La conscience de la convergence objective des luttes de classes et du combat écologiste authentique, évidente depuis longtemps dans les pays (néo-)colonisés dont les terres et ressources naturelles sont pillées à un rythme effréné par l’impérialisme, progresse en France ces derniers temps, comme l’a illustré la montée en puissance des arguments écologiques dans le grand mouvement de grève cheminote de 2018, et les mobilisations qui l’ont suivi, mais aussi les rapprochements entre gilets jaunes, marches pour le climat et syndicalistes, au grand dam de l’idéologie dominante qui voudrait n’y voir respectivement que des beaufs, des bobos et des bureaucrates que tout oppose.
Faisant mentir leurs détracteurs les présentant comme les tenants conservateurs d’un « productivisme » pollueur, les syndicalistes sont de plus en plus nombreux à s’approprier les enjeux environnementaux sur la base de la défense de leur outil de travail (les délocalisations sont les premières responsables de l’explosion des transports polluants au niveau mondial) et d’une analyse de classe. Ainsi, dans une prise de position récente (http://websyndicats.vjf.cnrs.fr/sntrscgt/spip.php?article2781), le Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique (SNTRS-CGT), affirme l’importance du combat écologique à la fois pour des motifs scientifiques et de classe ; tout en soulignant le rôle de la science, il pointe le caractère avant tout politique du problème. Au demeurant, même quand les résultats scientifiques (que la bourgeoisie se plaît à convoquer quand elle parvient à les distordre pour justifier ses choix de classe…) sont tout à fait incontestables, nos gouvernants ne font plus semblant de s’inquiéter de l’avenir de la planète et invoquent, autoritaires, le sinistre TINA (il n’y a pas d’alternative… dans la langue de l’impérialisme dominant, bien sûr) thatchérien. Ainsi en est-il des pesticides de la classe des SDHI, dont des scientifiques de renommée mondiale ont montré la toxicité importante : si le SNTRS-CGT en demande la suspension immédiate (http://websyndicats.vjf.cnrs.fr/sntrscgt/spip.php?article2772), ainsi qu’une pétition (https://info.pollinis.org/stopsdhi/) initiée par des défenseurs des abeilles, dont il est démontré que l’effondrement catastrophique des populations en à peine quelques décennies est dû pour l’essentiel à l’invasion de l’agriculture par les insecticides préférés aux méthodes de lutte contre les ravageurs de culture respectueuses des écosystèmes (sauf à Cuba… où les populations d’abeilles se portent bien et où le miel est devenu un produit d’exportation important), on peut douter qu’il sera facile de faire plier l’Union Européenne, grande promotrice continentale de l’agriculture intensive écocidaire (et destructrice pour les petits exploitants), Macron ou leur fidèle allié, le syndicat agricole patronal qu’est la FNSEA.
En matière de transports, la convergence de l’exterminisme environnemental qui fait étouffer le monde sous les fumées des camions et automobiles et de choix de classe pour marginaliser les chemins de fer, aux travailleurs trop rouges, sont encore plus manifestes. Dans la foulée des commémorations indécentes de la chute du mur de Berlin par l’idéologie dominante, le quotidien La Croix, peu suspect de sympathie pour la RDA, s’est intéressé aux conséquences de la prétendue « réunification » en matière de transport ferroviaire (https://www.la-croix.com/Economie/Monde/En-Allemagne-lignes-ferroviaires-rouvert-2019-10-25-1201056494). Tout en présentant la « réforme » ferroviaire allemande de 1994 comme un succès, notamment environnemental, avec des réouvertures de lignes régionales à l’ouest de l’Allemagne, il note que celle-ci s’est traduite par des fermetures massives de lignes dans l’ex-RDA, dont l’ampleur dépasse très largement lesdites réouvertures. Si les présupposés idéologiques de l’article l’empêchent d’en tirer des conclusions sur le bilan environnemental de l’annexion de la RDA, où le chemin de fer était le mode de transport dominant, comme dans les autres pays socialistes, les lecteurs d’Initiative Communiste pourront le faire eux-mêmes. D’ailleurs, dans leur entre-soi heureusement révélé par certains observateurs critiques, les tenants du grand capital ne se privent pas de dire crûment la vérité, à savoir qu’ils ne cherchent nullement à limiter la place des camions et voitures particulières au profit du seul moyen de transport motorisé réellement écologique (et aussi le plus sûr), le rail, bien au contraire. Ainsi, un site internet écologiste note (http://carfree.fr/index.php/2019/12/04/bruno-le-maire-contre-les-mechants-communistes/) les récents propos du ministre Le Maire devant les patrons de l’industrie automobile : « J’aime la voiture, j’adore la voiture (…) La voiture, c’est la liberté et tous ceux qui la condamnent devraient se souvenir de ce qu’était l’Union Soviétique (…) La voiture c’est la France (…) c’est notre culture. » (à titre de comparaison, pour rappel, le non-regretté président de la SNCF Pépy avait publiquement déclaré ne pas avoir de passion pour le chemin de fer, et vouloir faire préférer le bus au train sur certains trajets…). Oui, le socialisme, c’est la priorité au chemin de fer quand le capitalisme – particulièrement dans sa forme ultra-réactionnaire portée par une U.E. et un Macron de plus en plus fascisants – c’est le tout-voiture et le tout-camion, quitte à ce que la planète en crève… La fédération CGT des cheminots mobilise d’ailleurs (https://www.cheminotcgt.fr/wp-content/uploads/2019/11/20191118_APPEL_5122019_petition.pdf) depuis le 5 décembre non seulement pour les retraites, mais aussi pour la sauvegarde et un plan de développement global du service public ferroviaire, indispensables pour l’écologie comme pour les cheminots et l’ensemble du monde du travail. Une position partagée par l’association d’usagers Convergence Nationale Rail, qui soutient la lutte de ce mois de décembre (http://www.convergence-nationale-rail.fr/2019/12/la-convergence-nationale-rail-solidaire-des-mobilisations-pour-le-service-public-et-la-defense-des-conquetes-du-conseil-national-de), notant que la réponse à l’urgence écologique est indissociable de la lutte contre le démantèlement des conquêtes du Conseil National de la Résistance.
Ce mois de décembre marque d’ores et déjà un accroissement considérable du niveau et de la convergence des luttes[1], mobilisons-nous jusqu’à la victoire, nous ne laisserons pas les euro-réformistes « verts » dévoyer le combat écologiste et le stériliser en l’isolant du combat de classe.
Adrien Delaplace pour www.initiative-communiste.fr
[1] Voir aussi l’article du quotidien électronique écologiste Reporterre : La réforme des retraites aggraverait la crise écologique https://reporterre.net/la-reforme-des-retraites-aggraverait-la-crise-ecologique.