Fadi Kassem, pour le PRCF, interpelle Jean Paul Delevoye le sous ministre en charge de la contre réforme des retraites le 28 novembre au Chesnay dans une réunion publique dans le 78.
Plongée en apnée au sein de la bourgeoisie macronienne
Ce jeudi 28 novembre 2019, le haut-commissaire aux retraites nommé auprès d’Agnès Buzyn, Jean-Paul Delevoye, était invité à une réunion publique au Chesnay-Rocquencourt pour assurer la promotion de son projet de contre-« réforme » des retraites. Dans un bel entre-soi bourgeois animé par des députés « La République en Marche » (LREM), l’ancien ministre de la Fonction publique au sein du gouvernement Raffarin – qui s’attaqua déjà aux retraites des fonctionnaires en son temps[i] – espérait probablement passer une belle soirée pour dérouler son propos devant un auditoire globalement acquis (sans comprendre grand-chose au demeurant…) à la novlangue macronienne qui déroule une série de chiffres, de calculs (souvent faussés au demeurant) et de diapositives avec des prévisions parfois osées (1,3 actif pour 1 retraité en 2070 : chapeau bas pour réaliser un tel calcul !).
Seulement voilà : un « comité d’accueil » (pour reprendre les termes de la députée LREM Florence Granjus chargée de l’animation sur scène) composé de membres de la CGT, FO, Sud et du SNES 78 étaient là pour dénoncer la suppression programmée des retraites, avec un tract de belle facture – même si, malheureusement, aucune référence à l’Union européenne n’est une nouvelle fois signalée alors que la Commission européenne et le Conseil de l’UE soutiennent avec détermination la contre-« réforme » des retraites[ii] – à l’entrée du théâtre de Nouvelle France. Et par la suite, présent dans la salle pour l’occasion, le secrétaire national adjoint du Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF), Fadi Kassem, en profita pour prendre la parole après des interventions révélant pour certaines le mépris et la haine de classe à l’encontre notamment des cheminots. La prise de parole eut le don d’exaspérer une partie du public aseptisé, peu habitué à ce que la « controverse » (pourtant appréciée par Delevoye de l’aveu même de celui-ci au cours de la réunion…) sévisse, ce qui permit toutefois de dévoiler les choix idéologiques d’un haut-commissaire qui ne cessa de vanter le système par répartition – au point de faire référence aux ministres communistes (sans les nommer) inventeurs de la Sécurité sociale et des retraites par répartition en 1945 quand ils appliquèrent le programme « Les Jours heureux » formulé par le Conseil national de la Résistance (CNR). Pire : l’intervention de Fadi Kassem suscita une certaine approbation dans l’assistance, comme en témoigne la vidéo jointe.
Mensonges et désinformations de Delevoye-Macron-Philippe
Car comment croire en effet un représentant en mission aux ordres de Macron, Philippe (qui ose affirmer que la Sécurité sociale est un « Trésor national » … tout en s’apprêtant à le dilapider !) et des godillots de LREM, mais aussi du MEDEF et de l’UE, quand celui-ci explique que sa (contre-)« réforme » est au service de la « justice sociale » et de l’« égalité » ?! Probablement que Jean-Paul Delevoye n’a-t-il eu vent (ou ne veut pas en avoir) des paroles de l’ancien ministre « des Affaires sociales, du Travail et de la Solidarité » auprès duquel il œuvra entre 2002 et 2004, un certain… François Fillon : devant un aéropage de grands patrons désireux de liquider la Sécurité nationale, celui-ci fut catégorique quand il s’exprima dans le cadre de la campagne pour la primaire de la droite en mars 2016 :
« Le système de retraites par points, j’y suis favorable, mais il ne faut pas faire croire aux Français que ça va régler le problème des retraites. Le système par points, en réalité, ça permet une chose, qu’aucun homme politique n’avoue : ça permet de baisser chaque année le montant des points, la valeur des points, et donc de diminuer le niveau des pensions. »[iii]
François Fillon
On aura d’autant plus de mal à croire les chantres du « système par points » que la question des retraites est un non-problème comme le démontre très bien Gilles Raveaud, maître de conférences en économie à l’Université Paris 8. Invité sur BFM – rappelons-le : chaîne non-complotiste pour le pouvoir macronien – le 25 novembre dernier, ce dernier démontra l’énorme supercherie de la « dette des retraites » :
« Ce qui me pose un énorme problème actuellement, et c’est ce quelque chose qui m’obsède en fait, c’est le problème de la connaissance. Ce qui est très impressionnant aujourd’hui, c’est que, évidemment par rapport à l’époque où j’ai commencé mes études d’économie, on a un accès aux données, aux statistiques, qui est absolument sidérant. Et pourtant il y a des données de base sur l’ensemble des problèmes qui ne sont pas connues.
Sur les retraites, il se trouve que c’est un sujet où l’action publique a agi. Il y a quelqu’un que tout le monde a oublié effectivement, qui s’appelle Lionel Jospin, qui avait mis en place un fonds de réserve pour les retraites : ce fonds de réserve, il est doté de plus de 30 milliards. D’autre part, les systèmes de retraites complémentaires ont eux aussi des fonds de réserve ; et le président du Conseil d’orientation des retraites, qui est sensée être la personne qui connaît le mieux l’état des retraites en France, nous dit : ces fonds de réserve, leur total c’est 116 milliards d’euros. Donc au bas mot, on a 150 milliards de réserve pour les retraites.
Qui se souvient de la Cades ? [Caisse d’amortissement de la dette sociale] […] La Cades aura fini effectivement de rembourser la dette de la Sécu en 2024 et dégagera au minimum encore 24 milliards. Le président de la Cades, Jean-Louis Rey, déclare : « Aucun gouvernement n’a eu à arbitrer une telle manne ».
