C’est le très bien informé et fort peu soupçonnable de sympathie communiste journal américain de la bourse, Bloomberg, qui le dit, le mouvement de contestation populaire massif au Chili est emmené par le parti communiste, avec notamment la forte influence de deux jeunes députés communistes issues des mouvements sociaux et étudiants de ces dernières années. Un mouvement social présenté par les médias comme une surprise, et pourtant l’article du 20 août dernier démontre que la contestation populaire, sociale et politique montait de longue date, sous l’impulsion du parti communiste. Provoquant la peur des capitalistes jusqu’à Washington.
Et les camarades du PCC sont à l’offensive ; après avoir réussi à obtenir que la constitution soit révisée, ils entendent bien obtenir la convocation d’une assemblée constituante. Une revendication démocratique élémentaire pour que les travailleurs puissent prendre leur destin en main et renvoyer loin du pouvoir le dictateur milliardaire Pinera, aux mains ensanglantées de la répression des manifestation, ce successeur et continuateur de Pinochet aux ordres de l’impérialisme US.
Manifester aussi longtemps qu’il n’y a pas d’assemblée constituante : l’appel du PCC
Le président de la République a proposé au Congrès d’étudier la faisabilité d’une nouvelle constitution. Après avoir cédé à cette demande nationale, c’est le triomphe de la mobilisation populaire. C’est une réaction tardive. Mais c’est une proposition qui cherche à priver la souveraineté du peuple en proposant que la nouvelle Constitution soit rédigée par un Congrès constituant, le la Chambre des députés actuelle et le Sénat actuel. Cela contraste avec le sentiment majoritaire qui exige que la nouvelle constitution soit rédigée par une assemblée constituante dont les membres sont élus au vote populaire.
Communiqué du parti communiste chilien 11 novembre 2019
Ce qui convient aujourd’hui, c’est de convoquer un plébiscite afin que la population puisse décider du mécanisme constituant avec des questions claires et éclairées. Sans une nouvelle constitution, il n’est pas utile de convoquer des élections anticipées du Congrès, car celui-ci aurait les mêmes vices procéduraux que l’actuel.
Nous appelons aujourd’hui les partis politiques et le Congrès à écouter les revendications citoyennes et leurs organisations sociales représentatives de l’Assemblée constituante et à agir en conséquence, pour qu’un referendum vienne, à court terme, de consulter les citoyens sur le mécanisme à suivre. Constitution
Prolonger une détermination qui a déjà été décidée par le peuple ne peut qu’être la cause de nouvelles manifestations et d’une résurgence de la répression. Le Parti communiste estime qu’il est juste et nécessaire de continuer à participer et à soutenir des manifestations, des grèves et des manifestations pacifiques aussi longtemps que le gouvernement persiste dans sa position obstructionniste du mandat de citoyen majoritaire.
Deux députées communistes dictent subitement l’ordre du jour au Chili
Par Eduardo Thomson et Daniela Guzman
extraits .
Ces femmes appuient un projet de loi pour réduire la durée de la semaine de travail.
On ne parle que des réformes favorables aux entreprises de Pinera, mais elles sont à la peine. Dans un pays longtemps considéré comme le phare du libre marché, deux jeunes femmes communistes attirent beaucoup l’attention des cercles gouvernementaux.
Le projet de loi de réforme du travail introduit par les Chiliennes Camila Vallejo et Karol Cariola, qui se sont fait un nom en tant que leaders du mouvement étudiant il y a huit ans, recueille un large soutien et place les deux députées communistes dans le collimateur du président de droite Sebastian Pinera.
Il s’agit d’un projet visant à réduire de 45 à 40 heures la durée hebdomadaire maximale du travail dans le pays. Pinera a décrété que le projet de loi était anticonstitutionnel, promettant de le combattre dans les tribunaux s’il est approuvé. Il a sa propre proposition, mais elle a du mal à passer.
Pour Pinera, un milliardaire de 69 ans qui en est à son deuxième mandat présidentiel, le conflit syndical et le blocage au Congrès sont loin de ce qui était prévu pour son mi-mandat. Il a été élu à la fin de 2017 en promettant d’introduire des réformes importantes qui provoqueraient la croissance économique. Aujourd’hui, la croissance devrait ralentir car les principaux projets de loi sur les impôts et les retraites sont aussi au point mort, juste au moment où la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine font baisser les prix du cuivre, le principal produit d’exportation du pays.
