de Strasbourg peut réussir à apprécier l’intention d’un tireur qu’il n’a pas identifié, on peut également voir dans quel régime on se trouve désormais, régime policier et violent qui ne sait pas identifier ce que font ses policiers notamment quand ils ouvrent le feu.
«Un classement sans suite, c’est comme si on nous disait qu’il ne s’était rien passé. Comme si c’était banal de tirer sur un gamin qui vient d’aller s’acheter une veste dans un magasin. C’est du mépris total», a réagi dans Les dernières nouvelles d’Alsace (DNA), la mère de l’adolescent
JBC pour www.initiative-communiste.fr