Donc ce que ça veut dire, c’est qu’en fait, et donc c’est là que c’est quand même sidérant, je suis désolé de décevoir tout le monde, mais en fait il n’y a pas de problème de financement des retraites. Et je pourrais continuer longtemps comme ça en expliquant, qu’avec une politique d’emplois un peu moins débile, en créant des emplois et en augmentant les salaires, on finance les retraites mais hyper large. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu plein de réformes des retraites, et qu’en fait les gens qui arrivent à la retraite aujourd’hui le constatent : les retraites ont vachement baissé.
Et en fait le vrai problème des retraites, c’est la pauvreté des vieux, qui va arriver de manière évidente dans les prochaines années, qui n’est pas du tout massive aujourd’hui, qui est la plus grande réussite de l’histoire sociale de la France. Parce qu’avant quand on était vieux, soit on avait du patrimoine, soit on était pauvre, et la grande majorité des gens était pauvre ; la première réussite de notre système social, c’est qu’on a un taux de pauvreté parmi les vieux qui est effectivement un des plus bas du monde et un des plus bas de l’histoire évidemment. »[iv]
Défendre et amplifier l’héritage du Conseil national de la Résistance !
Bien évidemment, Macron, Philippe et Delevoye ne peuvent avouer qu’ils satisfont les desiderata de l’UE et du MEDEF, poursuivant le projet de destruction du programme du CNR mis en place à la Libération notamment par les ministres communistes Maurice Thorez, Marcel Paul et Ambroise Croizat en tête (quand ces derniers instaurèrent la Sécurité sociale, les retraites par répartition ou encore le statut de la fonction publique), projet de destruction clairement explicité par l’ancien numéro 2 du MEDEF Denis Kessler en octobre 2007 :
« Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »[v]
Voilà pourquoi face aux mensonges et à la désinformation, et face au projet de mise à mort du « modèle social français » (au demeurant imparfait sur plusieurs aspects), il est plus que jamais indispensable de se rassembler et de combattre TOUS ENSEMBLE EN MÊME TEMPS, comme ne cessent de le répéter le PRCF et les JRCF, la contre-« réforme » des retraites[vi], projet réactionnaire visant une nouvelle fois à détruire un élément central de l’actuel principe de solidarité entre travailleurs. Et ce tout en envisageant au contraire, par exemple, une généralisation des cotisations sociales, et principalement patronales, ce salaire socialisé qui est au cœur du système de la Sécurité sociale.
« La régression sociale ne se négocie pas, elle se combat ! ».
H Krasucki – secrétaire général de la CGT
Plus que jamais, soyons fidèles aux paroles de l’ancien secrétaire général de la CGT Henri Krasucki, et combattons Macron, le MEDEF et le capitalisme euro-atlantique promu par Merkel, Lagarde (désormais à la tête de la Banque centrale européenne) et von der Leyen (la toute nouvelle présidente de la Commission européenne) Merkel, mais aussi le prétendu « Rassemblement national » euro-compatible, anticommuniste et antinational, les faux « Républicains » et « Patriotes », la « mondialisation heureuse » (OMC, FMI et ALE) chantée par le MEDEF, et bien entendu la mortifère UE appuyée par une fausse gauche eurobéate et en réalité social-libérale. Et ce afin de conduire la République sociale, démocratique, laïque, souveraine, une et indivisible, la France et tous les travailleurs vers de nouveaux « Jours heureux ».
Plus que jamais, et sans jamais perdre de vue l’objectif majeur de sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et du capitalisme, unité de tous les travailleurs et de toutes les luttes dans la rue à partir du 5 décembre. Car ce n’est que TOUS ENSEMBLE EN MÊME TEMPS que NOUS VAINCRONS !
[i] Voir le lien suivant : https://www.marianne.net/politique/jean-paul-delevoye-ministre-des-retraites-bienvenue-en-2003
[ii] Voir le lien suivant : https://www.touteleurope.eu/actualite/retraites-la-reforme-du-systeme-francais-encouragee-par-l-union-europeenne.html
[iii] Voir le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=GN2OfDTCARE
[iv] Voir le lien suivant à partir de 6’07 : https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/les-experts-retraites-le-5-decembre-est-il-evitable-2511-1204049.html Le début de la vidéo est aussi à écouter…
[v] Voir le lien suivant : https://blogs.mediapart.fr/republicain/blog/191211/denis-kessler-il-sagit-de-defaire-methodiquement-le-programme-du-cnr
[vi] Voir le lien suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/luttes/retrait-de-la-contre-reforme-des-retraites-macron-demission-tract-5dec-greve5decembre/
Le problème c’est que la CGT ne se refere plus au programme du CNR qui prevoyait de créer un systeme unique et universel avec l’intégration dans le regime general de tous les regimes existants avec un alignement progressif sur les regimes les plus avantageux ( loi du 22 mai 1946 ) …la CGT s’ accroche frileusement au système actuel et ses 42 regimes dont 26 de non salaries qui ont torpillé le programme du CNR en refusant d intégrer le regime general …la position de la CGT ne favorise pas le tous ensemble et au contraire encourage le corporatisme et les luttes catégoriels ou chacun défend son regime , son pre carre , cette stratégie mortifère fait le jeu de MACRON …pour construire le tous ensemble il faut proposer des objectifs communs et donc des revendications communes …le programme du CNR avec son système unique de haut niveau re´pond a ces objectifs …il est donc lamentable que la CGT héritière du CNR fasse un autre choix …