« Le gouvernement devrait définir le programme et utiliser son capital politique », a déclaré à la Radio Pauta de Bloomberg Macarena Lobos, qui a été vice-ministre des Finances de Michelle Bachelet, celle qui a précédé Pinera à la présidence. « Au lieu de quoi, ses réformes les plus importantes sont rejetées. »
L’économie a déjà montré des signes de faiblesse, la banque centrale ramenant ses estimations de croissance pour 2019 à 2.8% contre 3.6% au début de l’année. L’indice boursier de référence IPSA est en baisse d’environ 6% cette année, tandis que l’indice MSCI EM pour l’Amérique latine montre peu de changements.
Manifestations étudiantes
Au Chili, le président a le pouvoir de décider de ce qui est débattu au niveau parlementaire, ce qui rend d’autant plus surprenante l’émergence du projet de loi promu par le duo communiste.
Vallejo, 31 ans, et Cariola, 32 ans, pourraient être considérées comme les premières versions d’Alexandria Ocasio-Cortez, la députée new-yorkaise, qui est devenue une star de gauche en Amérique. Vallejo a gagné en notoriété pendant le premier mandate de Pinera en dirigeant les manifestations étudiantes sur le système éducatif chilien. Des centaines de milliers de gens ont participé aux manifestations, alimentées par le mécontentement provoqué par les inégalités.
La réponse de Pinera comprenait un remaniement ministériel et un nouveau fonds pour l’enseignement, mais les étudiants chiliens n’ont pas été satisfaits. Sa cote de popularité a chuté lorsque Vallejo est devenue une étoile montante du Parti communiste, renforcée par le soutien populaire. Les sondages de 2011 montraient qu’elle était même plus admirée que Bachelet ou que la célèbre chanteuse révolutionnaire Violeta Parra.
Cariola, elle aussi jeune militante du Parti communiste, a rejoint les rangs des dirigeants étudiants et a fait le tour du monde avec Vallejo en tant que représentante du mouvement. Elles ont été élues au Parlement en 2014, devenant de puissantes politiciennes de gauche, et des adversaires de Pinera.
Comme Ocasio-Cortez, Vallejo « est une jeune personne de l’opposition, critique incisive du gouvernement et habile à mettre des questions à l’ordre du jour du Parlement », a expliqué Kenneth Bunker, un politologue chilien.
Le projet de loi Vallejo-Cariola vise à réduire la charge de travail dans un pays classé au sixième rang des pays membres de l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) pour le nombre d’heures travaillées. Les députées, soucieuses d’augmenter la productivité et d’améliorer la qualité de vie, ont expliqué comment les pays européens, comme la France, ont mis en place des mesures similaires avec des résultats positifs.
Le projet de loi a été accepté par la Chambre basse et a recueilli 74% du soutien populaire dans un sondage chilien respecté. Il devra ensuite passer par des “discussions particulières” avant de pouvoir être soumis au Sénat.
« Extrême urgence »
Pinera – dont la cote de popularité se situe environ à 34% selon le Cadem – a présenté un projet de loi de réforme du travail qui permettrait des contrats plus flexibles et réduirait les heures de travail à 180 par mois, ou une moyenne de 41 heures par semaine. Il traînait au Sénat lorsque le ministre du Travail a annoncé le 8 août que c’était une « urgence extrême », ce qui impose des délais au Parlement pour le voter.
Des associations commerciales se sont unies contre le projet de loi Vallejo-Cariola, affirmant qu’il nuirait à la productivité et augmenterait jusqu’à 12% les coûts du travail pour les entreprises locales.
« Les Chiliens veulent travailler comme des Français et croître comme les Asiatiques. Cela ne marche pas comme ça. C’est l’un ou l’autre », a déclaré Ricardo Caballero, un économiste du MIT, dans un entretien avec La Tercera sur le projet de loi.
Selon Patricio Navia, professeur de science politique à l’Université de New York, une façon pour le président de faire avancer son programme serait que son gouvernement appuie certains aspects du projet de loi soutenu par les communistes et l’ajoute à son plan de flexibilité du travail, comme un marché pour assurer les votes sur d’autres questions importantes de Pinera, comme une réforme fiscale.
« Mais Pinera verrait probablement cela comme de la soumission au parti communiste », a déclaré Navia. « C’est une concession qu’il ne serait pas prêt à faire. »
Cette obstination dans un Parlement contrôlé par l’opposition pourrait avoir une influence politique et économique, les élections régionales et municipales de l’an prochain étant potentiellement influencées par la manière dont les Chiliens réagissent à cette politique, a expliqué Bunker.
« Une véritable tempête s’approche, qui pourrait affecter le taux d’approbation du gouvernement », a-t-il déclaré. « Par mauvais temps, les gouvernements doivent changer quelque chose et cela pourrait passer par des négociations avec l’opposition. »